Priorité au discours prononcé
Merci au caporal Clarke. Je suis le surintendant Darren Campbell, officier des services de soutien, GRC de la Nouvelle-Écosse.
Avant de commencer et de vous fournir des informations relatives aux incidents au fur et à mesure de leur déroulement, je souhaite saluer la mémoire des personnes qui ont perdu la vie.
Vingt-deux personnes innocentes ont été tuées par un tireur et trois personnes ont été blessées. Cet événement va bien au-delà de la tragédie. Certaines des personnes ayant perdu la vie l'ont fait en essayant d'en sauver d'autres. Ce sont des héros.
Je tiens à exprimer mes sincères condoléances à toutes les familles.
J'aimerais aborder deux éléments avant de passer en revue le fil des événements.
Les incidents se sont produits dans des régions rurales de la Nouvelle-Écosse. Portapique est une collectivité du comté de Colchester, dans la partie centrale de la province. Il s'agit d'une petite collectivité où environ 100 personnes vivent à longueur d'année. Les maisons sont en retrait de la route, certaines sont vieilles, d'autres, plus récentes, et certaines sont des résidences d'été longeant la baie de Fundy. Il s'agit d'une collectivité tranquille, où il n'y a ni trottoirs ni lampadaires.
La GRC met en place une structure de commandement en cas d'incident critique lorsqu'elle répond à des plaintes pouvant avoir une incidence sur la sécurité publique. Des officiers hautement qualifiés et entraînés forment une équipe afin de diriger le personnel d'urgence et des multiples unités de police spécialisées qui répondent à la plainte.
Il est important de garder ces deux éléments à l'esprit alors que je passe en revue le fil des événements.
Les détails qui suivent ont été colligés rétrospectivement après avoir appris ce qui s'était passé. Les policiers qui sont intervenus suite à l'appel initial au 911 et aux appels subséquents n'ont pas bénéficié des connaissances que je m'apprête à vous communiquer. La plainte initiale concernait une fusillade.
Pour expliquer le fil des événements, je parlerai de trois groupes d'incidents. Le premier groupe a eu lieu à Portapique samedi soir. Dimanche, un deuxième groupe d'incidents s'est déroulé à Wentworth, Glenholm et Debert. Et puis, un troisième et dernier groupe a eu lieu à Schuenacadie, Milford et Enfield.
(Groupe un)
Ce que nous avons appris dans le cadre de l'enquête, c'est que le 18 avril, avant le premier appel, une agression a eu lieu entre le tireur et une personne qu'il connaissait à Portapique.
La victime a réussi à s'échapper du tireur et s'est cachée dans les bois pendant la nuit.
Suite à cela, la police a reçu le premier appel au 911 dans lequel on rapportait des coups de feu dans un domicile de Portapique.
Les agents sont arrivés à 22 h 26 et ont trouvé un homme qui quittait la zone avec une blessure par balle apparente.
Ils ont appris que cet homme avait été visé alors qu'il conduisait son véhicule.
La victime a indiqué qu'un véhicule l'avait croisé alors qu'il conduisait et que le coup de feu provenait de ce véhicule.
L'agent a pris des dispositions pour que les Services d'urgences de santé s'occupent de la victime, laquelle a été transportée à l'hôpital par ces services.
Plusieurs de leurs unités sont intervenues dans cette zone et, à leur arrivée, elles ont trouvé plusieurs personnes mortes gisant sur la chaussée et plusieurs structures déjà en feu.
Au total, il y a plus de sept endroits où des personnes ont été retrouvées mortes. Beaucoup des corps ont été découverts alors que les intervenants fouillaient les maisons pour trouver des victimes ou des suspects. À ce moment-là, la police a commencé à envisager un certain nombre de suspects potentiels à la suite des informations qu'ils recevaient.
Alors que les événements s'enchaînaient, le Programme des incidents critiques a été contacté et mis sur pied pour prendre le contrôle de cette situation critique.
À ce stade, des périmètres ont été établis, des unités spécialisées sont intervenues, une équipe d'intervention d'urgence utilisant des chiens policiers a été appelée et un hélicoptère du ministère des Terres et des Forêts a été dépêché. Se sont ajoutés le GEE, des négociateurs, le GIMU et des négociateurs en situation de crise.
En très peu de temps, nous avons mobilisé des unités et des ressources spécialisées de la Division J, en Nouveau Brunswick.
Sur une longue période, les premiers intervenants se sont efforcés de vérifier chaque résidence, de rechercher des suspects et de prendre des mesures pour sauver des vies. Les agents des télécommunications sont restés en ligne avec des témoins dans la région immédiate.
Assez tôt dans notre intervention, nous avons été mis au courant de l'identité d'un suspect et avons appris qu'il vivait dans une maison de la collectivité de Portapique.
À notre arrivée, la maison et les garages du suspect présumé étaient entièrement dévorés par les flammes, et deux véhicules de police ainsi qu'un troisième véhicule étaient également en feu sur la propriété.
Nous avons appris que le tireur était en possession d'un pistolet et d'armes à canon long.
Nous avons aussi appris qu'il possédait plusieurs véhicules semblables à ceux de la police.
Nos efforts pour retrouver le suspect se sont poursuivis toute la nuit.
Après 6 h 30, au lever du jour, une victime est sortie de sa cachette après avoir appelé le 911.
