Il a suffi de quelques mois pour que le nouveau modèle adopté à Oxford House (Manitoba) y améliore nettement les conditions de travail et de vie. Les relations communautaires aussi.
Depuis février, les policiers affectés à la réserve autochtone Oxford House 24, une localité accessible seulement par avion dans le nord du Manitoba, ne sont plus tenus d'y résider en permanence. Un mercredi sur deux, ils quittent leur domicile à Winnipeg pour aller travailler deux semaines dans ce poste isolé, après quoi ils ont deux semaines de congé à la maison.
C'est la deuxième fois qu'un détachement de la province passe à un modèle de navette aérienne depuis 2017. Un troisième fera la transition dès janvier prochain.
L'idée est de faciliter la dotation en personnel des postes isolés comme celui d'Oxford House, où l'on ne peut se rendre que par voie aérienne pendant la majeure partie de l'année. De décembre à février, une route de glace relie la réserve à une route terrestre.
« Avant, on manquait toujours de monde, les employés étaient surmenés et les congés pour cause de maladie ou d'épuisement se multipliaient
», explique la serg. Jenny Melanson, chef du Détachement, notant que le personnel de service était insuffisant lors de la plupart des quarts.
Pour arriver à remplir certaines fonctions, par exemple surveiller les cellules occupées, les policiers devaient souvent travailler pendant leurs congés et réorganiser les tâches. Leur présence réduite sur le terrain ralentissait le service et affaiblissait les liens avec la population.
Un vif intérêt
Pour la serg. Melanson, qui travaille à Oxford House depuis 2016, cette époque paraît bien loin.
Elle dit que le modèle de navette aérienne a suscité beaucoup d'intérêt et que les 10 postes du Détachement sont maintenant pourvus. Il y a même une liste d'attente pour les affectations à cette communauté, où la majorité des demandes concernent des agressions et des cambriolages.
Maintenant que l'effectif est complet et que les policiers ont plus de congés, ils sont en meilleure forme, ce qui les aide à mieux travailler, constate le gend. Jesse Stober, qui a passé deux ans au Détachement à compter de 2014 et y est retourné l'hiver dernier après avoir appris la nouvelle.
« Avant, on n'arrivait pas toujours à s'occuper des crimes contre les biens car ils devaient passer après les crimes violents, ce qui n'était pas juste pour les victimes
», souligne-t-il.
Il note que les policiers répondent maintenant plus rapidement aux demandes et ont plus de temps pour traiter les affaires mineures, comme les bris de fenêtres et les vols. L'hiver, les routes de glace favorisent la contrebande de drogues et d'alcool, substances interdites par le chef et le conseil de bande. Les infractions de ce genre sont alors fréquentes.
Le fait que les mêmes policiers effectuent les patrouilles pendant chaque bloc de deux semaines a aussi amélioré les relations entre la GRC et les résidants d'Oxford House, estime le gend. Stober, qui voit diminuer leur méfiance quand il interagit de façon régulière avec eux, tendance notamment observée chez les enfants avec lesquels il joue au ballon à l'occasion.
Aucune interruption
Les enfants du gend. Stober se réjouissent aussi de l'avoir à la maison plus longtemps.
« Ils mettent quelques jours à s'habituer quand je pars, puis tout rentre dans l'ordre,
précise-t-il. À mon retour, nous passons du bon temps ensemble sans interruption.
»
Malgré l'éloignement des proches, travailler à Oxford House offre d'intéressants avantages.
Les policiers habitent un secteur clôturé de la communauté, en face du Détachement, où ils occupent des maisons mobiles doubles, qui sont meublées et équipées de télévision par satellite, de vaisselle et de produits de nettoyage. La GRC paie aussi la nourriture et les déplacements.
La cap. Jennifer McKinnon a travaillé sept ans dans le Nord avant d'être mutée à Oxford House en avril. Pendant ses congés, elle prête main-forte à d'autres détachements qui manquent de personnel.
« Je peux compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où j'ai pris deux semaines de congé pendant mes autres affectations, mais maintenant, j'ai ce répit tous les mois
», dit-elle.