Parlez-nous de votre expérience en tant que membre de la communauté LGBTQ+ à la GRC
Brendan Harkness
Membre régulier travaillant à Vancouver (Colombie-Britannique). Brendan est une personne cisgenre qui s'identifie comme gai. Il est récemment revenu d'un détachement en Ukraine où, entre autres fonctions, il a élaboré une formation sur la diversité et l'inclusion pour les cadres du service de police ukrainien.
- Parlez-nous du travail que vous faites en Ukraine.
-
En 2019, au nom du gouvernement fédéral du Canada, j'ai été détaché auprès de la mission de conseil aux forces de sécurité intérieures ukrainiennes. La mission a été créée en 2014, après la révolution de la Dignité, qui s'est terminée lorsque le peuple ukrainien a chassé son président et renversé son gouvernement. Elle compte environ 200 employés répartis dans quatre régions du pays.
En Ukraine, le service de police national est responsable de tous les services de police. Le gouvernement ukrainien essaie d'adopter les valeurs occidentales pour que le pays puisse se joindre à l'Union européenne. J'ai fourni des conseils d'expert sur les services de police en général, comme le recours à la force, la répartition et autres sujets opérationnels. J'ai également commencé à élaborer une formation sur la diversité et l'inclusion pour les cadres du service de police ukrainien. En collaboration avec la mission de surveillance en matière de droits de l'homme des Nations Unies en Ukraine, j'ai dispensé une formation sur la diversité et l'inclusion spécifiques aux membres de la communauté LGBTQ2. En Ukraine, on dit seulement LGBT, le reste de l'acronyme ne fait pas partie de leur vocabulaire.
- La formation a-t-elle été bien reçue?
-
Elle a donné lieu à une conversation productive, mais la diversité des genres est un sujet litigieux en Ukraine, difficile à aborder. Leurs valeurs religieuses et familiales sont semblables à celles que nous avions au Canada il y a 30 ans, alors même s'il n'est pas illégal d'être gai, l'opposition est toujours forte. Les bouleversements politiques constants au pays ont rendu la population coriace, y compris les membres de la communauté nationale LGBTQ2; ils ont beaucoup de courage. Par rapport à nous, les membres de la communauté LGBTQ2 ukrainienne font face à de plus grands défis. Lorsque votre pays est fréquemment menacé d'invasion militaire, vous avez d'autres soucis que l'acceptation au travail.
Elle a donné lieu à une conversation productive, mais la diversité des genres est un sujet litigieux en Ukraine, difficile à aborder. Leurs valeurs religieuses et familiales sont semblables à celles que nous avions au Canada il y a 30 ans, alors même s'il n'est pas illégal d'être gai, l'opposition est toujours forte. Les bouleversements politiques constants au pays ont rendu la population coriace, y compris les membres de la communauté nationale LGBTQ2; ils ont beaucoup de courage. Par rapport à nous, les membres de la communauté LGBTQ2 ukrainienne font face à de plus grands défis. Lorsque votre pays est fréquemment menacé d'invasion militaire, vous avez d'autres soucis que l'acceptation au travail.
- En tant qu'employé de la GRC, quelle a été votre expérience à titre de membre de la communauté diversifiée sur le plan du genre?
-
C'est un peu la situation de la poule et de l'œuf. Pour en arriver à travailler sur les politiques de diversité des sexes, j'ai d'abord dû établir ma crédibilité en tant que policier. C'est la raison pour laquelle je me suis enrôlé en 2008, et c'est ce sur quoi je me suis concentré au début de ma carrière. Faire partie de la communauté LGBTQ2 au sein de la GRC n'a pas toujours été agréable, mais je n'ai jamais vraiment eu à faire directement face à des personnes haineuses à mon égard. En général, je dirais que mon expérience a été positive en raison de mes perspectives et de ma volonté de faire le travail. Si vous êtes prêt à travailler fort et à faire vos preuves, votre expérience sera bonne.
- Quelle est l'importance de l'alliance?
-
Les alliés sont extrêmement importants, ils créent des changements significatifs et aident à promouvoir la diversité. Ce sont les défenseurs qui retournent chez eux et au travail pour influencer les gens qui ne font pas partie de la communauté LGBTQ2.
Laissez-moi vous donner un exemple. Il y a quelques années, je devais prendre la parole à une conférence sur la diversité à Toronto, et l'un de mes collègues m.r. m'a demandé s'il pouvait y assister. Il est hétérosexuel et c'est le genre de personne qu'on penserait ne jamais voir assister à un événement comme celui-là. Il voulait y aller parce qu'il était un allié. Pendant l'une des séances de questions et réponses, il a dit quelque chose de très important. Il s'est levé et a déclaré qu'il avait passé deux jours à essayer de connaître les gens, à poser des questions pour comprendre des choses comme les pronoms. Il voulait pouvoir retourner voir ses collègues et les aider à faire la lumière sur des sujets difficiles. Il a dit que beaucoup de ses questions avaient suscité de la résistance et de la colère. Certaines personnes voulaient lui donner l'impression qu'il faisait quelque chose de mal rien qu'en posant des questions. Même s'il avait assisté à la conférence en tant qu'allié, il a constaté que beaucoup de gens ne voulaient pas lui parler. Ce qu'il disait, c'est que lorsqu'une personne pose une question parce qu'elle veut vraiment comprendre, elle ne devrait pas être attaquée. Les alliés veulent aider. Nous devrions essayer de répondre à cette offre avec ouverture et coopération.
