Pris la main dans le sac

En 2016, le serg. Greg Woodcox observe une hausse marquée du nombre d'itinérants, de sans-abri et de toxicomanes filmés en flagrant délit de vol à l'étalage par des caméras de surveillance au centre-ville de Kelowna (C.-B.).

« Je connaissais presque tous ceux dont la photo était transmise au détachement aux fins d'identification, explique celui qui dirige le groupe de la GRC chargé de patrouiller chaque jour le centre-ville de Kelowna. Je voulais partager ce que je savais et faire en sorte que les contrevenants rendent des comptes. »

C'est pourquoi le serg. Woodcox s'est adjoint le gend. Kyle Boffy et a lancé un partenariat ciblant les voleurs à l'étalage chroniques.

En collaboration avec de grands détaillants comme Safeway, Save on Foods, Superstore et Walmart, les deux policiers ont créé un compte courriel qui permet aux commerces de communiquer entre eux et avec la GRC.

Ils ont également animé des journées de formation pour les agents de prévention des vols (APV) de ces mêmes magasins.

Le gend. Boffy leur a expliqué ce qu'il fallait faire pour monter un dossier de poursuite et leur a donné un modèle à suivre pour soumettre des éléments probants à la police.

« Dans le cas du vol à l'étalage, la preuve nous est fournie par nos partenaires; nous devons donc les mobiliser, analyse le gend. Boffy. Ça simplifie beaucoup les choses. »

Prévenir le vol

L'initiative est aussi préventive. Lorsque des médicaments pour le rhume et la sinusite ont commencé à disparaître des pharmacies de Kelowna plus tôt cette année, ça n'a pas échappé au gend. Boffy.

« On garde un œil là-dessus parce que certains médicaments contiennent de la pseudoéphédrine – un stimulant utilisé pour fabriquer de la meth », dit-il.

En l'espace d'une semaine, une série de vols de médicaments de ce type avaient été signalés.

Pour enrayer ces vols, le gend. Boffy a immédiatement communiqué avec les commerçants partenaires par le biais du compte courriel. Après de courts échanges, les détaillants ont décidé de déplacer les médicaments pour le rhume derrière les comptoirs et hors de portée des voleurs.

« Lorsqu'on observe des tendances, on agit ainsi pour circonscrire le problème, souligne le gend. Boffy. Le fait d'être en contact les uns avec les autres permet de travailler en amont. »

Identification simplifiée

Depuis le lancement de l'initiative en juin 2017, le taux d'identification des suspects a bondi de 50 p. 100 à plus de 80 p. 100. Le compte courriel commun, la formation des APV et la connaissance de la population itinérante locale ont permis d'élucider 300 affaires cette année.

« Des accusations de fraude, d'agression et de meurtre ont été déposées grâce au travail de nos APV et des images captées par notre système de vidéosurveillance, confirme Kyle Longbotham, gérant de la prévention des pertes chez Loblaws à Kelowna. Les gens savent maintenant que s'ils volent quelque chose dans un des magasins participants, ils seront identifiés et arrêtés. »

Selon lui, l'initiative contribue également à renforcer la sécurité des APV puisque son magasin a modifié depuis peu son approche envers les voleurs à l'étalage.

« Nos APV surprennent 10 à 15 voleurs par semaine; à présent, nous laissons filer ceux qui se montrent violents ou s'enfuient parce que nous savons que le gend. Boffy et le serg. Woodcox finiront par les rattraper », dit-il.

Ce partenariat a aussi amélioré les relations entre la GRC et les détaillants. Comme tous les renseignements sur le vol à l'étalage sont maintenant directement transmis aux deux policiers, les commerçants savent qu'un suivi de chaque dossier sera fait.

« Lorsqu'on m'envoie une photo, je reconnais généralement le suspect en quelques minutes et je l'arrête dans la semaine, conclut le serg. Woodcox. Ça crédibilise notre travail en montrant aux commerçants et au public que, crime majeur ou crime mineur, la GRC intervient. »