Lorsque les agents de la GRC à Richmond (C.-B.) ont constaté que les groupes haineux et les attitudes de division étaient en hausse dans la communauté suburbaine de Richmond, ils ont senti le besoin d'y rétablir l'unité. Les diverses communautés religieuses étaient la cible de manifestations, de graffitis, de propos haineux et de violence.
« Nous voulions mettre l'accent sur ce qui rassemble plutôt que ce qui divise
», explique le caporal Kevin Krygier, du Groupe de la prévention de la criminalité.
Le détachement s'est donc associé à une université locale pour organiser au printemps dernier le forum Shared Challenges Shared Opportunities, au cours duquel des invités ont parlé de leur vécu et de l'importance pour les leaders de la communauté, les services de police et les organisations présentes sur le terrain d'entendre le récit de ces expériences, afin de dénoncer ce qui va mal, mais aussi et surtout de souligner ce qui va bien.
Pour le cap. Krygier, une meilleure connaissance des religions et des cultures peut également aider les agents de la GRC à mieux comprendre certaines attitudes.
« Nous avons pensé qu'il serait bon de réunir différents groupes afin qu'ils se comprennent un peu plus mutuellement et que nous puissions nous aussi les comprendre
», résume-t-il.
Vaincre l'hostilité
Le forum public d'une journée était animé par l'insp. Baltej Dhillon de la GRC qui, il y a 27 ans, a demandé à la GRC de modifier sa politique afin d'autoriser les policiers sikhs à porter la barbe et le turban. Quand les médias se sont emparés de la nouvelle, il dit avoir été submergé par une vague d'hostilité à laquelle il ne s'attendait pas, mais a été réconforté par le soutien qu'il a reçu – notamment de la communauté juive.
« Elle a manifesté son appui à l'égard de la foi et de la tradition sikhes en publiant une pleine page dans le Vancouver Sun pour rappeler que des sikhs enturbannés ont contribué à vaincre l'Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale
», relate l'insp. Dhillon, off. resp. de la Préparation et des Interventions opérationnelles et des Services techniques de protection au Détachement de la GRC à Surrey (C.-B.).
Malgré les nombreux progrès réalisés au fil des ans, il croit que la discrimination persiste et que les Canadiens doivent continuer de lutter pour défendre la diversité au pays.
Les faits semblent lui donner raison puisque l'hiver dernier, une jeune musulmane de 18 ans portant le foulard musulman a été attaquée à bord du Sky Train de Vancouver. Noor Fadel rentrait chez elle après une journée de travail lorsqu'elle a été violemment prise à partie par un homme qui s'est approché d'elle en vociférant des jurons en arabe et en menaçant de la tuer, elle et tous les musulmans, avant de l'agripper par la tête. Ce n'est que lorsqu'il l'a giflée violemment qu'un autre passager s'est finalement interposé.
« J'étais terrifiée, paralysée, en état de choc. J'entendais juste quelqu'un crier au gars de me lâcher
», relate-t-elle.
Son sauveur, un homme dans la jeune vingtaine, a finalement repoussé l'agresseur. Tremblant et en pleurs, Noor est descendue du train pour appeler la police sur son téléphone cellulaire, suivie de son bon samaritain.
« C'est quelqu'un d'extraordinaire! Il n'était pas obligé de faire ce qu'il a fait
», s'exclame-t-elle en parlant de lui.
Avant l'incident, la jeune femme s'exprimait déjà ouvertement contre la discrimination et le racisme, mais sa notoriété soudaine lui a ouvert de nouvelles possibilités, notamment celle de prendre la parole au forum Shared Opportunity Shared Challenges, à la Marche des femmes de Vancouver et dans des écoles locales.
Tolérance et compréhension
Les incidents extrêmes comme celui-ci sont rares, mais la couverture médiatique donne l'impression que le mal est en train de triompher dans le monde, croit Lisa Romalis, directrice adjointe de l'école juive de Richmond, qui a également pris la parole au forum.
« Les conflits font la une des journaux, poursuit-elle. Il se passe de bonnes choses dans le monde, mais personne n'en parle.
»
Pour elle, il ne fait aucun doute que l'éducation est la clé de la tolérance et de la compréhension, et elle croit qu'il faut commencer auprès des enfants. Au cours des dernières années, elle a forgé un partenariat avec l'école élémentaire musulmane de l'autre côté de la rue. Chaque automne, les deux établissements se rassemblent pour préparer des colis de nourriture destinés aux sans-abri du centre-ville de Richmond.
« Les élèves s'amusent ensemble sans jamais parler de religion
», note-t-elle.