Les extraits suivants d'études récentes en matière de justice et d'application de la loi reflètent les vues et les opinions des auteurs, mais pas nécessairement celles de leur organisation d'attache. Les rapports intégraux sont accessibles au site Web indiqué à la fin de chaque résumé.
Interventions de la police dans les cas de mauvais traitements envers les aînés : Section contre la violence à l'égard des aînés du spo
Par Lisa Ha
En 2009, la Division de la recherche et de la statistique du ministère de la Justice du Canada a réalisé une étude sur les mauvais traitements envers les aînés à partir de dossiers de la Section contre la violence à l'égard des aînés du Service de police d'Ottawa (SPO). Cette section, créée en 2005, adopte une démarche collaborative à la répression des mauvais traitements envers les aînés.
L'étude révèle que si les statistiques fournissent des renseignements précieux sur la nature de la violence à l'égard des aînés, ce genre de rapport ne permet pas de bien cerner la complexité des cas.
Le SPO compte l'une des premières sections spécialisées en matière de mauvais traitements envers les aînés au pays. Son mandat est double : enquêter sur les allégations de violence à l'égard des aînés dans les cas où il existe une relation de confiance ou de dépendance entre la victime et l'agresseur et collaborer avec les services de première ligne pour sensibiliser le public à la violence faite à l'égard des aînés.
L'existence d'une section spécialisée permet aux agents d'adopter une démarche ciblée au moment d'aborder les cas de victimes âgées. La section du SPO privilégie la recherche de solutions de rechange, qui consiste souvent à coordonner l'intervention policière avec les organismes communautaires, sociaux et de la santé concernés.
Les données recueillies en 2009 révèlent plusieurs tendances. Dans les 453 dossiers examinés, l'âge moyen des victimes est de 80 ans, plus des deux tiers des victimes sont des femmes et la plupart des victimes étaient veufs ou veuves. La majorité (98 %) avait des enfants
Les données sur la nature des relations entre la victime et l'accusé reflètent des disparités dignes d'intérêt entre les sexes. Ainsi, les mères étaient les victimes les plus courantes, suivies des catégories « sans relation » et « autre ».
En général, le genre de mauvais traitements les plus courants étaient de nature financière, et ils touchaient plus souvent des hommes. Dans la moitié des cas, la victime n'était pas cons-ciente de l'exploitation financière.
La Section a été invitée à examiner le rapport d'analyse des dossiers et de le commenter. À l'issue de l'examen, les agents ont estimé que les chiffres ne faisaient pas toute la lumière sur les cas. S'ils reconnaissent l'importance de données concrètes, ils estiment que l'analyse ne révèle pas les nombreuses nuances des enquêtes sur la violence à l'égard des aînés.
Les policiers jouent un rôle crucial dans les cas de violence contre les aînés. Ce rôle est complexe, alliant la fonction d'enquêteurs à celle d'agents de sensibilisation. Un des policiers associe ce travail à celui du travailleur social, en raison de la nature de la relation entre l'aîné et son soignant ou les membres de sa famille.
Lorsqu'une personne aînée est victimisée, la police constitue souvent son premier contact; l'expérience de la Section contre la violence à l'égard des aînés du SPO met en lumière l'importance d'une démarche coopérative axée sur le soutien et la protection afin de mieux répondre aux besoins des victimes et de leur famille.
En outre, les agents de la Section soulignent l'importance d'une démarche de sensibilisation aux signes de mauvais traitements et de mesures de soutien pour faire en sorte d'offrir les ressources voulues aux victimes aînées.
Pour consulter le rapport intégral : www.justice.gc.ca.
Geographies of missing people (en anglais seulement)
Par Olivia Stevenson, Hester Parr, Penny Woolnough et Nick Fyfe
Une personne au R.-U. est portée disparue auprès de la police aux deux minutes environ et tout un éventail d'intervenants - police, organismes de bienfaisance et de santé, travailleurs sociaux - sont chargés des recherches et du soutien aux proches de la personne.
Cela dit, peu d'études qualitatives ont été effectuées au R.-U. directement auprès des adultes portés disparus pour recenser leur expérience.
La présente étude vise à examiner les motifs de disparition des adultes, mais surtout, de découvrir où ils vont et ce qui leur arrive durant leur disparition. Il s'agit d'élaborer un nouveau mode d'enquête sur le vécu des disparus, fondé sur l'expérience directe des gens qui en subissent les conséquences.
La police et l'organisme de bienfaisance Missing People reconnaissent formellement le droit d'une personne adulte de « disparaître » et les définitions officielles ont été modifiées en 2013 pour reconnaître ce genre d'absence. Cela dit, on souligne la complexité de définir l'acte de disparition; les intervenants et les personnes portées disparues ne s'entendent pas à ce sujet.
Les sujets sondés étaient presque exclusivement de race blanche, âgés de plus de 18 ans et répartis pratiquement également entre hommes et femmes.
