Quand un poste s'est ouvert au sein de l'Équipe nationale de soutien à l'application de la Loi sur les armes à feu (ENSALA), de la GRC, qui offre son appui aux policiers pour tout ce qui touche les enquêtes sur les armes à feu, le gend. Chris Young a sauté sur l'occasion. Depuis, il a mis la main à des centaines de dossiers aux quatre coins de Terre-Neuve-et-Labrador. Deidre Seiden s'est entretenue avec lui sur la formation qui aide les policiers à repérer une personne armée.
Comment êtes-vous devenu formateur en reconnaissance de personnes armées?
J'ai passé les cinq dernières années à travailler exclusivement à des enquêtes visant des armes à feu. J'ai suivi des cours spécialisés en la matière donnés par d'autres organismes d'application de la loi du Canada et des États-Unis. Dans mon poste au sein de l'ENSALA, je suis chargé de présenter des exposés sur le sujet, tant au personnel de mon propre orga-nisme qu'à celui de corps policiers étrangers. Je dis toujours, au début de l'exposé sur les caractéristiques de la personne armée, que nous enseignons en fait bien peu de matière nouvelle aux policiers; notre travail consiste vraiment à leur rappeler de rester attentifs aux diverses particularités qu'ils remarquent déjà chez les personnes armées en tant que policiers chevronnés.
Quelles sont certaines des caractéristiques d'une personne armée?
Une des choses que je mentionne lors de l'exposé d'une demi-journée que je présente aux policiers est la tendance à toucher fréquemment une arme dissimulée.
Les criminels utilisent rarement un étui, signe visible qu'ils portent ou ont porté une arme à feu. Ils gardent donc leur arme sur eux, dans une poche ou à la ceinture, par exemple, ce qui les amène inconsciemment à la toucher souvent du coude pour vérifier si elle est encore là, surtout en descendant de voiture. C'est un geste que bien des policiers font aussi, sans même s'en rendre compte.
D'autres signes courants se voient à l'habillement du sujet. Les criminels choisissent souvent leurs vêtements en fonction du besoin précis de mieux dissimuler des armes à feu. Par exemple, ils peuvent enfiler des morceaux excessivement amples ou mal adaptés au temps qu'il fait.
À quoi faut-il porter attention au premier abord, lors d'un contrôle routier par exemple?
Pour reconnaître les signes d'une personne armée dans un véhicule, il faut notamment surveiller les mouvements des occupants. Il est impossible pour un sujet de tirer une arme à feu de sa ceinture ou de sa poche sans hausser les épaules, ou de la cacher sous le siège ou dans un compartiment à l'arrière du siège sans les baisser. Ce sont des choses que les policiers remarquent déjà avant la formation, mais on essaie d'aller plus loin et de les amener à réfléchir au pourquoi de ces mouvements.
Est-ce grave si le policier se trompe?
La reconnaissance de ces signes corporels contribue avant tout à la sécurité du policier. Il s'agit de lui rappeler que le fait de remarquer ces caractéristiques réduit les chances de se faire surprendre par un sujet armé. La méthode n'a rien de scientifique, alors elle n'est pas infaillible. Les signes relevés ne serviront pas de base à une poursuite pénale, mais ajoutés à d'autres facteurs, ils font partie des motifs raisonnables nécessaires à l'exécution d'une fouille.
Comment est-ce utile au policier?
Au final, cette formation peut sauver la vie d'un agent. C'est surtout un outil pour favoriser la sécurité du policier. En voyant ces signes, vous prendrez conscience de la possibilité que le sujet puisse être armé et de la nécessité d'user de prudence; si vous procédez à une fouille et que vous découvrez une arme à feu sur le sujet, vous devriez noter dans votre calepin les caractéristiques que vous avez remarquées chez lui et qui vous ont porté à croire qu'il était armé.