Le serg. André Pépin est coordonnateur des Services de la circulation de la GRC au Nouveau-Brunswick. Membre à la GRC depuis 29 ans, il est expert en reconstitution de collisions, opérateur de radar et technicien certifié en éthylométrie. Amelia Thatcher s'est entretenue avec lui.
Quels sont les plus grands dangers sur la route?
De nos jours, c'est la distraction au volant. Tout le monde a un cellulaire, alors nous vérifions toujours si les conducteurs ont un appareil électronique dans les mains. Chaque province a ses lois, mais au Nouveau-Brunswick, il est interdit de tenir un appareil électronique en conduisant, qu'il soit allumé ou pas. La conduite avec facultés affaiblies – par l'alcool ou la drogue – pose aussi un grand danger. Avec la légalisation prochaine de la marihuana, chaque province cherche des moyens d'accroître la présence policière sur les routes.
Quel conseil donnez-vous le plus souvent?
Cinq conseils pour conduire prudemment
Ralentir et adapter sa conduite aux conditions routières et météorologiques.
Ne pas prendre le volant après avoir bu ou consommé de la drogue.
S'arrêter lorsqu'on est fatigué.
Éviter les distractions au volant et ne pas utiliser de cellulaire.>
Adopter une conduite préventive : surveiller les autres usagers de la route.
Je rappelle aux gens que même en respectant la limite de vitesse, on peut rouler trop vite si les conditions routières sont défavorables. Beaucoup d'automobilistes roulent à 100 km/h et plus parce que c'est la limite permise, mais si les conditions routières sont mauvaises, rouler à cette allure peut être très dangereux. Les conducteurs de camionnettes et de VUS ont souvent un faux sentiment de sécurité, car sur une chaussée glacée, ces véhicules ne se comportent pas différemment des autres. Alors, on répète sans cesse de mettre la pédale douce et de garder une distance sécuritaire avec les autres véhicules, car les intempéries allongent la distance de freinage. Il faut rester attentif et être prêt à s'arrêter.
Et en été?
Lorsqu'il pleut, c'est la même chose; la limite de vitesse peut être trop élevée si la chaussée est mouillée. L'aquaplanage est particulièrement dangereux. Il faut ralentir et adapter sa conduite aux conditions météo.
Le type de route fait-il une différence?
À la campagne comme en ville, quelque chose ou quelqu'un peut toujours surgir devant nous au détour d'une allée de garage masquée ou d'une route secondaire, sans parler des piétons et des cyclistes. C'est moins le cas sur une autoroute à quatre voies. Mais il faut rester vigilant sur celle-ci également, à l'affût des animaux sauvages et des autres conducteurs notamment.
Quand devrait-on s'abstenir de conduire?
Ça dépend. Lorsqu'on annonce beaucoup de neige ou de pluie ou des vents violents, il vaut mieux rester chez soi. Parfois, les municipalités doivent même retirer les déneigeuses de la circulation, de sorte que les routes ne sont pas déneigées. Règle générale, si on ne voit pas la route ou si la visibilité est mauvaise, on ne devrait pas s'aventurer dehors. C'est la même chose pour nous : lorsqu'il y a une grosse tempête de neige, je dis à mes agents de rester au bureau à moins de recevoir un appel. Inutile de risquer sa vie et celle d'autrui si on n'est pas obligé d'être sur la route.
Avez-vous déjà échappé à un accident?
Au début de ma carrière, j'ai été dépêché sur les lieux d'une collision entre un véhicule et un orignal à l'autre bout du territoire du détachement. Il était près de minuit et je conduisais sirènes et gyrophares allumés sur une route de campagne qui traversait un bois. Tout à coup, un orignal a surgi devant moi. Il était si proche que je suis étonné de ne pas l'avoir heurté. Mais je suis sûr que ma vitre latérale l'a effleuré. Je ne roulais pas si vite, mais au-delà de la limite parce que je répondais à un appel d'urgence. C'est là que j'ai vraiment réalisé l'importance de ralentir. Il vaut mieux arriver tard que pas du tout.