Une foule d'élèves de 9e année entoure deux véhicules entrés en collision. Au milieu des débris et des éclats de verre, trois acteurs ensanglantés gémissent de douleur.
Des sirènes annoncent l'arrivée d'agents de la GRC, qui ne sont pas de service, pour évaluer les dégâts. Peu après, ils confirment que l'accident est dû à la conduite avec fa-cultés affaiblies.
Cette simulation étonnamment réaliste s'inscrit dans le programme PARTI (Prévention auprès des adolescents des risques de traumatismes causés par l'ivresse au volant) visant à sensibiliser les élèves de 9e année de Grande Prairie (Alb.) au danger de la conduite en état d'ébriété.
« C'est l'âge où les jeunes commencent à conduire et à consommer de l'alcool; ils essaient et explorent de nouvelles choses, explique Michelle Hodder, des Services de santé de l'Alberta, coordonnatrice du programme. Le programme PARTI ne porte pas que sur l'alcool au volant; il sert à informer les jeunes et à favoriser la prise de bonnes décisions. »
Lancé en 1986 au centre des sciences de la santé Sunnybrook, le programme PARTI est aujourd'hui enseigné dans plus de 100 villes dans le monde. À Grande Prairie, il s'est déroulé sur plusieurs jours au mois de mai et plus de 1 200 élèves y ont participé.
« Bien des gens croient que tout s'arrange dès que les policiers interviennent, mais ce n'est pas toujours le cas », souligne le cap. Gary Weigum, du Dét. de Grande Prairie.
La frappante réalité
Sous le regard attentif des élèves, des volon-taires du service d'incendie, des services d'urgence, du service de police municipal et d'un salon funéraire arrivent sur les lieux. Ensemble, ils montrent aux jeunes ce qui se passe sur les lieux d'un accident dû aux fa-cultés affaiblies.
Les ambulanciers paramédicaux soignent les blessés graves et constatent, peu après, le décès de l'une des jeunes victimes. Le corps est transporté dans un corbillard, à la grande stupéfaction des élèves.
« Les jeunes de cet âge se croient invincibles. Ils ne pensent ni à la mort ni à la paralysie, ni aux lésions cérébrales, encore moins aux séquelles permanentes, s'inquiète Mme Hodder. Nous voulons leur apprendre à faire des choix intelligents dans une ambiance conviviale. »
Une fois la tâche des ambulanciers paramédicaux terminée, le chauffeur ivre — un autre acteur – est arrêté.
« Ce qui frappe le plus les élèves, c'est quand on fait tourner le conducteur, qu'on lui met les mains derrière le dos et qu'on le menotte en lui rappelant ses droits. Ils sont saisis par la réalité de la situation et la suite des évènements », précise le cap. Weigum.
Le scénario de collision prend environ une demi-heure. Les élèves sont ensuite encouragés à poser des questions lors d'une rencontre avec les premiers intervenants. Au dire de Mme Hodder, la plupart des questions s'adressent à la GRC et portent sur les limites, la loi et des situations précises.
« En tant que policier, je rappelle aux élèves que c'est moi qui dois me rendre chez eux pour annoncer leur décès à leurs parents et expliquer qu'ils avaient embarqué avec un conducteur ivre, affirme le cap. Weigum. On ne doit pas mâcher nos mots. Je pense que les situations parlent mieux aux élèves lorsqu'on raconte nos propres expériences. »
Des choix sains
À la suite du scénario et de la rencontre, les élèves passent le reste de la journée à apprendre les conséquences des incidents liés à l'alcool et aux drogues. Ils regardent de courtes vidéos, participent à des groupes de discussion et à des mises en situation, et écoutent le récit de survivants et des conférenciers motivateurs.
« Ma partie préférée était celle sur le taux d'alcool "sûr" — nous avons essayé de marcher en ligne droite en portant des lunettes déformantes, raconte Grace Stephenson, élève de 9e année de Grande Prairie. Nous avons constaté par nous-même comment l'alcool et les drogues peuvent chan-ger notre perception. »
Selon le cap. Weigum, il est particulièrement important de s'assurer que les jeunes participent aux discussions sur l'alcool. Au Canada, les collisions sont la première cause de mortalité chez les jeunes de 16 à 25 ans, plus de la moitié étant attribuable aux drogues et à l'alcool.
« La sécurité routière et la conduite avec facultés affaiblies, ce n'est pas juste l'affaire des policiers, c'est l'affaire de tous et le public doit d'abord faire sa part, rappelle le cap. Weigum. Si nous pouvons conditionner une personne aux bons choix, nous aurons atteint notre but. »
Reproduit avec la permission du Pony Express ().