Il était environ 21 h 30, le 14 novembre 2022, lorsqu'un membre inquiet de la collectivité a informé le Détachement de la GRC de Patuanak qu'une personne manquait à l'appel. Un homme de 60 ans était parti à la chasse avec un ami et ne répondait pas depuis plus de 30 minutes à ce dernier, qui tentait de le guider hors des épais boisés vers la route principale. On considérait qu'il manquait à l'appel.
Patuanak est situé à environ 400 kilomètres au nord de North Battleford. L'homme a été vu pour la dernière fois à environ 40 kilomètres au sud de Patuanak dans un secteur isolé. Le gendarme Kirk Ingham, qui compte quatre années de service dans le Nord de la Saskatchewan, occupe actuellement le poste de caporal par intérim de la GRC de Patuanak.
Le gendarme Ingham a dirigé les recherches. « Ce n'était pas la première fois que (l'homme manquant à l'appel) se promenait dans la forêt, mais quand on n'a pas signe de vie d'une personne qui est en milieu sauvage, c'est très grave. D'après la réponse de la collectivité, qui voulait aider, celle-ci savait que la situation était urgente. Si l'homme n'était pas retrouvé cette nuit-là, la situation serait différente le lendemain matin. »
Qui peut aider?
Un agent de la GRC de Patuanak s'est immédiatement rendu à l'endroit où l'homme a été vu pour la dernière fois, et deux autres agents ont rassemblé du matériel (collations, boissons, fusées éclairantes, lampes de poche et caméra thermique) avant de se rendre dans le secteur.
« Nous avons fait le plein d'essence, car nous ne savions pas pendant combien de temps nous serions sur les lieux », déclare le gendarme Ingham. « Nous avons croisé un membre des Rangers canadiens, qui rassemblait des articles semblables et prévoyait se rendre sur place pour donner un coup de main. »
Tous s'inquiétaient de l'éloignement de l'endroit : il faudrait du temps pour que d'autres services de soutien arrivent pour fournir de l'aide.
Pendant qu'il se dirigeait vers les lieux, le gendarme Ingham a fait plusieurs appels pour demander de l'aide. Si les recherches devaient se poursuivre pendant un certain temps, surtout en raison du froid, il faudrait obtenir plus d'aide. Le Détachement de la GRC de Beauval a prêté main-forte en affectant d'autres agents de police. On a demandé l'aide des Services cynophiles du Détachement de la GRC de Meadow Lake et des agents de conservation de l'Équipe de protection et d'intervention de la Direction des services de protection provinciaux.
Aucune réponse
Les agents de la GRC de Patuanak ont d'abord parlé au compagnon de chasse de l'homme manquant à l'appel et ont trouvé l'endroit où ce dernier est entré dans les bois.
« Nous n'avions pas vraiment beaucoup d'éléments sur lesquels nous appuyer. Une seule personne l'avait vu ce jour-là, qui était son compagnon de chasse », explique le gendarme Ingham. « Il avait de l'équipement de survie avec lui. Un peu de matériel pour faire un fe, il avait une machette. Il n'avait qu'une bouteille d'eau et un thermos de thé, alors nous nous sommes dit qu'il devait commencer à manquer de liquides. »
Les agents ont de nouveau tenté de communiquer avec l'homme. N'ayant reçu aucune réponse après cinq minutes, et sachant que chaque minute comptait, le gendarme Ingham a décidé de demander à deux agents armés de lampes de poche et de fusées éclairantes d'entrer dans les bois, à 200 ou à 300 mètres d'abord, pour voir s'ils pouvaient entendre des appels verbaux.
Fondrière de mousse et loups
Le gendarme Ingham explique que, même s'il s'agissait d'une enquête sur une personne manquant à l'appel, la situation était unique, car il y avait des boisés et c'était le milieu de la nuit, en hiver, dans le Nord de la Saskatchewan.
« Le Nord de la Saskatchewan peut être très dangereux, même pour une personne d'expérience », affirme-t'il. « Nous sommes si loin au nord que la nuit tombe très rapidement ici. Lorsque nous avons reçu l'appel, la nuit était déjà complètement tombée. Il n'y avait aucune lumière ambiante. Le soleil était déjà couché depuis longtemps. Nous savions que nous devions nous rendre sur les lieux immédiatement, parce qu'au coucher du soleil, même si le temps est doux, quand la nuit tombe et que le soleil disparaît, il peut faire extrêmement froid ».
