La s.é.-m. Sheila White se tient debout entre trois pylônes, son arme dégainée.
« Déplacez-vous à gauche! », aboie l'instructeur de tir. La s.é.-m White glisse vers la gauche. « Déplacez-vous à droite! », lance l'instructeur. « Contact à droite! »
La s.é.-m. White pivote sur la droite et tire. Victoire! Son coup a touché la cible.
« Ce n'était pas intimidant, ni angoissant. En fait, c'était excitant de ne pas se contenter d'être immobile sur la ligne de tir, mais de me déplacer tout en ouvrant le feu, explique la s.é.-m. White, officière à Merritt (C.-B.). C'est une nouvelle façon de faire à la formation. »
Chaque année, les membres en service actif de la GRC doivent renouveler leur certification en réussissant l'épreuve annuelle de qualification au tir (EAQT). À cet égard, la s.é.-m. White juge très pertinents les changements apportés au programme.
« C'est tellement mieux que tout ce que nous avons fait jusqu'ici, souligne la membre, qui compte 30 ans d'expérience. C'est plus réaliste, enfin autant que possible dans le contexte de la formation. »
La nouvelle épreuve a été officiellement lancée en avril 2016; c'est la première révision du programme depuis 1995. En plus de subir l'épreuve, les membres de la GRC se sont vu distribuer un nouvel étui de service.
Une mise à niveau nécessaire
Depuis l'atroce fusillade qui a coûté la vie à trois membres à Moncton en 2014, la GRC a mis en oeuvre de nombreux changements aux programmes, aux politiques, à l'équipement et à la formation. L'EAQT n'est qu'une des révisions apportées découlant du rapport MacNeil – un examen indépendant visant à mieux préparer les membres à intervenir dans des incidents comme celui de Moncton.
« La criminalité évolue et nous devons nous adapter, explique le serg. Steve Burke, du Recours national à la force de la GRC. L'actualisation de notre formation au tir s'imposait. »
La nouvelle qualification met de nouveau l'accent sur la formation plutôt que sur l'évaluation, de façon à préparer les membres à affronter des tireurs fous et d'autres situations impliquant une force meurtrière. De nouvelles aptitudes, celle de tirer en se déplaçant ou d'ouvrir le feu à différentes distances, et le maniement sûr du pistolet font désormais partie de cette séance annuelle.
L'EAQT prépare aussi les membres à de nouveaux cours obligatoires recommandés dans le rapport MacNeil, dont la formation au Déploiement rapide pour action immédiate (DRAI) et le Cours d'utilisateur de la carabine. Les cadets suivent désormais ces deux cours immédiatement après leur promotion, et les autres membres devront réussir le cours DRAI d'ici 2019.
La séance incorporera au besoin des éléments tactiques et de nouvelles aptitudes, afin de maintenir le caractère pertinent de la formation.
« Chaque année, les membres vont recevoir un nouvel élément de formation, explique le serg. Burke. Ainsi, nos tireurs développeront de nouvelles aptitudes,
au -delà de l'art de viser des cibles. »
Plus qu'une simple évaluation
Auparavant, la séance de quatre heures ne constituait qu'une évaluation. Les membres amorçaient celle-ci par des tirs de pratique sur un champ de tir avant d'être évalués.
« Ce mode n'est pas réaliste lors d'un affrontement meurtrier, explique le serg. Burke. Désormais, dès l'entrée sur le champ de tir, le premier coup tiré compte. C'est beaucoup plus réaliste ainsi. »
La nouvelle séance compte deux volets : une heure d'évaluation, suivie de trois heures de formation.
Selon le gend. Michael Jaszczyszyn, instructeur en Alberta, un autre changement permet à l'instructeur d'assister les membres durant le volet formation. Qu'il s'agisse de les aider à ajuster leur prise, d'améliorer leur temps de réaction à la détente ou d'ajuster leur visée, l'instructeur voit à ce que les membres aient appris quelque chose de nouveau à l'issue de l'EAQT.
« Les membres quittent le champ de tir avec une nouvelle compétence, souligne le gend. Jaszczyszyn. Ils dégainent plus rapidement, tirent plus de coups en moins de temps et manipulent leur arme avec plus de dextérité. »
Après l'évaluation, le cours fait place à des exercices d'autoperfectionnement. Chaque classe se limitant habituellement à
12 participants, l'instructeur peut offrir une formation individualisée, adaptée aux besoins de chacun.
Depuis la mise en œuvre du nouveau programme, il y a six mois, les aptitudes au tir se sont améliorées. Pour sa part, la s.é.-m. White observe une nette amélioration de ses compétences, même si elle a déjà passé plus de 30 EAQT.
« Je sais que j'ai gagné en assurance, dit-elle. La formation est certainement supérieure à ce qui se faisait auparavant. »