Cas, événements et personnes célèbres
Cette page contient les cas, événements et individus importants qui ont façonnés l'histoire de la Gendarmerie royale du Canada.
Cas célèbres
Bill Miner
William A. Miner est un « bandit gentilhomme » rusé et célèbre qui a constamment réussi à échapper à la police aux États-Unis et au Canada. Le 10 septembre 1904, Miner et deux de ses complices, par la suite identifiés comme étant William « Shorty » Dunn et Louis Colquhoun, commettent le premier vol de train au Canada. Ils dérobent 7 000 $ d'un wagon du Canadien Pacifique (CP) près de Mission, en Colombie-Britannique (C.-B.). N'ayant pas été appréhendés, les bandits réussissent à commettre un deuxième vol dans un wagon du CP près de Kamloops le 8 mai 1906. Le 11 mai, une équipe de policiers de la Royale Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest parvient à épingler les voleurs alors qu'ils mangent tranquillement. Dunn ouvre le feu, mais les policiers viennent à bout de coincer les trois hommes. Dunn est blessé à la jambe, et les bandits sont ramenés à Kamloops pour subir leur procès. Bill Miner est condamné à 25 ans de prison au pénitencier de New Westminster. En août 1907, il s'évade et s'enfuit aux États-Unis.
Après avoir mené une vie de criminel pendant 48 ans, dont 35 ans en prison, Bill Miner meurt de cause naturelle le 2 septembre 1913 à l'âge de 67 ans. Pour avoir réussi à capturer ce bandit renommé, la Police montée s'est fait un nom dans l'Ouest et a gagné l'estime de la population de la C.-B. Les attaques audacieuses de Bill Miner contre les trains du CP ont fait de lui un héros populaire aux yeux de bien des Canadiens de l'Ouest. Le film canadien primé, The Grey Fox, s'inspire de sa carrière au Canada.
Le Trappeur fou
En juillet 1931, à Fort McPherson, le gendarme Edgar Millen de la GRC rencontre un homme qui prétend se nommer Albert Johnson et qui affirme avoir passé l'année précédente dans les Prairies et vouloir vivre de façon solitaire. L'année suivante, Millen apprend que Johnson, bien que d'ordinaire de nature renfrognée, est particulièrement désagréable avec les autochtones Loucheux, qui l'évitent parce qu'il les menace et les terrorise. Lorsqu'ils se plaignent que Johnson touche à leurs pièges, Millen envoie les gendarmes Alfred « Buns » King et Joseph Bernard pour faire enquête.
Ils arrivent à la cabane de Johnson près d'une semaine plus tard. Devant le refus de Johnson de leur ouvrir, ils se rendent au poste Aklavik afin d'obtenir du renfort et un mandat de perquisition. Le 31 décembre 1931, munis d'un mandat et accompagnés des gendarmes Lazarus Sittichiulis et Robert McDowell, ils retournent à la cabane où ils sont accueillis par des coups de feu. Le gendarme King est grièvement blessé et le groupe rebrousse chemin. Le 9 janvier 1932, les gendarmes McDowell, Sittichiulis, Millen et Bernard rappliquent en compagnie de l'inspecteur Alexander Eames, des trappeurs Karl Garlund, Knud Lang et Earnest Sutherland, de 42 chiens et de 20 livres de dynamite. Il s'en suit un siège de 15 heures sans que Johnson ne se rende. Les hommes rentrent à leur poste pour se réapprovisionner. Le 16 janvier, 21 hommes, dont 11 Loucheux, retournent à la cabane, mais Johnson a pris la fuite, probablement en direction de la frontière de l'Alaska. Avec suffisamment de nourriture pour neuf jours, Millen, Riddell (un soldat) et deux trappeurs se lancent à la poursuite de l'insaisissable Johnson.
Le 30 janvier, le groupe retrouve Johnson, qui tue le gendarme Millen. Cela ne fait que renforcer la détermination de la Gendarmerie à capturer le fugitif. Avec l'aide d'un jeune pilote expérimenté, Wilfred « Wop » May, la GRC utilise pour la première fois de son histoire un avion pour tenter de retrouver un criminel. Le 3 février, l'équipe part à la recherche du trappeur Albert Johnson. La dernière fusillade entre la GRC et lui a lieu le 17 février 1932; le sergent d'état-major H. F. Hersey du Corps royal canadien des transmissions est blessé et Johnson est tué. Les criminels n'échappent pas à la Police montée.
