Vol. 79, Nº 1Reportages externes

Policiers à vélo de montagne se tenant en ligne.

Le vélo, un moyen de se rapprocher du citoyen

Une agente de Calgary forme des policiers ukrainiens à la patrouille cycliste

La serg. Katrina O'Reilly, au centre, enseigne les techniques de maîtrise des foules à des patrouilleurs-cyclistes de la police nationale d'Ukraine. Crédit : Fournie par la serg. Katrina O'Reilly

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En juillet dernier, je me suis rendue à Kiev, en Ukraine, à titre de consultante auprès d'Agriteam Canada, partenaire du ministère canadien des Affaires étrangères et de la Mission de conseil de l'Union européenne, dans le but d'appuyer la réforme de la police de patrouille nationale.

Présente là-bas depuis 2015, la GRC, à l'instar d'autres corps policiers canadiens, conseille le ministère de l'intérieur en matière de sécurité. Des agents chevronnés ont été invités à travailler de près avec leurs homologues ukrainiens pour transformer la police nationale en un organisme de confiance, où efficacité, transparence et activité communautaire sont les mots d'ordre.

Le Canada a déjà versé cinq millions de dollars pour l'acquisition d'uniformes et de caméras corporelles, et pour la formation en tactiques de contrôle, en leadership et en affaires publiques. En l'occurrence, le SPC a créé un programme de formation de patrouilleurs-cyclistes.

La police nationale d'Ukraine (PNU) entend, entre autres, améliorer la perception des citoyens et les relations publiques. Compte tenu de la réussite des patrouilles à vélo de montagne au Canada, nous avons montré des exemples concrets de l'utilisation optimale de ce type de vélo lors de rassemblements, en zones piétonnières et dans les patrouilles régulières.

Changer les perceptions

Cinquante patrouilleurs venus des quatre coins d'Ukraine ont découvert les rudiments de la patrouille cycliste. Ils ont appris les techniques de faible vitesse et de déplacement à deux et en groupes, ainsi que les stratégies de communication avec un sujet.

Avant la reconstitution de la PNU en 2015, les citoyens se méfiaient habituellement des policiers. Nul doute qu'aujourd'hui, tout en lui préservant sa position d'autorité, l'allure de l'agent cycliste en short et t-shirt le rend moins intimidant aux yeux de la population. De fait, les patrouilleurs à vélo ont deux fois plus d'échanges positifs avec le public. En étant plus faciles d'approche, ils projettent une nouvelle image.

La PNU en est à ses débuts. Ses agents éduqués, enthousiastes et fortement dévoués nous ont été reconnaissants et nous ont posé beaucoup de questions, notamment s'il était acceptable de serrer la main à un membre du public. Nous leur avons réitéré l'importance d'être accessible, amical et à l'écoute.

Si elles sont essentielles aux initiatives de police communautaire, les patrouilles cyclistes trouvent leur place dans d'autres interventions, telles que la maîtrise des foules et des manifestations. Les participants ont appris que même devant une foule incontrôlable, ils sont en mesure d'établir un rapport avec le public et de désamorcer des situations avant qu'elles ne se dégradent. Ils peuvent non seulement intervenir rapidement, mais faire barrière avec leurs vélos dans divers scénarios.

Durant la formation, les apprentis ont regardé des vidéos et des photos d'agents cyclistes canadiens au Sommet du G8, au Red Mile des Flames de Calgary (tronçon de rue où se réunissent des milliers d'amateurs de hockey) et à des manifestations anti-racisme auxquelles participent des foules monstre et potentiellement violentes. Ils ont constaté leur efficacité et leur professionnalisme, et se sont réjoui de les voir utiliser les médias sociaux – égoportraits d'agents discutant avec des membres du public.

Pendant l'annonce de la composition de l'équipe olympique à Kiev la semaine suivant la formation, des spectateurs n'ont cessé d'interpeler les policiers pour leur parler et se faire photographier avec eux. Ces patrouilleurs fraîchement émoulus, les mêmes qui s'interrogeaient sur la poignée de main, n'ont pas tardé à nouer des liens avec leur collectivité.

Bien se faire comprendre dans une autre langue

L'aspect le plus difficile de la formation a probablement été d'enseigner dans un pays où l'anglais n'est pas une langue parlée couramment. Un interprète était toutefois présent pour traduire chaque phrase. Ce n'était pas chose facile, mais au bout d'une journée, nous nous sommes habitués à communiquer les plans de leçon efficacement avec son aide.

La communication occupant une place prépondérante dans le travail policier et la formation, nous craignions que les notions et les méthodes essentielles soient omises dans la traduction. Heureusement, un employé civil professionnel des communications au SPC avait préparé le terrain en conseillant sur place les policiers au sujet de la sensibilisation et de la communication avec le public, et de l'engagement citoyen et policier. Grâce à leur formation aux relations avec les médias, bon nombre d'agents comprenaient déjà l'importance d'une communication ouverte avec le public et les médias. Le message traduit véhiculait bien cette idée.

La formation a été une occasion de s'enrichir et d'échanger des idées et du savoir-faire. En transmettant à leurs homologues ukrainiens les principes de la police communautaire, selon lesquels les policiers sont des civils et non des soldats, et un corps policier est une organisation au service de la communauté et responsable envers elle, nos agents ont, nous l'espérons, montré le bon exemple.

Agente cycliste pendant plus de la moitié de sa carrière de 20 ans au sein du Service de police de Calgary, la serg. Katrina O'Reilly enseigne la patrouille à vélo à de nombreux policiers et agents de la paix dans l'Ouest canadien et aux États-Unis.

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