Les ravisseurs d'enfants ont besoin de deux choses : temps et anonymat.
La Missing Children Society of Canada (MCSC) travaille avec les organismes canadiens d'application de la loi pour les priver de ces deux avantages.
Tout a commencé avec une question. En 2012, la directrice générale de la MCSC Amanda Pick a demandé aux membres du Service de police de Calgary (SPC) comment elle pouvait contribuer à sensibiliser davantage la population aux disparitions d'enfants.
C'est alors qu'est né le programme de recherche baptisé « milk carton 2.0 » par les médias, un programme qui aide la police à ramener les enfants disparus dans leur famille.
« La disparition d'un enfant touche les gens profondément, affirme Mme Pick. Nous avons mis au point une technologie qui permet aux gens d'intervenir avant même qu'un incident ne survienne et je pense que c'est là que réside la force du programme. »
Miser sur la technologie
Le programme est en fait un réseau d'intervention rapide qui a recours au ciblage géographique, aux médias sociaux et à des applications mobiles pour transmettre des alertes et de l'information en temps réel sur des enfants portés disparus ou enlevés.
Les particuliers et les entreprises peuvent « faire don » de leur espace dans les médias sociaux et faire partie d'une équipe de recherche en ligne. Lorsqu'un enfant est porté disparu dans leur coin, des messages s'affichent dans leur fil de nouvelles, y compris les détails et les descriptions de la police, ce qu'il faut surveiller et comment communiquer des renseignements pertinents à la police.
« Les gens ont un rôle à jouer dans les enquêtes sur des personnes disparues – ils sont nos yeux sur la route et on a besoin d'eux, précise l'insp. Carole Bird, du Centre national pour les personnes disparues et les restes non identifiés. Il faut communiquer avec le plus grand nombre de personnes possible. » L'insp. Cliff O'Brien du SPC dit s'être rendu compte du potentiel d'un tel programme pour ces enquêtes dès que Mme Pick lui en a parlé.
« C'est un outil relativement simple, mais très efficace, souligne l'insp. O'Brien. Contrairement à la centaine de courriels qu'on reçoit chaque jour, l'alerte s'affiche directement sur notre téléphone, ce qui fait qu'on a immédiatement accès à l'information. »
Durant la phase pilote, le SPC a mis à l'épreuve la technologie lorsqu'une fille de 14 ans s'est enfuie avec un homme violent dans la trentaine. Croyant qu'ils s'étaient rendus en C.-B., le SPC a activé CodeSearch , une application d'intervention rapide, dans les secteurs pertinents.
« L'information a vite été transmiseà 1,3 million de personnes, poursuit l'insp. O'Brien. Voyant que sa photo et celle de la fille étaient partout, le suspect est devenu paranoïaque et est retourné à Calgary, où nous l'avons arrêté. »
Promouvoir des cas de disparition
En mai, Mme Pick a présenté le programme à l'Association canadienne des chefs de police (ACCP). Celui-ci a été approuvé à l'unanimité par les membres, à qui l'on a ensuite demandé de quelle façon ils pourraient y participer et l'utiliser à l'appui des méthodes d'enquête policière traditionnelles.
L'insp. Gibson Glavin, membre de la GRC en Alberta, travaille avec Mme Pick pour lancer le programme dans la province. Jusqu'à présent, le programme s'est révélé être un outil précieux lorsque les cas ne répondent pas aux critères d'une alerte Amber.
« On recevait des appels de membres qui nous demandaient de déclencher une alerte Amber pour un enfant porté disparu, mais un ou deux critères n'étaient pas remplis, explique l'insp. Gavin. Naturellement, ils étaient frustrés. Ce programme comble cette lacune. »
La GRC en Alberta s'efforce actuellement de faire connaître le programme à ses membres. Il a même été intégré à la politique provinciale sur les alertes Amber pour que les membres puissent voir rapidement les options dont ils disposent.
« Plus l'enlèvement d'un enfant dure longtemps, plus les chances de le ramener à la maison en toute sécurité diminuent, ajoute l'insp. Glavin. Ce programme permet de diffuser rapidement l'information à la population. »
Mme Pick dit que la MCSC espère mettre fin aux enlèvements d'enfants au Canada, un objectif certes ambitieux, mais réalisable si l'on s'assure que les ravisseurs sont reconnus et arrêtés immédiatement.
« Au départ, mettre ce programme en place semblait être une tâche énorme, admet Mme Pick. Puis on s'est demandé : "Et si la photo de l'enfant apparaissait partout? Et si le ravisseur ne pouvait pas se promener dans la rue sans être reconnu?" Quand toute la communauté ouvre l'œil, c'est là qu'on verra un véritable changement. »