On a trouvé sur Johnson 32 pilules pour les reins, 2 410 $ en gros billets (en dollars canadiens et américains d'une valeur d'environ 60 000 $ aujourd'hui) et deux bocaux en verre, un qui contenait cinq perles et l'autre, sept dents en or. Johnson avait également en sa possession une carabine Winchester de calibre .22, un modèle 99 Savage, une carabine de calibre .30-30, 39 douilles de calibre .30-30, 84 douilles de calibre .22 et quatre cartouches de fusil de chasse.
Qui était ce « trappeur fou de Rat River »? À ce jour, personne n'a pu prouver qui était véritablement Albert Johnson, ni pourquoi il avait agi ainsi. De nombreux chercheurs ont tenté de résoudre l'énigme, en particulier Dick North, qui a écrit plusieurs livres sur le sujet. Sans même connaître l'identité de cet homme, la GRC, avec l'aide de la première équipe de recherche aérienne, a réussi à le retrouver.
Événements intéressants
La Marche vers l'Ouest
La Police à cheval du Nord-Ouest a été créée en 1873 après que le premier ministre Sir John A. MacDonald a déclaré qu'il fallait assurer une présence policière forte dans les Prairies canadiennes. Cette présence policière allait servir à affirmer la souveraineté du Canada à l'Ouest, à améliorer les relations avec les Premières nations et à mettre un terme au trafic de whiskey qui y était fort répandu. Les premières recrues, originaires de divers endroits au pays et regroupés en six divisions, se sont rassemblés à Fort Dufferin, au Manitoba.
Le 8 juillet 1874, cet effectif de moins de 300 hommes est parti vers l'ouest et a parcouru 1 500 kilomètres sur une période de trois mois. Après avoir surmonté de nombreuses difficultés, ils sont arrivés à destination, dans un territoire qui forme aujourd'hui l'Alberta, où ils ont établi un camp et fondé Fort Macleod. Dans les mois suivants, la contrebande de whiskey a été enrayée et la criminalité a considérablement diminué. En 1875, la police avait érigé des postes supplémentaires à Fort Saskatchewan, à Fort Calgary et à Fort Walsh. Le maintien de l'ordre public a été fermement établi à la frontière occidentale du Canada, d'une façon beaucoup plus pacifique qu'aux États-Unis.
La patrouille perdue
De 1904 à 1921, la Royale Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest effectue chaque année une patrouille de Dawson, au Yukon à Fort McPherson, dans les Territoires du Nord-Ouest, soit une distance d'environ 620 miles, pour aller livrer du courrier et des dépêches. En décembre 1910, le commissaire de la Gendarmerie, Aylesworth Bowen Perry, demande que la patrouille parte de Fort McPherson plutôt que de Dawson. L'inspecteur Francis Joseph Fitzgerald dirige la patrouille et est accompagné des gendarmes Richard O'Hara Taylor et George Francis Kinney et de leur guide, le gendarme spécial Sam Carter. Les quatre hommes quittent McPherson le 21 décembre 1910, mais ne sont jamais arrivés à destination. La troupe est par la suite surnommée la « patrouille perdue ».
Fitzgerald et ses hommes quittent Fort McPherson avec 15 chiens, trois traîneaux et suffisamment de nourriture pour 30 jours. Les hommes ne se sont jamais demandé s'ils parviendraient ou non à destination. Après avoir réussi la première étape de leur traversée, ils engagent l'autochtone Esau George afin de les guider pour la prochaine partie du voyage. À la fin de sa partie du trajet, George est remercié de ses services par Fitzgerald qui s'en remet à Carter pour les mener à bon port. Malheureusement, Carter n'avait participé qu'à une seule patrouille, effectuée dans l'autre direction, et s'avéra rapidement un mauvais guide. Le 12 janvier 1911, la patrouille est perdue, Carter n'ayant pas réussi à trouver le ruisseau Forrest Creek qui les aurait amenés à Dawson. L'équipe a longé plusieurs cours d'eau sans parvenir à trouver le bon. À un moment où il ne leur reste de la nourriture que pour quatre jours, Fitzgerald note dans son journal : « Mon dernier espoir s'est envolé… Je n'aurais pas dû croire Carter lorsqu'il a affirmé connaître le chemin depuis la rivière Little Wind. » Le lendemain, la patrouille rebrousse chemin dans l'espoir de retrouver Fort McPherson.