Le terrain est couvert de broussailles très denses, d'un grand nombre de pins, d'une abondante couverture végétale et de bois mort. Un autre élément que les agents ont dû prendre en considération était la fondrière de mousse tapissant le secteur. Quelqu'un pourrait marcher dans celle-ci sans le savoir et se blesser. « Et si vous tombez dans celle-ci, vous ne connaissez pas sa profondeur », ajoute le gendarme Ingham. « En fin de compte, dans ces températures, ce qui fait vraiment peur, c'est d'être mouillé et de devoir essayer de se réchauffer après avoir été trempé jusqu'aux os. »
Heureusement, comme c'est l'hiver, les ours hibernent et ne sont pas une source de préoccupation. En revanche, les loups le sont, car ils sont de grande taille et ont été vus dans le secteur.
« … nous avons commencé à entendre une faible réponse… »
Après dix minutes de marche dans la forêt, les deux agents de la GRC ont utilisé une fusée éclairante pour indiquer à l'homme d'où ils venaient et ils ont tenté de communiquer verbalement avec lui. C'est à peu près à ce moment-là que l'un des agents, le gendarme Zach Mann, a entendu quelque chose. « Nous avions quelques fusées éclairantes et avons marché sur le sentier en criant son nom. Nous avons suivi le sentier. Après 200 ou 300 mètres, nous avons commencé à entendre une faible réponse à nos appels. »
Le gendarme Ingham, qui attendait sur la route, organisait les personnes qui s'étaient rassemblées pour participer aux recherches. Une approche coordonnée était nécessaire pour que les pistes dans les bois ne surchargent ou ne déstabilisent pas les Services cynophiles de la GRC à leur arrivée.
Le gendarme Mann et un autre agent étaient toujours dans les bois, et ils suivaient la voix qu'ils avaient entendue. « Je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il disait. Ça aurait pu être "hé" ou "par ici". Quand nous l'avons entendu pour la première fois, c'était très faible. J'étais le seul à l'entendre. L'autre (agent) ne l'a pas entendu… Nous avons pu continuer de l'appeler et finalement avoir une idée de sa direction, d'où venait sa voix. Après 500 mètres, nous étions capables de mieux l'entendre. Une fois que sa voix était assez forte, nous avons quitté le sentier et avons réussi à le trouver. »
« Le travail d'équipe a été extrêmement essentiel »
Après 10 à 15 autres minutes de marche dans la forêt, les deux agents ont trouvé l'homme manquant à l'appel.
« On pouvait voir qu'il était trempé, et il demandait de l'eau », se souvient le gendarme Mann. « Nous avons pu retracer nos pas. Il y avait beaucoup de bois mort. Il est facile de s'égarer si l'on ne fait pas attention. (Le gendarme Ingham) a activé les sirènes (des véhicules de police) à plusieurs reprises pour nous aider à nous orienter. »
L'homme manquant à l'appel a pu sortir lentement de la forêt par ses propres moyens avec les deux agents.
« On s'inquiétait de la sécurité des agents de police que nous avons envoyés dans la forêt », mentionne le gendarme Ingham. « Il y avait beaucoup de choses à coordonner et j'étais tellement heureux que d'autres services de soutien soient en route. (L'homme manquant à l'appel) semblait un peu ébranlé; son pantalon était trempé et raidi par le froid. Et le fait que mes deux (agents) s'en soient sortis indemnes et pas trop frigorifiés a été très important pour moi. »
Le gendarme Mann, qui compte moins de trois mois de service en tant que policier, réfléchit à l'importance du travail d'équipe dans une situation comme celle-ci. « Le travail d'équipe a été extrêmement essentiel », souligne-t-il. « L'avantage des petits détachements du Nord est que même si vous êtes nouveau, vous êtes quand même essentiel. Il n'y a pas de ressources spécialisées qu'il est possible d'obtenir immédiatement. Vous serez l'un des (agents) à intervenir. Vous devez apprendre au fur et à mesure. »
L'homme manquant à l'appel est sorti de la forêt et a été raccompagné, bien au chaud, par des membres de sa famille.
Le gendarme Ingham se souvient des réactions qu'il a eues lorsqu'il a donné des nouvelles par radio à tous ceux qui attendaient sur le bord de la route. « Même son compagnon de chasse, qui est l'un de ses très bons amis, lorsque j'ai dit que nous l'entendions, qu'ils entendaient sa voix, qu'ils l'avaient trouvé, qu'ils étaient là, que nous allions nous assurer qu'il était en sécurité. Je pouvais voir son sourire revenir pour la première fois depuis que nous étions là, car il savait que son ami allait être en sécurité et qu'on l'avait trouvé. »