Une alliance met à l'avant-plan les réalités de l'apprentissage de la connaissance mutuelle au travail. Il y a de nombreuses questions intimes à prendre en considération, par exemple, comment devrais-je m'adresser au nouvel employé transgenre qui se déshabille à côté de moi dans le vestiaire? Les alliés convainquent les autres d'être plus ouverts d'esprit et je pense qu'ils sont sous-estimés. À l'avenir, si je devais envoyer un groupe de personnes à une conférence sur la diversité, j'enverrais plus d'alliés que de membres de la communauté LGBTQ2.
- Croyez-vous qu'il est important que la GRC offre des formations de sensibilisation à la communauté LGBTQ2?
-
Oui, pour des raisons opérationnelles évidentes, la formation de sensibilisation à la communauté LGBTQ2 est importante parce que les agents de la GRC traitent avec des membres de toutes les communautés, chacune ayant ses propres nuances. Ce qui est tout aussi important, c'est de faire ressortir nos milieux de travail déjà diversifiés et inclusifs. Cela fait partie du processus d'évolution de la GRC.
Dans nos détachements, particulièrement les plus petits, quiconque dirige le détachement a le pouvoir de créer un milieu de travail extraordinaire. Dans les livres, toutes les politiques de la GRC sont inclusives. Vous avez le droit de travailler dans n'importe quel détachement et d'être transgenre, de porter un hidjab ou une barbe, peu importe. Vos collègues et vos commandants ne peuvent pas vous juger. Nos politiques sont peut-être protectrices et inclusives, mais la façon dont ces messages sont transmis au niveau du détachement peut être différente de la politique, et c'est ce qui a le plus d'impact. En tant que service de police national, la GRC est au sommet de l'inclusivité, il s'agit simplement de mettre tout cela en pratique. Notre objectif devrait être d'encourager les gens à être eux-mêmes, pas seulement de créer des politiques sur la diversité.
- Que signifie l'acronyme LGBTQ2 pour vous?
-
Si vous m'aviez posé la question avant que je me rende en Ukraine, j'aurais dit que l'acronyme représente certaines personnes dans notre société. Je le dis encore, mais je pense que l'acronyme représente un sujet plus vaste, soit le concept de création de milieux de travail vraiment diversifiés et inclusifs.
J'ai créé un projet visant à apposer un autocollant Fierté sur la porte d'entrée de chaque détachement de la GRC en Colombie-Britannique. Les autocollants ne signifient pas seulement que des personnes de la communauté LGBTQ2 travaillent dans nos détachements, ils signifient aussi que ces personnes et toutes les autres sont les bienvenues. Vous savez que vous pouvez entrer et que quelqu'un vous appuiera, que vous fassiez partie de la communauté LGBTQ2 ou que vous vous y opposiez. En principe, toutes les politiques de la GRC sont inclusives, mais je pense que nous avons encore du travail à faire pour créer des milieux de travail légitimement inclusifs où tout le monde a le sentiment de pouvoir contribuer.
Robyn Keon
Membre régulière de New Market, en Ontario, s'identifie comme une personne lesbienne.
- En tant qu'employée de la GRC, quelle a été votre expérience à titre de membre de la communauté diversifiée sur le plan du genre ?
-
Jusqu'à présent, mon expérience a été excellente. Je me suis jointe à la GRC il y a cinq ans et c'est le premier milieu de travail où j'ai pu me sentir tout à fait à l'aise dès le début. Depuis le jour où j'ai fait ma demande jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas eu de répercussions négatives. Dans les équipes dont j'ai fait partie, nous nous sommes concentrés sur notre travail. Mon homosexualité n'est pas un facteur parce que cela n'a rien à voir avec la façon dont je fais mon travail. Tout semble normal, ce qui est formidable.
En tant policière, je pense qu'il est important que je sois à l'aise avec qui je suis en raison des différents groupes de personnes avec lesquels je traite. Je fais partie de nombreuses communautés différentes. C'est vrai, je suis lesbienne, mais ce n'est qu'une partie de mon identité. Surtout dans le climat actuel, je pense que nous devons montrer aux gens que les policiers ne sont pas seulement ceux que les médias dépeignent.
- Quelle est l'importance de l'alliance ?
-
La GRC est le premier milieu de travail où je me sens à l'aise d'être entièrement moi-même. Le fait de savoir que je n'ai pas à faire attention lorsque je parle de ma famille enlève un poids énorme de mes épaules. Les alliés sont un élément essentiel de cette ouverture parce qu'ils vous acceptent comme vous êtes. Ils vous laissent l'espace nécessaire pour être vous-même.
- Croyez-vous qu'il est important que la GRC offre des formations de sensibilisation à la communauté LGBTQ2 ?
-
Oui, bien sûr, il est important que la GRC offre ce genre de formation. C'est effrayant de ne pas comprendre des choses en dehors de sa propre expérience. L'éducation nous permet de contrer cette peur. Il faut que nous apprenions une nouvelle langue et à poser des questions délicates avec respect. Cela nous enseigne que nous sommes tous pareils et nous permet de découvrir que nous n'avons rien à craindre lorsque nous rencontrons quelqu'un qui fait partie de la communauté LGBTQ2. C'est une question de respect, tout simplement. Vous ne voulez pas être rabaissé parce que vous êtes hétérosexuel et je ne veux pas être rabaissée parce que je suis homosexuelle. Plus nous comprenons que la dignité est essentielle, mieux c'est pour tout le monde.
- Que signifie l'acronyme LGBTQ2 pour vous ?
-
Je le définis comme une communauté de personnes qui ne s'insèrent pas dans l'espace hétéronormatif traditionnel. C'est « tous les autres ».
- Date de modification :