Le travail des policiers se définit-il par le paysage qui les entoure? Les crimes commis dans les grands centres urbains sont-ils différents de ceux commis dans les secteurs ruraux? Bien que les réalités du travail policier au centre-ville de Surrey (C.-B.) ne soient pas les mêmes que dans une communauté rurale en Nouvelle-Écosse, elles ont en commun les vols, les problèmes de santé mentale, la toxicomanie et la conduite avec les facultés affaiblies, entre autres.
Dans le présent numéro, nous nous penchons sur l'incidence de la géographie et de la densité de la population sur les interventions et les besoins en matière de services policiers.
Pour notre reportage, Amelia Thatcher s'est rendue dans trois communautés en Nouvelle-Écosse : le secteur côtier isolé de Digby, le grand Halifax et les zones urbaines et rurales de Bible Hill. Elle nous décrit les priorités quotidiennes des membres de la GRC qui y travaillent, comme nouer des liens avec les résidents d'une île éloignée, cibler des centres de criminalité avec la collaboration de services de police urbains ou faire des patrouilles conjointes pour arrêter les conducteurs aux facultés affaiblies dans les comtés voisins.
Les partenariats jouent aussi un rôle clé dans les Prairies. Un article de Deidre Seiden porte sur le travail policier souvent difficile dans les collectivités agricoles éloignées, où les crimes contre les biens (vols et introductions par effraction) peuvent facilement passer inaperçus. Les policiers y collaborent avec les résidents pour mettre en place des programmes de surveillance, encourager la surveillance vidéo et former des groupes pour lutter contre les crimes courants.
Dans le même ordre d'idées, Deidre Seiden a parlé à deux enquêteurs de la GRC en Alberta qui travaillent avec des éleveurs pour prévenir le vol de bétail et mener des enquêtes et qui, grâce à leur connaissance du monde agricole, sont des intermédiaires crédibles entre les policiers et les fermiers et exploitants de ranch. Leur travail permet de contrer le vol de bétail ainsi qu'un crime qui est encore plus lucratif de nos jours : la fraude.
Les crimes contre les biens sont aussi répandus dans les centres urbains, mais ce sont la toxicomanie et les problèmes de santé mentale qui y causent le plus de préjudices.
Les effets dévastateurs du fentanyl se font sentir dans toutes les grandes villes du pays. Cet opioïde mortel est apparu au pays en 2014, dans les rues de centres urbains de la Colombie-Britannique. Le plus grand détachement de la GRC, à Surrey, a été aux premières loges de la crise.
En 2016, le secteur de 135A Street à Surrey a été durement touché. Amelia Thatcher a parlé à des membres de la GRC et à des partenaires de l'équipe pilote de mobilisation de Surrey qui viennent en aide aux sans-abri et aux toxicomanes. L'équipe fait des vérifications de sécurité sociale, détermine les priorités quotidiennes et noue des liens avec des groupes vulnérables.
Le fléau du fentanyl s'est répandu dans d'autres régions, petites et grandes, un peu partout au pays et la situation ne fait qu'empirer. Pour assurer leur sécurité et celle de la population, les policiers doivent recevoir une formation adéquate de sensibilisation aux drogues et l'équipement de protection approprié, suivre la formation obligatoire sur la naloxone, empêcher l'entrée de fentanyl au Canada et intensifier les enquêtes afin d'éliminer l'offre de cette dangereuse substance. De plus, les policiers de la Colombie-Britannique leur transmettent le fruit de leur expérience.
Nous bouclons la boucle avec un article sur la grande contribution d'un petit groupe de policiers et d'employés civils de la GRC qui a participé à la construction d'un poste de police à Ongutoi (Ouganda). Aujourd'hui, la présence policière est permanente et visible dans la communauté et le poste est un endroit sûr où les policiers locaux peuvent travailler. C'est en fait ce dont tout policier a besoin, qu'il travaille à côté d'un gratte-ciel ou près d'une prairie à fauche.