Le visage du pays — et celui de la GRC — est en mutation.
En 2016, plus de 7,6 millions de Canadiens s'identifiaient comme minorités visibles, soit un peu plus du cinquième de la population. Comme police nationale, la GRC s'efforce de recruter des agents qui reflètent la diversité de la population.
« Le Canada se compose de gens de races, d'ethnies, de cultures et d'horizons sociaux divers, souligne la gend. Jacquie Gahimbare. La police doit être représentative de cette diversité, et je voulais y contribuer.
»
Originaire du Zimbabwe, la gend. Gahimbare a immigré au pays à 20 ans. Armée de son diplôme universitaire, elle a travaillé plus de 15 ans dans le secteur bancaire. Cela dit, il lui tardait de faire plus pour rendre quelque chose des bienfaits reçus.
L'an dernier, à 47 ans, elle a embrassé une carrière à la GRC.
« Comment redonner au pays qui m'a accueillie et fait de moi une citoyenne?
», se demandait la gendarme, qui a obtenu son grade plus tôt cette année. « Je désirais surtout servir, non seulement ma collectivité, mais aussi mon pays.
»
Aujourd'hui rattachée au groupe de la criminalité financière à Ottawa, la gend. Gahimbare explique que son vécu et son expérience transculturelle ont été un atout dans ses nouvelles fonctions policières.
« Je profite d'une perspective particulière,
précise-t-elle, qui me permet d'aborder franchement différents sujets; qu'il s'agisse de la couleur de la peau, des stéréotypes ou des préjugés inconscients, je suis en mesure de changer la perception des gens.
»
Une question d'empathie
À l'instar de la gend. Gahimbare, lorsque le cap. Dave Fouche a quitté l'Afrique du Sud pour venir au Canada il y a 17 ans, il a senti le besoin d'apporter sa contribution. Auparavant, il avait travaillé pour la marine de son pays et s'était rendu en Antarctique sur un brise-glace et lutté contre la piraterie au large de la côte est de l'Afrique.
« J'ai toujours voulu être policier, mais c'était trop risqué dans mon pays,
explique-t-il. Je voulais apporter une contribution tangible; arrivé au Canada, j'ai jeté mon dévolu sur la GRC.
»
En 2007, M. Fouche entre à la GRC. Depuis, il a travaillé en C.-B. comme agent de premère ligne, puis dans le Groupe intégré de la lutte contre l'exploitation des enfants, la Section antidrogue et le Groupe pour les jeunes de Surrey. Mais son rôle le plus exaltant a été comme négociateur en situation de crise.
Un cas précis se démarque pour lui : lorsqu'il a été appelé à raisonner un immigrant iranien suicidaire. L'homme, qui avait du mal à s'adapter au Canada, était sur le point de sauter de son balcon du 15e étage.
Parvenu sur les lieux, le cap. Fouche a eu un mouvement d'empathie en entendant le récit de l'homme.
« Je lui ai dit que j'avais immigré moi aussi et que je comprenais ce qu'il vivait,
déclare-t-il. J'ai ajouté que les premières années sont incroyablement éprouvantes, mais que ça s'améliore par après; il suffit de s'ouvrir au changement.
»
Au bout d'un échange de quelques heures, l'homme a finalement renoncé à son projet. Le cap. Fouche attribue cet heureux dénouement à l'empathie qui existe entre immigrants.
« Afin de trouver un écho auprès du public et inspirer la confiance qui nous est primordiale, nous devons être représentatifs de la collectivité que nous servons,
dit-il. Il doit y avoir un lien étroit entre les policiers et les citoyens.
»
Rien n'est impossible
Ce qui a motivé le gend. Omid Nezami à entrer à la GRC, c'est le désir d'aider les gens. Ce dernier est venu au Canada de l'Afghanistan avec sa famille alors qu'il avait sept ans.
« J'aime le Canada, et je voulais servir mes concitoyens,
explique-t-il. Plus que tout, je voulais me rendre utile.
»
Le gend. Nezami a travaillé à l'Agence des services frontaliers du Canada jusqu'en 2011, puis a décidé de joindre les rangs de la GRC. Après quelques années aux opérations de première ligne, il a rallié l'équipe de recrutement. Aujourd'hui, il se rend dans les écoles, les centres communautaires et les salons de l'emploi pour inspirer les gens de tous âges et de tous les horizons à postuler à la GRC.
« Mon message se résume ainsi : si j'ai réussi, vous le pouvez aussi,
dit-il. La diversité fait notre force. Grâce à notre ouverture d'esprit, notre capacité d'adaptation, nous pouvons relever le défi de mieux protéger tous les éléments de la collectivité.
»