Vol. 76, Nº 3Reportages externes

Un riche héritage

Une bande dessinée fait revivre des héros du passé

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Il y a cent treize ans, Alex Decoteau marquait l'histoire de la police canadienne.

Ce jeune Métis de la Saskatchewan s'est installé à Edmonton en 1909 pour travailler dans l'atelier d'usinage de son beau frère. Deux ans plus tard, il entrait au Service de police d'Edmonton (SPE), devenant ainsi le premier agent autochtone au pays.

Aujourd'hui, la vie d'Alex est le sujet de Legacy of Heroes, une bande dessinée électronique écrite et illustrée par des membres du SPE.

Faire revivre le passé

« Nous voulions faire de cette B.D. une chronique des membres et des événements du passé du Service pour les faire connaître au public, explique Michael James, superviseur à la Section des communications générales du SPE. Nous sommes très fiers de notre histoire et voulons la transmettre aux Edmontoniens. »

M. James estime que des anecdotes positives sur les policiers inspireront les générations futures à embrasser une carrière dans la police.

Le premier numéro a été publié en mars sur le site Web et la page Facebook du SPE après deux mois de labeur intensif par l'auteur, Jeff Awid, et l'illustrateur, Jared Robinson.

« Au départ, j'ai amorcé des recherches sur la vie d'Alex en vue d'un documentaire que je souhaitais produire », explique M. Awid.' Le documentaire ne s'est pas concrétisé, mais la vie d'Alex a marqué M. Awid. Employés civils au Groupe des médias numériques du SPE, MM. Awid et Robinson produisent des vidéos didactiques et d'information pour les sites Web interne et externe du SPE, ainsi que pour des campagnes télévisées de sensibilisation publique.

Legacy of Heroes est leur première B.D.

« Jeff et moi venions de terminer une série de vidéos accaparante et voulions relever un nouveau défi, déclare M. Robinson. Nous étions en quête d'inédit. »

Amateur de longue date de héros comme l'Homme araignée et Batman, M. Awid a proposé à Jared Robinson l'idée d'une bande dessinée sur le SPE, s'inspirant de la popularité actuelle des B.D. et des romans illustrés en version imprimée, électronique ou au grand écran.

« Nous avons jonglé avec quelques concepts, explique-t-il. Nous avons même créé une escouade fictive d'agents et élaboré des histoires à leur sujet. »

La tâche était étonnamment ardue et, comme le projet menaçait de s'enliser, M. Awid s'est souvenu de son documentaire avorté sur Alex Decoteau. La vie du premier policier autochtone au Canada semblait faite sur mesure pour une B.D.

Une leçon d'histoire

« Une fois notre choix arrêté sur le récit d'Alex, tout est tombé en place », explique Jared Robinson. Les partenaires ont décidé d'adresser la B.D. aux élèves de l'élémentaire. En veillant à la fidélité historique du récit et en incluant une série de questions à débattre sur des sujets variés comme les pensionnats, les Jeux olympiques et la Première Guerre mondiale, ils ont su créer un outil didactique divertissant.

« Beaucoup de jeunes trouvent l'histoire un sujet lassant. Mais sous forme de bande dessinée colorée, tout de-vient soudainement captivant », souligne M. Awid.

Pour l'insp. Dan Jones, qui supervise les Relations avec les Autochtones au SPE, l'histoire d'Alex Decoteau renferme des leçons importantes tant pour les enfants que pour les adultes.

« La vie d'Alex illustre le triomphe de la persévérance sur l'adversité, dit-il. Il n'avait que trois ans lorsque son père a été assassiné. Sa mère n'ayant pas les moyens de s'occuper de ses enfants, ceux-ci ont été envoyés à un pensionnat où ils ont passé leur jeunesse. La plupart des jeunes auraient abandonné la partie, mais pas Alex. »

Son histoire montre aux jeunes qu'ils peuvent réaliser leur rêve de faire n'importe quel métier, y compris celui de policer, peu importe les difficultés qui se présentent dans la vie.

