« J'ai entendu l'appel à la radio (de la police), alors que je roulais vers Meadow Lake depuis la Première Nation de Waterhen Lake où je suis affecté. Cinq appels 911 interrompus passés d'un numéro de téléphone qui ne pouvait en recevoir », raconte le gendarme Goodfellow, expliquant brièvement que le cellulaire en question était probablement hors service ou que sa batterie était déchargée.
« J'ai commencé à enquêter pendant que les agents de Meadow Lake répondaient à d'autres demandes d'assistance. J'ai cherché l'emplacement du cellulaire sur une carte. Il se trouvait à 45 kilomètres au sud de Green Lake et à 30 kilomètres dans la brousse. D'instinct, l'origine de l'appel me semblait bien étrange – loin des routes et des maisons. Sans disposer de tous les renseignements, il fallait présumer qu'il s'agissait d'un appel de détresse », explique le gendarme Goodfellow.
C'est alors que l'appel est devenu encore plus important que prévu.
Il était près de 19 heures, le 31 janvier 2021, et la gendarme Carignan terminait son quart de jour. Informée de l'appel, elle était restée à son poste afin de pouvoir prêter main‑forte. « Cela augurait mal. L'homme au cellulaire était parvenu à demander à l'opératrice d'appeler quelqu'un pour lui. Nous avons cherché à qui le numéro de téléphone appartenait et nous nous sommes rendus à l'adresse indiquée. Là, nous avons appris que deux hommes adultes habitant cette résidence étaient coincés dans les bois et entièrement trempés. Nous avons demandé à la famille si elle avait besoin de notre aide et elle a dit que oui. »
Les motoneiges : un outil précieux
Les agents sont retournés au Détachement de Meadow Lake et ont embarqué deux motoneiges de la GRC sur une remorque. En plus de l'équipement qu'ils transportent régulièrement, ils ont emballé des articles comme des fournitures médicales de base, un GPS, un téléphone satellite et de la nourriture. Le gendarme Goodfellow a pris son kit allume‑feu et les deux agents ont mis des bottes et des vêtements chauds. C'était la tombée du jour et la température avoisinait les ‑18 °C et continuait de baisser. Sachant que les deux hommes en détresse étaient mouillés, le froid était préoccupant.
Les agents accompagnés de membres de la famille des hommes disparus ont conduit pendant 20 minutes jusqu'à un endroit où ils pouvaient débarquer leurs motoneiges – trois au total – et commencer les recherches. « Il n'y a pas de véritables pistes de motoneige dans cette région », explique la gendarme Carignan. « Il y a des arbres, des ravins abrupts, des rivières qui serpentent, des chemins forestiers et des sentiers de piégeage. À certains endroits, il nous a fallu tracer nos propres sentiers. »
Au départ, le groupe roulait sur une route saisonnière dans la poudreuse légère, mais cela a changé à mesure qu'il s'enfonçait dans les arbres. « C'est une région riche en espèces sauvages, avec des orignaux, des loups et d'autres animaux », explique le gendarme Goodfellow. « Vous devez toujours être conscient de ce qui vous entoure – vous pourriez tomber en panne, endommager la motoneige – il faut être prudent, rester alerte, question de ne pas tomber en panne au milieu de nulle part. »
Un amateur de plein air expérimenté
« Nous avons croisé M. T, un homme qui connaissait la région et les deux personnes que nous recherchions. Il était au fait de la situation et avait lancé ses propres recherches en motoneige. Je lui ai montré une carte de l'endroit où on pensait que nos deux hommes se trouvaient et M. T a immédiatement identifié le secteur et nous y a menés directement », précise le gendarme Goodfellow.
Lorsque le groupe de recherche les a retrouvés, les deux hommes étaient transis de froid – leurs vêtements trempés avaient gelé sur eux. Leur motoneige était tombée en panne et les avait plongés dans l'eau jusqu'à hauteur de la taille au fond d'un ravin de six mètres. Le feu qu'ils avaient allumé s'était éteint quinze minutes auparavant.
Le gendarme Goodfellow explique son soulagement en les voyant : « C'était un événement stressant. Ces deux personnes n'auraient peut‑être pas survécu si on ne les avait pas trouvées. On ne savait pas que leur feu s'était éteint, et on ne savait pas s'ils étaient blessés. On imagine toujours le pire et on ignore de combien de temps on dispose. Il se trouve que le temps a joué en notre faveur cette fois‑ci. »
Ils ont transporté les deux hommes dans une résidence située à 30 minutes de route en motoneige pour qu'ils puissent s'y réchauffer et être ensuite emmenés à l'hôpital où ils ont été traités pour des blessures mineures.
La recherche en motoneige avait commencé vers 21 h 30 et les deux hommes ont été retrouvés vers minuit. Les deux agents de la GRC sont rentrés au Détachement de Meadow Lake vers 3 h du matin.
Remerciements et reconnaissance
Le Détachement a salué la contribution de M. T à leurs efforts de recherche en lui remettant un certificat d'appréciation de l'équipe de la direction du District Nord. Les gendarmes Goodfellow et Carignan étaient présents pour la remise de ce certificat.
« Sans lui, les choses auraient pu se terminer bien différemment. Il était donc important pour nous de reconnaître sa contribution », a souligné la gendarme Carignan. « Seuls, nous n'aurions peut-être jamais trouvé cet endroit précis. Sa connaissance du territoire s'est avérée un outil précieux. »
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Le gendarme Goodfellow explique que le fait d'avoir grandi dans une famille de policiers en Saskatchewan et en Colombie‑Britannique l'a préparé pour une telle cette expérience, tout comme son affectation précédente à Pelican Narrows. « Vous partez avec des compétences essentielles, ce que vous avez appris à la Division Dépôt et toute l'expérience que vous avez amassée depuis. À cela s'ajoutent votre formation de motoneigiste de la GRC et d'autres cours. Comme j'aime être à l'extérieur, je savais en quelque sorte à quoi m'attendre. »
Avec deux années et demie de service à son actif, la gendarme Carignan songe à son expérience dans la région : « Meadow est ma première affectation. C'est un endroit très différent et il y fait très froid. Ce n'est pas le genre d'appel auquel je pensais répondre lorsque j'étais à la Division Dépôt. C'est très gratifiant de retrouver les personnes que l'on cherche, surtout dans des circonstances comme celles‑ci. »