Si la plupart brassent des affaires dans les grandes villes, de plus en plus de groupes du crime organisé cherchent à percer dans les villes moins populeuses du Canada.
Ainsi, des endroits comme Yellowknife et des villes albertaines moyennes doivent trouver de nouvelles façons de lutter contre des organisations criminelles et leurs activités illégales, tout en s'occupant des divers défis policiers propres aux communautés de taille plus modeste.
L'appel du Nord
Au cours de la dernière année, un gang très organisé s'est établi à Yellowknife. Son nom, le gang 856, correspond à l'indicatif régional du Lower Mainland, en C.-B., là où ses membres ont fréquenté l'école secondaire.
« Ils ont mis sur pied une affaire qui leur a rapidement rapporté des millions, constate le s.é.-m. Craig Peterson, sous-officier responsable de la Police fédérale dans les Territoires du Nord-Ouest. Leurs gens arrivaient par avion, faisaient un quart de travail et étaient relevés par une nouvelle équipe. »
Peterson explique l'attrait exercé par Yellowknife par les profits potentiels qu'y voient les trafiquants. Dans une ville où tout coûte jusqu'à quatre fois ce qu'il en est dans le sud, le crack n'est qu'une marchandise parmi tant d'autres.
Aux prises avec des activités de gang, la GRC devait trouver le moyen de recueillir des renseignements sur les membres du gang et d'en faire la surveillance. Dans une petite ville comme Yellowknife, où tout le monde connaît tous les policiers ainsi que leurs véhicules, la surveillance discrète est pratiquement impossible.
Les méthodes d'enquête habituelles étant à oublier ici, il faut compter sur d'autres méthodes et sur les relations établies avec les locaux grâce à la participation à la vie communautaire. L'automne dernier, les policiers ont mené deux opérations qui ont permis de saisir des drogues, des armes à feu, de l'argent et de procéder à 15 arrestations.
« Plus une communauté canadienne n'est à l'abri de la drogue, reconnaît Peterson. Dé-manteler un gang n'est pas facile, parce que nous devons suivre les règles, et pas eux. Ils peuvent faire jouer 20 joueurs et 5 gardiens, mais nous devons nous en tenir à 5 joueurs et 1 gardien. »
Gagner en efficacité
Il arrive que la police doive changer les règles pour lutter efficacement contre la criminalité. En Alberta, la GRC, avec des services de police locaux, a créé les équipes ALERT (équipes d'intervention en matière d'application de la loi de l'Alberta).
Financées par l'Alberta, cinq équipes régionales ALERT ont été établies dans des villes de taille moyenne et modeste pour lutter contre le problème grandissant des gangs et du crime organisé. Parvenir à franchir les obstacles traditionnels des territoires de compétence facilite les enquêtes sur ce genre d'activités criminelles.
À Fort McMurray, où affluent les travailleurs du pétrole, le cap. Andrew Ashton, de l'équipe ALERT, affirme que le revenu moyen élevé des ménages attire le crime organisé.
Bon nombre des dossiers ont des ramifications en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique où les gangs sont actifs. Toutefois, selon Ashton, malgré leurs liens avec d'autres groupes et d'autres pro-vinces, les gangs se comportent différemment à Fort McMurray.
« Ils ont compris qu'il y a de la place pour tout le monde et qu'ils n'ont pas nécessairement à se faire la guerre ou à se disputer des territoires comme ils le feraient normalement dans d'autres villes comme Toronto », explique Ashton.
Grandir ensemble
À Red Deer, troisième ville en importance après Edmonton et Calgary et située entre ces deux grandes villes, l'équipe ALERT fait face à des problèmes qui lui sont propres.
« L'autoroute qui relie Calgary et Edmonton est très achalandée, rappelle le serg. Gérald Ouellet, sous-officier responsable de l'équipe. Les organisations criminelles peuvent s'en servir pour faire circuler des marchandises. »
Selon Ouellet, toutes les collectivités d'Alberta subissent des relents des activités de gangs, mais les gangs semblent croire qu'il y a moins de policiers dans les villes de taille moyenne et modeste, et donc plus de possibilités d'y commettre des crimes sans se faire prendre.
Surmonter les obstacles traditionnels des services policiers – surtout dans les villes plus petites où certaines organisations criminelles croient pouvoir exploiter les défis que posent les petites villes à la police – est primordial pour réaliser le but ultime de l'application de la loi et perturber, à jamais si possible, les activités criminelles.
« Le crime organisé ne connaît pas de frontières. Il nous incombe de travailler en collaboration et sans égard aux frontières afin d'assurer la sécurité de toutes nos communautés, fait valoir Ouellet. Il évolue et gagne en efficacité, et nous devons en faire autant. »