Ce lundi soir, alors que la plupart des habitants de la Saskatchewan se préparaient à aller au lit ou étaient assis confortablement à regarder la télévision, la GRC de Prince Albert et les Services cynophiles de la GRC couraient et patrouillaient dans un secteur rural de la Saskatchewan à la recherche de deux jeunes disparus.
Demande d'assistance
La GRC de Prince Albert a reçu l'appel peu avant 19 h 30, le 25 janvier. Deux adolescents étaient portés disparus. Ils avaient été vus pour la dernière fois à leur départ d'une résidence de la municipalité rurale de Buckland, près de Prince Albert. La région, un vaste réseau de routes secondaires, d'arbres et de terres dégagées, était alors recouverte par endroits d'une couche de neige si épaisse que les deux adolescents s'y seraient engouffrés jusqu'à la taille, s'ils s'y étaient aventurés.
Le caporal Venne, qui était l'officier supérieur de service, s'est rendu sur les lieux pour recueillir les premiers renseignements et pour effectuer des recherches préliminaires. « Il est très important de répondre immédiatement à ce type d'appels. Nous devons recueillir autant de renseignements que possible dès le départ, afin de pouvoir mesurer la gravité de la situation et l'urgence de l'intervention. Des choses toutes simples sont d'une grande importance, comme vérifier les alentours et les dépendances, dans un premier temps. Nous devons déployer tous les efforts possibles sur le terrain et faire ensuite appel à des ressources supplémentaires. Si nous appelons les Services cynophiles, nous devons savoir où la personne disparue a été vue pour la dernière fois et connaître le chemin qu'elle a pris, sans contaminer la piste nous‑mêmes. Nous devons définir une zone où le chien policier pourra faire son travail de pisteur. »
Le caporal Venne et cinq autres agents de la GRC de Prince Albert, dont certains étaient au repos et ont été rappelés au travail, ont été affectés à la recherche. Le sergent Molle, officier des opérations du détachement, et le sergent d'état‑major Lohrenz, gestionnaire du district Nord, ont coordonné les efforts de recherche. Le caporal Drohomereski et le chien Lux, membres de l'équipe cynophile, ont quitté leur unité d'attache pour mettre à profit leurs compétences spécialisées en matière de pistage.
Le froid glacial : une menace bien réelle
En un mot, le temps était extrême. Avec une température ambiante de ‑35 °C, et un facteur de refroidissement éolien faisant ressentir l'équivalent de ‑45 °C, les agents savaient qu'ils devaient agir rapidement.
« Au cours de mes 19 années de carrière, j'ai participé à d'innombrables appels similaires par temps froid », précise le caporal Venne de la GRC de Prince Albert. « Ayant habité et travaillé toute ma vie dans le nord de la Saskatchewan et dans les Territoires du Nord‑Ouest, je suis parfaitement conscient de la gravité des conditions météorologiques sur les demandes d'assistance. J'ai participé à des enquêtes où des personnes ont succombé à un état d'hypothermie, mais j'ai aussi eu la chance d'en sauver d'autres. Lorsqu'une personne est dans un tel état, ses gestes et ses décisions peuvent être décousus et perdre toute logique. Une demande d'assistance peut commencer d'une certaine façon, puis se transformer en quelque chose d'entièrement différent.
