Entre 2009 et 2019, les services de police au Canada ont fait état à Statistique Canada de plus de 2 400 cas de traite de personnes, la vaste majorité des victimes étant de jeunes femmes et de jeunes filles. Partout au pays, des policiers de la GRC font de la sensibilisation, donnent de la formation et prennent des mesures de répression pour mettre fin à ce type d'exploitation.
« La traite de personnes peut se produire n'importe où, que ce soit dans un secteur défavorisé ou aisé, dans une grande ville ou un petit village
», affirme le cap. David Lane de la GRC, enquêteur de l'équipe provinciale de lutte contre la traite de personnes en Nouvelle-Écosse.
Apprendre à reconnaître la traite de personnes
La traite de personnes est le fait de recruter, de déplacer et de contrôler des personnes, souvent à des fins sexuelles ou de travail forcé. Les criminels repèrent les facteurs de vulnérabilité d'une personne, par exemple le désir d'être aimé ou le besoin d'appartenance, ou encore une dépendance, et ont recours à la violence, à l'intimidation ou à la tromperie pour avoir la mainmise sur leur victime.
La Section nationale sur la traite de personnes de la GRC à Ottawa offre un éventail de présentations que les policiers peuvent donner aux membres du public, y compris des séances de discussion adaptées aux jeunes, aux Autochtones et aux groupes communautaires.
« Le citoyen moyen ne connaît pas nécessairement les formes que peut prendre la traite de personnes
», explique Melina Larizza, coordonnatrice de projet à la Section nationale sur la traite de personnes. « Il faut faire la distinction entre une personne victime de la traite et une autre qui choisit de vendre son corps, mais les gens ne savent pas toujours faire la différence.
»
À ses débuts comme policière à la GRC, la gend. Kristin Appleton n'était pas au courant de l'ampleur du problème. « Je ne pensais pas du tout que ça pouvait arriver dans nos collectivités
», avoue-t-elle.
Comme elle voyait de plus en plus de dossiers de traite de personnes, elle s'est mise à faire de la sensibilisation à cet égard et aujourd'hui, elle enseigne à d'autres enquêteurs dans le cadre du cours sur la traite de personnes offert par le Collège canadien de police.
« La traite de personnes peut être payante pour les criminels. Les enfants, les adolescents et les personnes vulnérables en sont les cibles. J'ai vu des enfants d'à peine 11 ans parmi les victimes de la traite
», déplore la gend. Appleton.
La sensibilisation ne se résume pas à la diffusion de messages d'intérêt public. L'an dernier, la GRC en Alberta a commencé à offrir un cours de sensibilisation à la traite de personnes aux employés de l'Aéroport international d'Edmonton. Aujourd'hui, des milliers de personnes, dont des agents de la GRC et de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), des employés d'aéroports et de compagnies aériennes, et des travailleurs des secteurs de l'hôtellerie et de la restauration sont en mesure de reconnaître des activités liées à la traite de personnes et savent à qui les signaler.
Une nouvelle stratégie
Selon le cap. Lane, les campagnes de sensibilisation sont efficaces.
En 2019, lorsque l'équipe provinciale de lutte contre la traite de personnes a été créée en Nouvelle-Écosse, des policiers ont travaillé avec Échec au crime pour revoir sa campagne de sensibilisation à la traite de personnes. On a mis de côté les photos dramatisées de personnes menottées et ayant la bouche recouverte de ruban adhésif pour faire place à des récits réels de victimes et à de l'information sur les signaux d'alarme.
Et cette nouvelle stratégie a porté ses fruits.
« Cette année-là, nous avons reçu plus d'appels et d'éléments d'information que ce qu'Échec au crime avait jamais reçu
», poursuit le cap. Lane. La gend. Appleton dit que lorsqu'une victime voit des images dramatiques qui ne correspondent pas à ce qu'elle vit, elle risque de ne pas comprendre qu'elle vit de la traite de personnes. « Dans la réalité, il peut s'agir d'un proxénète qui se lie d'amitié avec sa victime et qui la couvre d'attentions avant de commencer à la manipuler pour la forcer à travailler pour lui
», ajoute-t-elle.
La priorité aux victimes
Par ailleurs, la sensibilisation est primordiale pour que les victimes sachent qu'elles pourront avoir du soutien dès qu'elles seront prêtes à dénoncer la situation.
« Les personnes vulnérables ont vécu tellement d'épreuves qu'il est impératif, en tant qu'agents d'application de la loi, de ne pas porter de jugement à l'égard des victimes et des survivants, de faire preuve de bienveillance à leur endroit et de tenir compte de leurs traumatismes
», conclut la gend. Appleton.
L'adoption d'une approche centrée sur les victimes aide les policiers à établir un lien de confiance avec les victimes et à les aiguiller vers les services de soutien appropriés. « Nous leur demandons ce qu'elles désirent. Il arrive qu'elles s'arrêtent presque dans leur élan, car nous sommes les premiers à leur poser des questions à propos d'elles
», confie le cap. Lane.
Les signaux d'alarme
Il se peut que des personnes ne soient pas conscientes qu'elles ont été recrutées pour la traite et se trouvent dans une situation dangereuse. Voici les signes qu'une personne pourrait être victime de traite de personnes :
- Elle semble être sous l'emprise d'une autre personne et doit être régulièrement en contact avec celle-ci par téléphone ou par texto.
- Elle reçoit des cadeaux coûteux sans raison apparente.
- Elle se met à porter des vêtements, de la lingerie, des chaussures et des sacs à main nouveaux et chers.
- Elle s'éloigne de ses amis et de sa famille.
- Elle n'exerce pas de contrôle sur son argent ou ses documents personnels, par exemple son passeport ou son permis de conduire.
- Elle a commencé un emploi qui semble trop beau pour être vrai.
Si vous croyez être victime ou si vous connaissez une personne qui pourrait être victime de la traite de personnes, appelez la ligne d'urgence au 1-833-900-1010.