Priorité au discours prononcé
Merci caporal Clarke.
Avant de commencer et de donner des renseignements à propos de l'enquête et de ce que nous avons appris jusqu'à présent, je tiens à souligner qu'aujourd'hui est le Jour de deuil national — une journée que nous nous sommes donnée pour honorer la mémoire de ceux qui ont perdu la vie, subi des blessures ou contracté une maladie dans le cadre de leur travail. Les récents événements survenus ici en Nouvelle-Écosse nous rappellent que le travail de policier est un travail fondamentalement dangereux. Aujourd'hui, la gendarme Heidi Stevenson, qui a donné sa vie pour protéger sa collectivité, et le gendarme Chad Morrison, qui a été blessé lors de l'incident, sont tous deux très présents dans nos esprits. Merci encore à tous ceux qui ont courageusement répondu à l'appel et à ceux qui sont intervenus pour les aider.
Aujourd'hui est aussi une journée pour ramener à notre mémoire les victimes des incidents tragiques des 18 et 19 avril et j'exprime mes sincères condoléances à toutes les familles des vingt-deux personnes innocentes fauchées par le tireur. Je tiens à remercier les Néo-Écossais de leur soutien à l'endroit de toutes familles concernées et de la GRC.
Vendredi dernier, j'ai fait le point sur les incidents. Mon objectif aujourd'hui est de faire le point sur notre enquête et de vous faire part des renseignements que nous avons recueillis et assemblés jusqu'ici.
Toute enquête sur un homicide est une entreprise importante. Dans ce cas-ci, il y en a eu 22. Nous avons affecté à l'enquête une importante équipe qui s'occupe des crimes graves et nous avons retenu l'aide de ressources spécialisées. Nous disposons d'experts d'un peu partout au pays et nous allons d'ores et déjà pouvoir compter sur le soutien des ressources de la GRC à l'échelle du Canada. Nous avons également reçu l'appui d'organismes externes, notamment les Forces armées canadiennes, la police régionale de Halifax et l'Agence des services frontaliers du Canada.
Je souhaite exprimer ma reconnaissance à tous les organismes d'application de la loi qui ont offert leur aide et leur soutien.
Notre travail consiste maintenant à élucider les actes commis par le tireur les 18 et 19 avril. Le tireur ne fera jamais face à la justice; toutefois, nous avons l'obligation de mener une enquête selon les mêmes normes que s'il devait subir un procès.
Pour l'instant, nos priorités sont de déterminer de quelle façon le tireur a pu accéder à l'équipement qu'il a utilisé, d'établir ses déplacements des 18 et 19 avril et de déterminer si une personne était au courant des plans du tireur, et si c'est le cas, si celle-ci l'a aidé de quelque façon que ce soit.
Nous nous concentrons sur les entrevues avec les témoins, les séquences vidéo et les autorisations judiciaires qui nous permettront d'obtenir les fichiers et les mandats de perquisition nécessaires. Le travail que nous effectuons nous aide à mieux comprendre ce qui s'est produit.
Pour vous donner une idée de la portée de l'enquête, nous avons identifié plus de 435 témoins jusqu'à maintenant, et nous avons mené des entrevues auprès de plus la moitié d'entre eux. Il reste beaucoup d'entrevues à mener, et nous nous attendons à ce que la liste de témoins s'allonge. Par ailleurs, nous avons exécuté environ 20 demandes juridiques et avons obtenu des autorisations qui nous permettent d'établir les détails liés à l'acquisition de l'équipement ainsi que les activités et les déplacements du tireur.
Je tiens à mentionner que les Néo-Écossais ont utilisé notre ligne info-crime. Merci à tous ceux qui ont appelé pour parler à un enquêteur. J'encourage toutes les personnes qui détiennent de l'information à appeler la ligne sans frais info-crime et à dire ce que vous savez, même si vous croyez que ce n'est pas important.
Uniforme
J'aimerais maintenant parler de l'uniforme. À partir de déclarations de témoins, nous avons appris que le tireur collectionnait de nombreuses choses, dont des objets de la police, et qu'il possédait plusieurs articles d'uniformes de divers services de police. De nombreux témoins rencontrés en entrevue ont parlé de l'intérêt du tireur pour la GRC, qui date de longtemps.
Nous savons désormais que les 18 et 19 avril, le tireur portait des pièces d'un uniforme authentique de la GRC, y compris une chemise et un pantalon arborant une ligne jaune. Nous savons également qu'il a changé de vêtements lorsqu'il s'est déplacé d'une collectivité à une autre.
Nous n'avons pas encore confirmé l'endroit exact où il s'est procuré les pièces d'uniforme ni la méthode d'acquisition. Il s'agit d'un aspect important de notre enquête, lequel prendra du temps.
Nous savons que la population peut acquérir des pièces d'uniforme de police excédentaires, et ce, par différents moyens, notamment les magasins de surplus, les encans et certains sites Web.
Véhicule
Je vais maintenant aborder la question des véhicules de police. Nous avons appris au cours de l'enquête que la collection d'objets liés à la police que possédait le tireur, notamment les véhicules de police, était connue de beaucoup de personnes. Il n'a jamais dissimulé le fait qu'il possédait les véhicules et les objets aux personnes qui le connaissaient. Cependant, à cette étape de l'enquête, nous n'avons pas trouvé de renseignements qui nous permettent de penser que les policiers savaient qu'il possédait ces véhicules.
