En août 2016, les problèmes qui valaient depuis des années à la rue 135A de Surrey sa réputation de quartier malfamé ont pris une tournure sinistre : la crise du fentanyl avait frappé.
Les surdoses y avaient atteint un sommet et les violences de plus en plus nombreuses y amenaient les policiers du Détachement de Surrey de la GRC plusieurs fois par jour.
« On ne pouvait pas juste fermer les yeux sur ce qui se passait là, affirme le serg. Trevor Dinwoodie, du Détachement de Surrey. On savait qu'il fallait travailler de façon concertée pour régler les problèmes d'itinérance, de dépendance et de marginalisation qui touchent le secteur. Alors c'est ce qu'on a fait. »
En décembre dernier, la Ville de Surrey et la GRC ont mis sur pied une équipe de proximité pour améliorer le quartier et aider ses résidants dans le cadre d'un projet pilote de trois ans. L'équipe compte 12 policiers de la GRC qui patrouillent dans le secteur en tout temps, quatre agents d'application des règlements municipaux qui leur prêtent main-forte le jour et plusieurs intervenants communautaires des domaines de la santé, de l'hébergement et des services sociaux.
« On se complète et on s'entraide, résume Martin Blais, agent d'application des règlements municipaux à Surrey. L'objectif est d'assurer la sécurité des résidants de la rue 135A. »
Travailler en partenariat
L'équipe a comme centre de commandement un petit bureau portatif dans la rue 135A. Les agents de la GRC et de l'application des règlements municipaux peuvent y rencontrer leurs partenaires communautaires, dont les services médicaux d'urgence, la Fraser Health Authority, la Lookout Society et les refuges de la Surrey Mission. Chaque matin, ils discutent du nombre de lits disponibles, de l'utilisation des ressources et des priorités de la journée.
Bien que la répression fasse partie de son mandat, l'équipe s'efforce surtout de nouer des relations avec les groupes vulnérables et de les orienter vers des ressources.
« Nous collaborons avec les gens qui vivent dans la rue, que ce soit pour les aider à obtenir des pièces d'identité ou pour les mettre en contact avec des services sociaux auxquels ils n'ont pas encore eu recours. Nous faisons de tout, explique le serg. Dinwoodie. Notre but premier est d'améliorer leur vie et non de les emprisonner parce qu'ils sont toxicomanes. »
Faire des vérifications
Les agents de police et d'application des règlements municipaux sont les premiers arrivés chaque matin. L'une des tâches principales de l'équipe est de vérifier s'il n'y a pas eu de surdoses.
« Nous allons d'une tente à l'autre pour voir si tout va bien, note le gend. Ryan Tobin, membre de l'équipe. Si personne ne répond, nous vérifions ce qu'il en est. »
Il y a quelques semaines, pendant l'une de ces vérifications, un nouveau policier a aperçu un sans-abri inconscient. Il a appelé le gend. Tobin, et ensemble ils ont coupé la paroi de la tente pour en extraire le sujet, qui ne présentait aucun signe vital. Il avait fait une surdose de fentanyl.
Le gend. Tobin a utilisé sa radio pour appeler une ambulance, qui a transporté l'homme à l'hôpital, où il a été branché à un ventilateur. Il a survécu, mais tout juste.
« C'était un beau coup. Quelques minutes de plus et il serait décédé », souligne le gend. Tobin.
Changer les choses
De janvier à mai 2017, Surrey a connu 713 surdoses de drogue, dont 69 mortelles. Le quartier 135A a vu la majorité de ces surdoses, mais seulement cinq des décès qui en ont résulté.
« La fréquence et l'ampleur des actes de violence ont beaucoup diminué depuis que nous sommes là, constate le serg. Dinwoodie. Un policier peut le sentir quand il y a de la haine dans l'air. Ce n'est plus tellement le cas dans la rue 135A. »
Depuis que l'équipe de proximité de Surrey est en fonction, les demandes d'intervention dans le quartier 135A ont baissé de 14 p. 100. Elle a jusqu'à maintenant dirigé plus de 80 sans-abri vers des services d'hébergement, de conseils en matière de dépendance et d'aide en santé mentale.
Selon le gend. Tobin, elle doit son succès en bonne partie au fait qu'elle mise plus sur la communication que sur les arrestations.
« Nous ne faisons pas qu'arriver en auto-patrouille, régler le problème puis repartir, souligne-t-il. Nous connaissons les noms des gens et ils connaissent les nôtres. C'est un peu comme si nous étions les shérifs dans leur Far West. Ils savent que nous ferons un suivi. »