L'étoffe d'un héros

« Le thème de la B.D. est la passion d'Alex pour la course à pied, explique M. Awid. Toutes les réalisations dans la vie d'Alex prennent source dans ses aptitudes de coureur. »

À l'âge de 18 ans, Alex gagnait toutes les courses où il s'inscrivait. « Il était très connu en Alberta et en Saskatchewan, relate Izola Mottershead, la nièce d'Alex. Les gens venaient de partout pour le voir courir. »

Une fois à Edmonton, Alex s'est joint à l'association canado-irlandaise du sport d'Edmonton, où il a fait la connaissance d'agents de la police d'Edmonton.

Impressionnés par ses prouesses sportives et son naturel attachant, ceux-ci ont encouragé Alex à devenir policier.

« Dans chaque numéro, nous souhaitons donner au lecteur une idée des événements dans le monde à l'époque et de leurs répercussions sur des personnes comme Alex », précise M. Awid.

Alex Decoteau a servi dans le SPE de 1911 à 1916. Au cours de cette période, il a fait partie de l'équipe de natation olympique du Canada et participé aux Jeux de 1912 à Stockholm. Peu après le début de la Première Guerre mondiale, il s'est enrôlé dans l'armée canadienne.

Du stylo à l'ordinateur

M. Awid a rédigé la première ébauche du manuscrit en quelques jours, s'inspirant de documents historiques et de souvenirs de famille. « De nombreux effets personnels d'Alex sont exposés dans l'atrium du quartier général du SPE. Leur vue au quotidien est un rappel constant qu'Alex a véritablement existé, et nous avons le devoir de raconter son histoire avec fidélité. »

Pour Jared Robinson, illustrer des événements survenus il y a un siècle pose des difficultés particulières. « Lorsque je peins ou dessine, j'ai tendance à laisser libre cours à mon imagination. Dans ce cas-ci, j'ai dû m'astreindre à plus de réalisme. »

Afin d'assurer la fidélité de ses illustrations, M. Robinson a scruté des photos de famille d'Alex et des photos d'Edmonton au début du XXe siècle.

Le duo d'artistes a consacré deux mois à la réalisation de la B.D. pour ensuite la présenter à leur superviseur, Michael James.

Ce dernier a tout de suite vu l'utilité de Legacy of Heroes sur le plan des relations publiques.

« Trop souvent, les récits publiés sur la police sont négatifs, explique-t-il. La bande dessinée se veut une tentative de contrebalancer le côté négatif et, du même coup, de sensibiliser le public au travail de la police d'Edmonton. »

Un accueil favorable du public

Legacy of Heroes a été lancée en ligne en mars 2014. Une édition imprimée spéciale a aussi été distribuée lors du rassemblement de la Commission de vérité et de réconciliation (CVR), à Edmonton. La Commission n'avait jamais entendu parler d'Alex, précise l'insp. Jones, qui assurait la liaison entre le SPE et la CVR.

La CVR a demandé l'autorisation de distribuer la B.D. aux élèves participant à la première journée des travaux. « Nous avions fait imprimer 3 000 exemplaires, dit-il, mais l'accueil a été si favorable que nous avons dû en imprimer 5 000 de plus pour les éducateurs et les écoles. »

L'accueil réservé à la version électro-nique de la B.D. est tout aussi positif. Plus de 1 600 personnes au Canada et en des endroits aussi éloignés que Hong Kong et l'Australie l'ont lue sur le site Web du SPE, et 3 000 autres en ont entendu parler grâce à un message publié sur la page Facebook du service.

L'Edmonton Journal a publié un article à la une sur Legacy of Heroes, ce qui a piqué l'intérêt d'autres médias, dont les réseaux Global, CBC, CTV et APTN, qui en ont parlé dans leur bulletin de dix-huit heures.

« L'accueil des médias et du public nous montre que l'histoire du SPE est importante pour les citoyens, souligne M. James. Nous ne savions pas à quoi nous attendre. De telles réactions positives face à une nouvelle initiative sont inspirantes. »

Le deuxième numéro de Legacy of Heroes est déjà en préparation. Cette fois, MM. Awid et Robinson s'intéressent à l'aviation et au premier avion utilisé par le SPE dans la poursuite d'un criminel.

Le SPE envisage aussi d'autres façons de tirer parti de bandes dessinées pour véhiculer des messages au public, notamment aux citoyens non anglophones.

Pour M. James, il s'agit d'un outil des plus polyvalents pour mobiliser la collectivité.

Pour de plus amples renseignements : www.edmontonpolice.ca

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