Les enquêteurs ont découvert que les quatre véhicules de police étaient d'anciens modèles de véhicule de police, et que le tireur les avait acquis dans des encans au cours des dernières années. Pour ce qui est de la réplique du véhicule de police qu'il a utilisée les 18 et 19 avril, nous croyons qu'il l'a acquise à l'automne 2019 et que c'est à ce moment-là qu'il l'aurait équipée d'une barre de feux d'urgence et de décalques.
La façon de faire produire les décalques est un détail de l'enquête dont je ne peux parler; la seule chose que je peux dire, c'est que nous réalisons des progrès à ce sujet.
Mouvements
J'aimerais maintenant vous donner un compte rendu plus détaillé des mouvements du tireur les 18 et 19 avril. Ces renseignements ont été établis grâce aux efforts de nos équipes d'enquête.
À ce moment-ci de l'enquête, voici ce que nous croyons :
Après le premier appel au 9-1-1, à 22 h 01, les agents sont arrivés sur les lieux, à Portapique, à 22 h 26.
Selon les renseignements que nous avons recueillis depuis les incidents, nous croyons que le tireur a quitté Portapique par un champ à 22 h 35.
Nous sommes maintenant en mesure de confirmer que le tireur s'est dirigé vers un bâtiment industriel à Debert, où il est arrivé à 23 h 10, ce qui laisse entendre qu'il s'y est rendu directement de Portapique.
Le tireur a quitté Debert à 5 h 45 dimanche. Ce qu'il y a fait dans cet intervalle nous est d'un grand intérêt. Nous avons inspecté les lieux en profondeur, et nous invitons toute personne qui aurait pu avoir vu quelque chose de suspect à nous contacter.
À partir du quartier industriel de Debert, le tireur s'est ensuite rendu à Wentworth. Nous avons des images vidéo de lui circulant sur le chemin Hunter vers 6 h 30, près d'une résidence où il a tué deux hommes et une femme.
Nous croyons qu'il est entré dans la résidence, qu'il a abattu les victimes et qu'il est resté à cet endroit pendant un certain temps.
Dans la photo que je vous montre, on aperçoit le tireur quittant l'endroit à 9 h 35, puis reprenant le chemin Hunter dans la même direction que celle par laquelle il est arrivé plus tôt.
Il roule ensuite en direction sud sur la route 4 et traverse Wentworth.
À 9 h 43, il est près de l'intersection de la route 4 et de la route 246. À 9 h 48, un appel au 911 indique qu'il se trouve à une résidence à Wentworth où il a frappé à la porte, mais n'y est pas entré.
Des images vidéo le montrent par la suite se dirigeant en direction est sur le chemin des Plaines (Plains Road) à Debert, à 9 h 57.
De là, il se roule en direction est vers Truro sur la route 4.
Des images vidéo le montrent qui traverse le centre-ville de Truro entre 10 h 15 et 10 h 20. Il ne semble pas s'être arrêté à Truro.
De Truro, il prend ensuite la route 2 en direction de Millbrook.
Voici une photo de lui à la caserne de pompiers de Millbrook, que vous avez peut-être vue dans les médias. Le tireur est en train de retirer sa veste et d'enfiler un gilet réflecteur.
Le tireur poursuit sa route en direction sud sur la route 2 jusqu'à Hilden.
Des images vidéo le montrent près de la station-service Esso de Brookfield à 10 h 32.
Les deux prochains points d'intérêt sont ceux, notamment, où le tireur a rencontré le gendarme Chad Morrison et la gendarme Heidi Stevenson.
Après ces rencontres, le tireur s'est dirigé sur une courte distance vers le sud sur la route 224, où il est entré dans une résidence en bordure est de la route. C'est alors qu'il a laissé le véhicule utilitaire sport de couleur argent qu'il conduisait derrière la résidence et qu'il a retiré son uniforme de policier. Comme nous l'avons mentionné vendredi, il a transféré ses armes dans le véhicule Mazda 3 de la victime de cette résidence, qui était une femme.
Il quitte cet endroit puis prend la route 102 vers Enfield. Nous le voyons ensuite alors qu'il quitte la route et passe près des appareils de pesage à 11 h 23.
À Enfield, il entre dans le BigStop.
Depuis notre dernière conférence de presse, notre enquête a progressé de manière significative.
Cinq scènes font toujours l'objet d'une enquête à Portapique et sur le chemin Hunter; les autres lieux ont été rendus à leurs propriétaires.
La circulation dans la région de Portapique est toujours limitée.
Les scènes demeureront réquisitionnées aussi longtemps que nécessaire aux fins de notre enquête.
Comme je l'ai mentionné, nous avons reconstitué les mouvements du tireur grâce aux déclarations de témoins et à des analyses vidéo. L'enquête est loin d'être terminée, mais nous avons réalisé d'importants progrès jusqu'à maintenant. Encore une fois, toute personne ayant des informations à nous communiquer peut nous joindre via la ligne de dénonciation.
Je vous remercie.