Le dét. David Palmer, du service de police de Calgary (SPC), enquêtait sur le cas d'une adolescente qui clavardait avec un inconnu dont elle ne connaissait que le prénom, un prénom que même les policiers ne pouvaient authentifier.
Sans piste concrète, il ne pouvait faire avancer son enquête, jusqu'à ce qu'il tombe sur une photo que l'inconnu utilisait dans son profil en ligne.
« Je me suis rappelé que nous possé-dions un logiciel de reconnaissance faciale et me suis dit que ça ne coûtait rien de l'essayer », fait remarquer le dét. Palmer.
Identification rapide
Le SPC est le premier service de police au Canada à se procurer cet outil.
« Nous avons cette technologie dans notre ligne de mire depuis longtemps », confie Jan Gregory, superviseure au groupe de l'identification criminelle du SPC.
« Nous attendions juste qu'elle soit suffisamment rodée pour pouvoir en profiter dans nos enquêtes. »
Le processus de reconnaissance s'est toujours fait manuellement au SPC. Les commis à l'identification photographique parcourent une base de données de photos d'identité de personnes accusées de crimes à Calgary et tentent d'identifier des suspects ou des victimes.
Au dire d'Afzal Baig, gestionnaire de projet dans la section de l'information, des communications et des technologies du SPC, le logiciel est beaucoup plus efficace.
« Il nous arrive d'être dans des situations où nous avons un visage mais pas de nom », déclare-t-il. « Avant, pour trouver un homme aux cheveux bruns, d'un certain âge et d'une certaine taille, il fallait examiner les photos une à une. Aujourd'hui, en moins de 30 secondes, le tour est joué. »
Le principe de reconnaissance faciale ressemble à celui de la comparaison d'empreintes digitales : un algorithme est appliqué à une photo de visage, dont il relève les caractéristiques morphologiques – yeux, nez, bouche – et produit un ensemble de mesures mathématiques.
Le programme analyse ensuite les images reçues en comparant ces caractéristiques pour éliminer les non-correspondances et donner les meilleurs résultats possibles.
Pour le dét. Palmer, c'était un coup d'épée dans l'eau, car le logiciel n'explore que la base de données de photos signalétiques du SPC, qui contient environ 300 000 images. Si l'inconnu n'avait pas déjà été arrêté à Calgary, aucun résultat ne serait obtenu.
« N'ayant pas eu d'autre choix, j'ai soumis la photo à l'analyse et appris que l'inconnu était accusé une année auparavant de la même infraction », explique le dét. Palmer. « C'était incroyable de pouvoir l'identifier. »
Valeur ajoutée
Mme Gregory précise que le logiciel n'est en aucun cas un moyen d'identification infaillible. Le SPC s'en sert pour faire avancer ses enquêtes.
« Nous donnons à l'enquêteur une piste sur un individu. C'est à lui de la creuser pour déterminer s'il s'agit d'un suspect potentiel », souligne-t-elle.
Plusieurs enquêteurs l'ont utilisé, et plusieurs correspondances ont été établies, mais on ne peut encore savoir quels crimes ont été élucidés puisque la plupart sont à l'étape de suivi.
Selon Mme Gregory, comme pour tout système biométrique ou dactyloscopique, il n'y a aucun moyen de déterminer la valeur d'une correspondance particulière. En revanche, le logiciel permettra au SPC de gagner en efficacité.
« J'ai passé 25 ans dans le milieu de la dactyloscopie, et mes moments les plus pas-sionnants, je les ai connus quand je recevais des empreintes latentes et identifiais une personne », se réjouit Mme Gregory. C'est toujours passionnant de pouvoir le faire à l'aide d'un nouvel outil technologique. On a l'impression de contribuer à un tout autre monde. »
Même s'il doutait au départ de l'efficacité du logiciel, le dét. Palmer connaît à présent sa valeur.
« L'outil a été utile, et je pense qu'il sera mieux accepté dans l'avenir. Sans lui, je serais peut-être encore en train de chercher l'identité de l'inconnu. La chance m'a souri, et voilà que l'affaire est classée », conclut-il.