Une forte proportion d'entre eux ont dit souffrir de problèmes de santé mentale (diagnostiqués et non diagnostiqués) et 33 pour cent ont tenté de se suicider durant leur disparition.
Les facteurs de motivation qui sous-tendent la disparition sont multiples : expériences traumatisantes antérieures et actuelles, émotions fortes, sentiment d'impuissance ou d'impasse, stress et dépression.
Les émotions au début de l'épisode étaient pour la plupart positives, mais au fil de l'expérience, des sentiments d'isolement, de culpabilité, de honte et d'embarras sont apparus et se sont maintenus après le retour du sujet ou une fois que celui-ci a repris contact avec son entourage.
Les gens ont dit avoir communiqué avec des amis et un employeur durant leur disparition; cela dit, ces personnes n'ont pas toujours signalé le contact avec le disparu.
La crainte et le manque de compréhension de la procédure et des interventions de la police à l'égard des personnes disparues ont empêché les sujets de faire appel à l'aide de la police.
Quatre-vingt-treize pour cent des adultes ont signalé une intervention de la police durant leur épisode de disparition contre 41 pour cent à leur retour. Les interventions variaient d'une conversation sur un téléphone mobile, à une visite du sujet à son foyer pour s'assurer qu'il était sain et sauf, à un retour du sujet au service de l'hôpital d'attache.
Un sentiment de choc, de panique, d'embarras ou de confusion survient lorsque le sujet se voit qualifié de « personne portée disparue » par la police, un qualificatif dans lequel il ne se reconnaît pas.
La façon dont la police gère le retour du sujet entre en jeu dans le sentiment de culpabilité et de honte que celui-ci pourra éprouver, et est déterminante pour sa santé mentale à long terme, ainsi que pour le risque de récidive et les contacts futurs avec la police.
Pour consulter le rapport intégral : www.sipr.ac.uk.
Human trafficking and slavery offenders in Australia (en anglais seulement)
Par Frances Simmons, Brynn O'Brien, Fiona David et Laura Beacroft
Cette étude constitue la première analyse des condamnés pour traite de personnes en Australie. Elle présente un aperçu des recherches limitées sur les contrevenants en matière de traite de personnes, d'esclavage et de crimes analogues à l'esclavage dans le monde, puis aborde les caractéristiques des cas de traite de personnes qui se sont soldés par un verdict de culpabilité en Australie.
Les auteurs présentent cinq constatations de leur analyse, lesquelles doivent être abordées avec prudence, étant donné le nombre restreint de cas étudiés.
Premièrement, précisons qu'en Australie, les contrevenants exploitent généralement leur victime par de subtils modes de contrôle, plutôt que par le recours manifeste à la force ou aux menaces de violence.
Deuxièmement, les contrevenants et les victimes sont souvent du même sexe et partagent des antécédents et des expériences similaires. Ainsi, la majorité des condamnés en Australie ont été des femmes. Des neuf stratagèmes de traite qui se sont soldés par un verdict de culpabilité, huit impliquaient une femme contrevenante (et un co-contrevenant masculin dans certains cas).
Le sexe n'est pas la seule caractéristique que les contrevenantes australiennes avaient en commun avec leurs victimes. Elles partageaient également des origines culturelles et linguistiques, un milieu socioéconomique et des antécédents de migration et de travail similaires.
Troisièmement, les cas recensés en Australie ne corroborent pas les hypothèses sur le crime organisé d'envergure. Ce que confirme le rapport inaugural du comité interministériel antitraite, qui a constaté que les groupes en cause dans la traite de personnes en Australie sont relativement peu étendus, et nombre d'entre eux s'en remettent à leurs relations familiales ou d'affaires pour faciliter le recrutement et les déplacements ainsi que la fraude en matière de visas.
Quatrièmement, tous les contrevenants étaient motivés par le profit. La motivation pour le contrôle non physique des victimes repose en partie sur le fait qu'elle réduit le risque de fuite, ce qui augmente les profits. Si l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime a conclu que la traite des personnes n'est pas aussi lucrative que les autres crimes (comme les crimes contre l'identité), les contrevenants dans les affaires australiennes ont certainement trouvé les stratagèmes suffisamment lucratifs pour les motiver.
Enfin, la traite implique souvent d'autres activités criminelles comme la fraude en matière d'immigration et le blanchiment d'argent. Si la traite des personnes et les crimes d'esclavage en Australie ne sont pas commis dans des marchés manifestement illicites, il semble que les stratagèmes de la traite aient impliqué d'autres crimes (en particulier la fraude en matière d'immigration).
En raison d'un statut d'immigrant précaire, la plupart des victimes étaient souvent sous la menace (manifeste ou implicite) d'expulsion, et craignaient par conséquent de demander l'aide des autorités australiennes, dont la police.
Pour consulter le rapport intégral : www.aic.gov.au.