Vol. 76, Nº 3À l'avant-scène

Récentes études policières

La répression au moyen d'alcootests aléatoires consiste à arrêter des conducteurs au hasard pour analyser leur haleine et vérifier s'ils ont les facultés affaiblies par l'alcool.

Les extraits suivants d'études récentes en matière de justice et d'application de la loi reflètent les vues et les opinions des auteurs, mais pas nécessairement celles de leur organisation d'attache. Les rapports intégraux sont accessibles au site Web indiqué à la fin de chaque résumé.

La victimisation avec violence : répercussions sur la santé des femmes et des enfants

Par Nadine Wathen

La violence envers les femmes et les enfants, problème social omniprésent au Canada, entraîne une variété d'importantes répercussions sociales et économiques qui touchent les femmes, les enfants, les familles et les collectivités. Ce rapport examine les conséquences de la violence entre partenaires intimes (VPI) commise à l'endroit de femmes et sous le regard d'enfants, plus précisément ses effets sur la santé tant physique que mentale, y compris les liens qu'elle présente avec des comportements nuisibles à la santé et avec des affections minant la qualité de vie.

On entend par VPI la violence physique, sexuelle, psychologique ou financière entre conjoints ou ex-conjoints, mariés ou en union libre.

De nombreuses études canadiennes, menées à l'échelle nationale auprès de l'ensemble de la population ou fondées sur de vastes échantillons de personnes dans des situations variées, ont révélé une série assez constante de facteurs démographiques et relationnels associés à la VPI : le fait d'être jeune, d'être en union libre ou d'être séparé; la consommation d'alcool ou de drogue par le partenaire masculin, le fait qu'il soit chômeur ou sous-employé et le fait qu'il ait un comportement dominateur. En outre, le fait d'avoir été témoin de violence conjugale pendant l'enfance augmente les risques de devenir plus tard la victime ou l'auteur de tels comportements.

La violence envers les femmes et les enfants a d'importantes répercussions sur leur santé physique, mais les souffrances qui en découlent prennent en grande partie la forme de troubles aigus et chroniques de santé mentale. Les principaux troubles mentaux associés à cette violence sont la dépression, l'anxiété, le stress post-traumatique, les problèmes liés à la consommation d'une substance et les troubles somatiques.

Sur le plan physique, on associe notamment à la VPI les problèmes de santé suivants : troubles génésiques, maladies chroniques et infectieuses, troubles gynécologiques, maladies transmissibles sexuellement, avortements risqués et grossesses non désirées.

Les agressions sexuelles commises par des non-partenaires produisent plusieurs effets physiques et mentaux similaires à ceux décrits plus haut, sauf que ces agressions prennent en général une forme aiguë comparativement à la nature plus chronique de la VPI, qui comporte souvent des formes multiples de maltraitance et de domination physiques, sexuelles et psychologiques.

Les personnes ayant été témoins de VPI durant leur enfance sont davantage susceptibles de connaître des problèmes d'ordre psychologique, social et comportemental, y compris des troubles d'anxiété et de l'humeur, des problèmes de toxicomanie et des difficultés scolaires pendant l'enfance et l'adolescence. Ces problèmes risquent de se perpétuer à l'âge adulte et de faire partie d'un cycle de violence intergénérationnel.

La violence sexuelle subie pendant l'enfance est associée à de nombreux troubles, notamment en matière de santé mentale ou physique, d'éducation, de comportement criminel et de fonctionnement interpersonnel, tous ces problèmes se chevauchant les uns les autres.

Si les blessures physiques et la mort comp-tent parmi les répercussions de la violence sur la santé, les problèmes mentaux à long terme en sont cependant les effets les plus courants, et ils contribuent à leur tour à accroître les risques pour la santé physique ainsi que la probabilité que les personnes touchées se livrent elles-mêmes à la violence ou en soient victimes de nouveau.

Pour consulter le rapport intégral : www.justice.gc.ca.

Markets for cybercrime tools and stolen data: Hacker's bazaar (en anglais seulement)

Par Lillian Ablon, Martin C. Libicki et Andrea A. Golay

La cybercriminalité foisonne grâce à l'émergence de marchés noirs qui permettent d'en vendre autant les outils (p. ex. : trousses d'exploitation) que le butin (p. ex. : données de carte de crédit).

Ce rapport décrit les caractéristiques fondamentales de ces marchés, leur évolution jusqu'à maintenant et le préjudice que peut porter leur existence à la sécurité de l'information. Comprendre l'état actuel de ces marchés et les prévisions à leur égard permet d'examiner les moyens d'en limiter l'incidence potentiellement nuisible.

De l'avis des experts, on verra, dans les années à venir, un recours accru aux darknets et aux cryptomonnaies, des maliciels garantissant mieux l'anonymat et un intérêt grandissant pour le chiffrement et la protection des communications et des transactions. La capacité de lancer des cyberattaques dépassera vraisemblablement les moyens d'y parer, l'aspect de plus en plus réseauté ou virtuel de la criminalité ouvrira davantage la porte aux marchés noirs, et l'offre ou le courtage de services de piratage prendront de l'ampleur.

Là où les experts ne s'entendent pas, c'est sur la question de savoir qui sera le plus touché par la croissance des marchés noirs (particu-liers ou entreprises, petites ou grandes), quels produits gagneront en popularité (biens fongibles, tels les fichiers de données et les informations de cartes de crédit, ou non fongibles, telle la propriété intellectuelle) ou quels types d'attaques seront les plus courants (attaques persistantes et ciblées ou opportunistes et massives).

