Même en faisant de l'exercice et en mangeant sainement depuis des années, certains membres demeurent affectés par des événements traumatisants vécus sur le terrain. Mallory Procunier s'est entretenue avec le psychologue David Lingley, Ph.D., qui travaille auprès de nombreuses équipes opérationnelles intégrées de la Division E, au sujet de l'aide psychologique à laquelle on a trop peu souvent recours.
Quels conseils donnez-vous aux membres qui ont vécu des expériences perturbantes?
Quelle que soit la gravité de leur traumatisme, la majorité des policiers s'efforcent surtout de chasser tous leurs souvenirs de l'événement. C'est logique, mais plus ils agissent ainsi, plus le traumatisme s'incruste et se manifeste dans d'autres aspects de leur vie. Mon plus gros défi auprès des policiers consiste à les amener à affronter leur traumatisme, ce qui, d'un point de vue thérapeutique, s'avère plus efficace à long terme.
Que faites-vous lorsque des membres sont très réticents à revivre l'événement en pensée?
Tout d'abord, il faut que je tente d'établir une relation de confiance avec le membre. Pour qu'il suive mes conseils, il faut qu'il croie que mes propos sont valides et que je peux comprendre le stress qu'il vit en lien avec le traumatisme. En général, les membres ne sont pas réticents à se remémorer les événements. J'essaie d'abord de les amener à se souvenir d'éléments gérables. Puis, je les encourage à parler d'autres aspects de l'événement, mais s'ils deviennent trop bouleversés et si j'estime que l'exercice leur cause plus de tort que de bien, je peux recourir à divers moyens pour les ramener dans le présent. C'est comme prendre une pause du traumatisme.
Selon vous, pourquoi les membres hésitent-ils à s'adresser à vous dès le départ?
Pour une raison ou une autre, beaucoup de gens ont honte de voir un psychologue. Certains peuvent penser qu'ils sont faibles ou que quelque chose cloche chez eux. Ils peuvent craindre que les autres les croient fous, car il n'y a que les dérangés qui consultent. Cela dit, beaucoup plus de membres viennent me voir, et beaucoup plus facilement et rapidement que lorsque j'ai commencé à travailler auprès d'eux il y a 15 ans. Le bouche-à-oreille fait son œuvre. Sans doute qu'on en parle plus dans les détachements et qu'on encourage plus les membres à consul-ter aujourd'hui, ce qui est une bonne chose. C'est un pas dans la bonne direction, il n'y a pas de doute.
Après vous avoir consulté, que peuvent faire les membres pour atténuer leurs symptômes?
Ils peuvent tenter d'adopter des habitudes de vie saines. L'exercice physique, aussi simple que de promener le chien deux fois par semaine, pourrait les aider à gérer un peu mieux le stress. Mais je les encourage aussi à se confier à propos de ce qu'ils vivent : il n'est pas rare qu'un membre me dise qu'il fait régulièrement des cauchemars très perturbants, mais qu'il n'en parle pas à sa conjointe. J'essaie également de proposer aux membres différentes stratégies pour les aider à détecter les accumulations de stress et à mieux les gérer.
Que diriez-vous aux membres pour les convaincre de l'importance de consulter?
J'ai l'habitude de demander aux membres combien de fois par année ils entretiennent leur véhicule. Je leur dis alors que leur santé mentale tirerait elle aussi profit d'un entretien régulier. Contrairement aux citoyens moyens, les membres réguliers s'exposent à des situations extrêmes, c'est pourquoi il leur est essentiel de consulter un psychologue. Il leur faut prendre soin d'eux-mêmes à différents égards, et ils doivent l'accepter.
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