« Tout ce qu'il fallait déployer devait l'être dans un délai très court. Tout retard pouvait accroître le risque d'une issue tragique », explique le sergent Molle. « Le mauvais temps vous épuise lorsque vous y êtes confronté pendant des heures. Aussi nous transportons tous différentes choses dans notre trousse pour temps froid. Nous devons être certains d'avoir toutes les fournitures nécessaires si un appel grave se prolonge. »
« Les demandes d'assistance dans des régions éloignées en hiver peuvent présenter un risque pour la sécurité de ceux que nous essayons d'aider et pour celle des agents qui prêtent main-forte avec diligence dans des conditions souvent dangereuses. Nous devons être prêts à répondre à tous les appels », déclare le caporal Venne. « Nous devons être bien habillés et prêts à rester dehors le temps qu'il faudra. Sinon, nous ne serons pas capables de venir en aide aux personnes qui ont besoin de nous. »
Les Services cynophiles travaillent dans tous les environnements et s'entraînent dans ces mêmes environnements. « Nos chiens sont conditionnés et la météo n'a pas d'incidence sur eux», explique le caporal Drohomereski. « Nous avons toujours ce qu'il faut pour être prêts à tout – de la nourriture supplémentaire pour nous et notre chien policier, des vêtements supplémentaires pour toutes les situations, des tentes, des lits de camp, des raquettes… la liste est longue. Règle générale, j'essaie d'avoir suffisamment de provisions pour pouvoir rester sur le terrain pendant sept jours, s'il le faut. »
« Prenez les routes secondaires »
« On se pose toutes les questions possibles. Les jeunes étaient‑ils à pied? Est-ce que quelqu'un les a embarqués? Où se rendaient‑ils? Où devons-nous regarder? Quelle direction prendre? Cherchons‑nous au bon endroit, là où il faut? », précise le sergent Molle. « Là, j'ai dit aux agents sur le terrain de prendre les routes secondaires, car c'est près de l'une d'elles qu'on les trouverait probablement. »
Le sergent d'état‑major Lohrenz songeait aux besoins pressants des agents : « Y a‑t‑il suffisamment de ressources humaines en place pour gérer l'incident en toute sécurité au fil des événements? Quelles sont les mesures d'urgence mises en place pour maintenir la capacité? Nous pensons à toutes ces choses au fur et à mesure que la recherche évolue. »
« Il y a une énorme machine en coulisses », précise le sergent Molle. « Nous passons des coups de fil et nous nous assurons que nos agents ont tout ce dont ils ont besoin, quand ils en ont besoin. Il est crucial d'envisager au départ toutes les possibilités – ce qui est exactement ce qu'ils ont fait. Cette première intervention est essentielle. »
Un énorme système de soutien : travailler avec les groupes de la GRC et les organismes partenaires
« Une collaboration avec nos partenaires est essentielle », déclare le sergent Lohrenz. « Dans bien des cas, nous faisons appel aux effectifs de la GRC, mais il arrive que nous ayons besoin d'une ressource spécialisée et inestimable. Entre autres complications dans cette affaire, il fallait obtenir un soutien aérien pour opérer la nuit, et donc un équipement hautement spécialisé et un personnel formé pour l'utiliser. Les membres dévoués du Service de police de Saskatoon se sont rapidement mobilisés et étaient prêts à prêter main‑forte. Cette aide allait d'ailleurs être essentielle pour obtenir une large vue aérienne de la zone de recherche. »
« Si nous devons faire appel à une équipe de recherche ou à un avion, nous devons savoir où la personne disparue a été vue pour la dernière fois et établir un rayon de recherche en conséquence. Nous devons connaître son dernier emplacement », explique le caporal Venne.
Le Service de police de Prince Albert a été informé de la disparition des deux jeunes dans l'éventualité où ils se seraient rendus en ville. L'équipe de recherche et de sauvetage de la GRC attendait le feu vert pour déployer une équipe de recherche et commençait à envisager l'utilisation de motoneiges, d'équipements, de fournitures et d'autres ressources. Le commandant de l'équipe de recherche et de sauvetage s'est concentré sur les efforts de recherche à plus long terme, au cas où on ne trouverait pas rapidement les deux adolescents.
« Pendant que nous étions en route, j'étais en communication radio avec des agents et nous discutions du déploiement de ressources supplémentaires », indique le caporal Drohomereski. « Quand nous sommes arrivés, j'ai demandé aux agents du détachement de nous emmener, Lux et moi, au dernier endroit où les jeunes avaient été vus. Nous avons commencé notre travail à partir de là. »
Avez‑vous déjà couru avec un chien de police en pleine quête?