Nos agents se sont présentés sur place et c'est à ce moment-là que, grâce à un témoin important, nous avons appris plus de détails au sujet de Gabriel Wortman. Nous avons notamment appris qu'il possédait une réplique de véhicule de police marquée à l'effigie de la police possédant tout l'équipement nécessaire, et qu'il portait un uniforme de police. Il était en possession de plusieurs armes à feu, dont des pistolets et des armes d'épaule.
À ce moment-là, nous avons diffusé un Avis de surveillance (ADS) – un bulletin comprenant une description du suspect et du véhicule – à tous les policiers de la Nouvelle-Écosse.
Nous avons maintenu le confinement de la scène et poursuivi la recherche du suspect.
(Groupe 2)
Plus de 12 heures après notre arrivée à Portapique…
Le service 911 a commencé à recevoir une deuxième série d'appels venant d'un secteur situé à plus de 60 km de Portapique.
Notre enquête a révélé que le tireur s'était rendu à une résidence du chemin Hunter, à Glenholme.
À cet endroit, le tireur a abattu deux hommes et une femme, puis il a mis le feu à la maison.
Le tireur connaissait au moins deux de ces victimes.
Il s'est ensuite rendu dans une résidence de la route 4, à Glenholme.
Il a cogné à la porte et réveillé les résidents. Ceux-ci le connaissaient. Ils ont donné son identité aux téléphonistes du 911, et ils leur ont dit qu'il se déplaçait au volant d'un véhicule de police et qu'il avait une arme d'épaule avec lui.
Ils ne lui ont pas ouvert la porte, et le tireur est parti.
Le tireur a poursuivi son chemin sur la route 4 en direction sud, de Glenholme à Wentworth.
Sur sa route, il a rencontré une femme qui marchait, et il l'a abattue sur le bord de la route. Il a ensuite continué son chemin vers Debert, en Nouvelle-Écosse, en direction sud.
C'est à ce moment-là qu'il a rencontré deux véhicules. Selon un témoin, le tireur a intercepté un des véhicules et tiré sur une des personnes qui y prenaient place. Plus loin, il a rencontré un deuxième véhicule et tué la conductrice.
Cette deuxième série d'incidents, à partir du moment où le premier appel est arrivé du chemin Hunter au dernier incident, couvre une distance d'environ 44 kilomètres.
(Groupe 3)
Les gendarmes Morrison et Stevenson s'étaient entendus pour se rejoindre. Chad attendait Heidi à l'intersection des routes 2 et 224. Ce qui semblait être un véhicule identifié de la GRC s'est approché du gendarme Morrison, et celui-ci a pensé que c'était celui de la gendarme Stevenson, puisqu'ils s'étaient entendus pour se rejoindre à cet endroit.
En réalité, le tireur était au volant du véhicule. Il s'est rangé à côté de celui du gendarme Morrison et a immédiatement ouvert le feu. Le gendarme Morrison, qui a subi de nombreuses blessures par balle, s'est sauvé de l'endroit au volant de son véhicule. Il a informé les autres agents et les répartiteurs qu'il était blessé et qu'il se rendait aux services d'urgence pour recevoir des soins médicaux d'urgence.
Pendant ce temps, la gendarme Heidi Stevenson était près du secteur; nous croyons que les deux véhicules sont entrés en collision frontale sur la route 2 alors que la gendarme se dirigeait vers le nord et que le tireur se dirigeait vers le sud. Une confrontation a eu lieu entre la gendarme Heidi Stevenson et le tireur. Celui-ci a tué la gendarme, puis il a pris son fusil et ses chargeurs.
Un passant s'est arrêté sur les lieux, et le tireur l'a abattu. Le tireur a mis le feu au véhicule de la gendarme Stevenson et à sa propre réplique de véhicule de police. Il a ensuite pris le véhicule du passant, décrit comme étant un VUS argent, pour se diriger vers le sud sur la route 224.
Le tireur a parcouru une courte distance vers le sud sur la route 224, jusqu'à une résidence située sur le côté est de cette route. La résidence appartenait à une femme qu'il connaissait. Il l'a abattue.
Le tireur a ensuite enlevé l'uniforme de police qu'il portait et transféré ses armes dans la voiture de sa victime, une Mazda 3 rouge.
Il a pris la route 224 vers le sud, et s'est arrêté au Big Stop Irving à Enfield. Pendant qu'il était à la pompe, une de nos ressources tactiques s'est aussi arrêtée à la station-service pour faire le plein. En sortant du véhicule, il y a eu une altercation entre l'agent et le tireur; celui-ci a été abattu par la police à 11 h 26.
Entre le moment où le tireur a fait feu sur le gendarme Morrison et celui où il a été abattu par la police au Big Stop, le tireur a parcouru environ 23 kilomètres.
Notre enquête sur ces incidents horribles a été compliquée par le fait que les situations des groupes d'incidents critiques évoluaient très rapidement.
La GRC de la Nouvelle-Écosse demande à toute personne qui a de l'information sur l'un ou l'autre de ces incidents de communiquer avec elle. Nous sommes à la recherche de photos, de vidéos ou de tout autre élément qui pourrait nous aider. Tous les renseignements sont importants, aussi insignifiants qu'ils puissent paraître. Si vous avez de l'information à ce sujet, nous aimerions l'avoir.
Toute personne qui a de l'information est priée d'appeler la ligne d'information de la GRC, au 1-902-720-5959. Nous avons déjà reçu de nombreux appels, et nous remercions le public de communiquer avec nous.