Le retour à McPherson s'avère difficile. Affaiblis par le manque de nourriture et épuisés, les hommes ne parviennent à marcher que quelques miles par jour et sont parfois incapables de se déplacer en raison des mauvaises conditions météorologiques. Affamés, gelés et malades, ils poursuivent toutefois leur chemin. Entre le 19 janvier et le 5 février, ils tuent dix des chiens pour se nourrir. Le 5 février 1911, au 47e jour de cette patrouille fatale, l'inspecteur Fitzgerald écrit pour la dernière fois dans son journal.
À Dawson, on constate que la patrouille de Fitzgerald a plus d'un mois de retard. C'est avec anxiété qu'on envoie une patrouille de relève pour trouver les hommes. Le caporal William John Dempster est accompagné de l'ex-gendarme Frederick Turner, du gendarme Jerry Fyfe et de Charles Stewart, un métis de Fort McPherson. Ils quittent Dawson le 28 février 1911. Le 21 mars, ils trouvent la patrouille perdue, qui semblait être sur le chemin du retour vers Fort McPherson. Kinney et Taylor gisent côte à côte dans un campement ouvert; Kinney était mort de faim alors que Taylor s'était tiré une balle dans la tête. Le jour suivant, on trouve Fitzgerald et Carter. Ils avaient laissé les deux autres pour aller chercher de l'aide, mais avaient finalement succombé au froid et à la faim, à seulement 40 km de Fort McPherson.
Pourquoi cette patrouille a-t-elle connu une fin tragique? Il n'y a pas de réponse simple, car plusieurs facteurs étaient en cause. Même si Carter avait effectué le voyage une fois et avait convaincu Fitzgerald, et lui-même, qu'il était compétent, il ne connaissait pas le trajet menant de Fort McPherson à Dawson. Après s'être perdue, la patrouille avait passé beaucoup de temps à tenter de trouver le bon cours d'eau qu'il lui fallait suivre. Avec des températures oscillant entre - 45 et - 62 degrés Fahrenheit cet hiver-là, de la nourriture en quantité limitée et de faible valeur nutritive, la patrouille était vouée à l'échec. Avant qu'on ne se rende compte de son retard à Dawson et qu'une équipe de recherche soit envoyée, il était trop tard.
Des patrouilles annuelles ont tout de même été effectuées jusqu'en 1921, mais en raison de la tragédie de 1910-1911, des mesures ont été prises pour s'assurer que cette situation ne se reproduise jamais. Ainsi, on engageait toujours un guide autochtone. On aménagea le long du sentier des abris et des cabanes qu'on approvisionna régulièrement en nourriture pour parer aux imprévus. Plus important, on installa une pancarte pour marquer l'emplacement exact du ruisseau Forrest Creek. Ces mesures ont porté fruit.
Les quatre hommes ont été enterrés à Fort McPherson le 28 mars 1911. En 1938, les tombes ont été recouvertes d'une dalle de ciment pour former une seule grande tombe et des piliers de ciment reliés par une chaîne ont été installés aux quatre coins. Un monument commémoratif a été érigé au centre en l'honneur de la patrouille de 1910 de la Police à cheval du Nord-Ouest.
La GRC à Hollywood
Le gendarme en tunique rouge est sans aucun doute l'une des figures emblématiques du Canada les plus reconnues qui a connu son heure de gloire au cinéma. Dans les années 1920, 1930 et 1940, plusieurs films produits à Hollywood mettaient en vedette des gendarmes. À cette époque, les réalisateurs d'Hollywood prenaient beaucoup de liberté et présentaient parfois les gendarmes se conduisant de façon non professionnelle. Par exemple, le film « Tyrant Fear » de 1919 montre un membre de la GRC en uniforme en train de boire dans une maison de prostitution. La GRC et la province de l'Ontario ont porté plainte et le film a été retiré des écrans canadiens.