Principales constatations

  • Le marché noir virtuel a pris la forme d'un réseau de groupes fort structurés qui ont souvent des liens avec le crime organisé traditionnel et avec des États-nations.
  • Comme dans un marché légitime ou une entreprise criminelle typique, les acteurs communiquent par divers moyens, passent des commandes et obtiennent des produits.
  • Le marché noir évolue comme les autres en fait d'innovations et de croissance.
  • Beaucoup croient le marché noir virtuel plus profitable que le narcotrafic.
  • La paranoïa suscitée par la récente poussée de descentes incite à l'utilisation de darknets et de techniques de chiffrement, de dissimulation et de préservation de l'anonymat, limitant l'accès aux sphères les plus évoluées du marché noir.
  • Les interventions de la police s'améliorent au rythme de son savoir technologique, les suspects visent des cibles de taille à attirer davantage l'attention, et un nombre croissant de crimes deviennent repérables dans le cyberespace en raison de leur aspect numérique.
  • Malgré tout, le marché noir virtuel demeure résilient et connaît une croissance fulgurante, déjouant par l'innovation le perfectionnement des moyens de défense et de répression à mesure qu'apparaissent dans le monde des technologies et des relations exploitables.

Pour consulter le rapport intégral : www.rand.org.

Effective drink driving prevention and enforcement strategies: Approaches to improving practise (en anglais seulement)

Par Kiptoo Terer and Rick Brown

En Australie, où une importante proportion de la population reconnaît conduire après avoir bu, l'ivresse au volant reste un phénomène préoccupant, qui figure au nombre des principales causes de décès (30 p. 100) et de blessures graves (9 p. 100) sur la route.

Cette étude porte sur les facteurs qui contribuent à l'efficacité des mesures dissuasives ciblant tant l'ensemble de la population que les récidivistes. Elle se penche sur quatre moyens de répression et de prévention fondamentaux, à savoir les alcootests aléatoires, les campagnes publicitaires, les sanctions pour ivresse au volant et les interventions ciblées, afin d'attirer l'attention sur les moyens d'améliorer les pratiques actuelles pour obtenir de meilleurs résultats.

Alcootests aléatoires

Les alcootests aléatoires, l'un des principaux moyens de répression de l'ivresse au volant, ont eu pour effet prouvé de réduire l'alcoolémie chez les automobilistes et les méfaits associés à la conduite en état d'ébriété. Ils consistent à arrêter des véhicules au hasard pour tester l'alcoolémie des conducteurs, de façon que le caractère aléatoire des interceptions sème l'incertitude et nourrisse ainsi la perception d'un risque de détection accru.

Contrairement aux équipes chargées de barrages routiers fixes, les équipes mobiles peuvent se déplacer selon les besoins pour analyser l'haleine de conducteurs qui ont attiré l'attention de la police. Les deuxièmes tendent à afficher des taux de détection plus élevés que les premières.

Des études ont démontré qu'il peut être efficace, pour réduire l'ivresse au volant et les accidents qui en découlent, de procéder à des alcootests aléatoires pendant les heures où la consommation d'alcool est forte. Ces opérations doivent cependant paraître imprévisibles.

Campagnes publicitaires

Les campagnes publicitaires visent à sensibiliser le public à l'ivresse au volant et aux alcootests aléatoires. Elles contribuent aussi de façon importante à créer et à maintenir un effet dissuasif.

On a constaté que les campagnes médiatiques mettant l'accent sur les risques de détection et les sanctions judiciaires ont plus de chances d'influencer les comportements individuels, tandis que celles qui insistent sur les méfaits de l'ivresse au volant sont plus susceptibles d'accroître l'appui communautaire à l'égard de mesures répressives comme les alcootests aléatoires.

Sanctions pour ivresse au volant

Il est généralement convenu que les sanctions pour ivresse au volant devraient comprendre une amende et une interdiction de conduire. La recherche en matière de sécurité routière porte cependant à croire que le resserrement des sanctions a peu d'effet sur les comportements des automobilistes, surtout quand la probabilité de détection reste inchangée.

Une étude a révélé que l'imposition de peines plus sévères serait plus efficace si elle s'ajoutait à une répression améliorée et, surtout, à l'imposition systématique d'une interdiction de conduire.

Il ressort de la plupart des études que l'incarcération coûte cher et s'avère inefficace comme moyen de lutte contre la conduite en état d'ébriété.

Interventions ciblées

Le besoin de trouver une solution plus économique et efficace que l'incarcération a mené à la création de programmes de réhabilitation s'adressant surtout aux récidivistes et aux conducteurs ayant affiché une forte alcoolémie. L'objectif : exclure la consommation d'alcool des habitudes de conduite en améliorant les connaissances et l'attitude des contrevenants et en faisant suivre une thérapie à ceux qui présentent un trouble lié à l'alcool. Selon les évaluations à leur égard, ces programmes peuvent changer la mentalité des participants et réduire le récidivisme.

Les dispositifs de verrouillage du système de démarrage s'utilisent principalement dans les cas de forte alcoolémie et de récidive. Ils empêchent très efficacement l'ivresse au volant tant qu'ils sont en place, mais dès qu'on les enlève, les conducteurs tendent à reprendre leurs mauvaises habitudes. De plus, comme ils coûtent cher, ces dispositifs sont relativement peu utilisés.

Pour consulter le rapport intégral : www.aic.gov.au.

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