Deux agents ont été affectés à l'équipe cynophile. Un autre, qui se trouvait à proximité dans un véhicule, communiquait par radio et offrait un espace pour se réchauffer ou se reposer/se détendre, en cas de besoin. « On ne sait jamais si on va courir avec l'équipe cynophile pendant vingt minutes ou deux heures – raison de plus pour être prêt à toute éventualité », explique le sergent Molle. « Je précise que ce n'est pas comme de faire un petit jogging. Il faut composer avec des collines, des arbres, de la neige et de la glace, en portant toujours le lourd équipement de police. »
« En fait, la neige facilite la tâche aux chiens, dans les bois », explique le caporal Drohomereski. « Même s'ils sont entraînés à pister une personne par l'odeur, les chiens peuvent "tricher" et utiliser leurs yeux pour mieux repérer une piste. »
Lux a conduit les agents à l'intérieur des buissons, parallèlement à la route. Comme les pistes allaient en direction de Prince Albert, les efforts ont été concentrés sur toutes les routes pouvant être empruntées pour aller dans cette direction.
Réussite et soulagement
Au moment où le pilote du Service de police de Saskatoon allait prendre les airs, on a connu une issue favorable au sol, près de Prince Albert.
Les deux adolescents ont été retrouvés à 22 h 15, soit près de trois heures après la première demande d'assistance. Des agents qui fouillaient les routes secondaires depuis leur véhicule les ont repérés à dix kilomètres de l'endroit où ils avaient été vus pour la dernière fois, sur une route de gravier tout juste au nord de la ville. « Ils étaient loin d'une route principale, dans une zone peu fréquentée, et surtout à cette heure de la nuit », explique le sergent Molle. « Un de nos agents était à parcourir précisément ces routes secondaires, et c'est ainsi qu'il les a fort heureusement croisés. »
Ils portaient des pantalons de ski et des manteaux, mais ils n'avaient pas de bonnes bottes. Bien que transis, les deux jeunes étaient désormais en sécurité. « Je peux vous dire qu'ils étaient très heureux de monter dans un véhicule chaud et d'être ramenés chez eux », raconte le caporal Venne.
« Le temps jouait contre nous »
« Je ne suis pas certain qu'un membre du public puisse comprendre l'ampleur du processus de réflexion des policiers dans de telles situations, la quantité de ressources nécessaires pour protéger des vies et l'état de préparation de nos agents de première ligne », précise le caporal Venne. « J'aurais aimé prendre une photo de nos agents cette nuit‑là, à courir avec le chien policier, tout un chacun emmitouflé, couvert de givre, les joues roses et tout le tralala. »
« Les agents ont travaillé très fort », déclare le sergent Lohrenz. « Le temps, de pair avec cette température extrême, jouait contre nous. Je pense qu'il est important que le public sache que l'intervention visible des agents ne donne pas une image complète des ressources et de l'expertise qui doivent être mises en place en pareille situation. »
Le caporal Drohomereski veut que tout le monde sache que Lux est formé pour faire exactement ce type de travail. « Les chiens policiers ne considèrent pas leurs tâches comme un travail; ils pensent que tout ce que nous faisons est un jeu amusant, et ils veulent toujours en faire plus. Ils sont excités de se mettre au boulot, qu'il fasse chaud ou froid, qu'on soit lundi ou vendredi, qu'il soit deux heures du matin ou trois heures de l'après‑midi. Ils veulent faire ce en quoi ils excellent. »
Le temps a‑t‑il passé lentement ou rapidement pendant que cet incident se déroulait? « Les choses sont comme elles sont. Il est difficile de répondre à cette question », déclare le sergent Molle. « On travaille méthodiquement, méticuleusement. On espère la meilleure issue possible – ce qui, fort heureusement, s'est produit cette nuit‑là. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas. »
Notons que le travail ne s'est pas arrêté aussitôt les jeunes retrouvés sains et saufs. Certains agents sont restés au détachement pendant des heures après l'incident, pour remplir les formalités administratives et faire des appels. D'autres ont poursuivi leur quart de travail, en répondant aux demandes d'assistance, en aidant le public et en assurant la sécurité de leur collectivité.