Pour empêcher qu'on présente une fausse image d'elle, la GRC a souvent fourni aux équipes de réalisation les services de conseillers techniques. On engageait ces conseillers pour s'assurer que les costumes, les personnages et les intrigues représentaient fidèlement la GRC. Cependant, certains réalisateurs ne tenaient pas compte des conseils des experts, préférant laisser libre cours à leur imagination.
L'adage selon lequel la Gendarmerie ramène toujours son homme est souvent considéré comme une invention hollywoodienne. Étonnamment, cette phrase apparaît dans un article du Record de Fort Benton (Montana) publié en avril 1877 :
« Grâce à la vigilance du major Irvine et à l'énergie du capitaine Winder, de la Police à cheval du Nord-Ouest, une nouvelle tentative de contrebande de whiskey a échoué. Trois hommes ont été arrêtés, jugés, déclarés coupables et condamnés à une amende de cinq cents dollars chacun ou à une peine d'emprisonnement de six mois. Ils ont opté pour la première solution. Des chevaux ont dû être sacrifiés pour parvenir à cette arrestation, mais la police montée est plus habile que des limiers lorsqu'elle flaire la trace d'un trafiquant, et elle attrape son homme chaque fois. » [Traduction libre]
C'est là la première occurrence d'une phrase qu'Hollywood allait plus tard rendre célèbre. Fait intéressant, on confonde souvent cet adage avec « Maintiens le droit », la devise officielle de la GRC.
Personnes importantes
Sam Steele
Sam Steele est probablement le membre le plus connu de la Police à cheval du Nord-Ouest (PCN-O). Il doit sa célébrité au rôle prépondérant qu'il a joué dans l'établissement de la PCN-O dans l'Ouest canadien.
Né le 5 janvier 1849 à Purbrook, près d'Orillia, en Ontario, Samuel Benfield Steele vient d'une famille militaire. Il fréquente la Royal Military School à Toronto, il est sergent dans la Milice canadienne, puis membre de la 1st Ontario Rifles. En 1873, il se joint à la PCN-O comme sergent-major de troupe et il est l'un des membres à diriger les recrues de la PCN-O lors de la Marche vers l'Ouest de 1874.
Dans les années 1880, pendant la construction du chemin de fer du Canadien Pacifique à travers les Prairies jusqu'à la côte du Pacifique, Sam Steele se voit confier la tâche fort difficile de maintenir l'ordre le long du chemin de fer. Ensuite, durant la Rébellion de 1885, il forme l'Alberta Field Force et dirige une bonne partie des membres de la PCN-O qui réussissent à mettre fin aux émeutes.
En 1887, Steele est promu surintendant et chargé d'aller rétablir l'ordre à Kootenay, où il y a beaucoup de problèmes en raison des tensions entre les Autochtones et les Blancs. Ensuite, on l'envoie dans le district de Macleod où, en plus des conflits entre Autochtones et Blancs, il y a aussi un taux de criminalité élevé compte tenu de la présence de voleurs de bétail et de chevaux, de hors-la-loi et de contrebandiers. En 1898, alors que des milliers de personnes convergent vers le nord du Yukon pour y trouver de l'or, on le dépêche sur ce territoire pour y diriger les forces de l'ordre. À la fois policier, magistrat et contrôleur des rations, il sert en ces temps difficiles les gens qui cherchent à faire fortune sans être préparés aux conditions climatiques.
En 1900, un an après le déclenchement de la Guerre d'Afrique du Sud, Steele est chargé d'organiser et de former le groupe de fusiliers montés nommé Lord Strathcona's Horse. Plus tard la même année, il quitte le Canada pour l'Afrique du Sud, où il joue un rôle déterminant dans la création de la South African Constabulary.
Il est facile de comprendre pourquoi le nom Sam Steele est si bien connu de nos jours. Il a marqué non seulement l'histoire de la PCN-O, mais aussi celle du Canada. Il est décédé à Londres, en Angleterre, en 1919.
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