Pour plusieurs grandes villes, le vandalisme par tags et graffitis est un problème important. Gatineau n'y échappe pas. On recense annuellement près d'une centaine de nouveaux tags sur le territoire gatinois. Pour la quatrième ville en importance au Québec avec une population de près de 300 000 habitants, la problématique pourrait être pire.
En fait, il y a quinze ans, les anciennes municipalités qui composent aujourd'hui la ville de Gatineau recevaient annuellement plus de 200 plaintes liées aux tags et aux graffitis. À Gatineau, comme dans bien des villes où il y a une recrudescence du problème, les plaintes ont été réduites de moitié depuis la mise en œuvre d'un programme innovateur dont la jeunesse gatinoise fait partie intégrante.
En effet, le Programme de prévention et de soutien relié aux tags et aux graffitis créé en 2001 repose sur une philosophie d'intervention liée à une instance municipale bien particulière à Gatineau, la Commission jeunesse (CJ).
La CJ permet aux adolescents de faire des recommandations en matière de jeunesse au conseil municipal. C'est donc une équipe multidisciplinaire formée de membres du Service de police (SPVG), du Service des travaux publics, du Service des loisirs, des sports et du développement des communautés (SLSDC) et de l'Alternative Outaouais, un organisme du milieu œuvrant auprès des jeunes, qui a recommandé à la Ville de Gatineau de reconnaître le graffiti comme étant une forme d'art urbain plutôt que de sanctionner les graffiteurs.
Les dix années qui ont suivi ont permis à la Commission jeunesse de peaufiner et de piloter le programme. Maintenant dirigé par le SLSDC, ce programme comprend trois volets : la prévention, le nettoyage et la réglementation. Ces volets sont définis par des objectifs précis qui sont atteints par la mise en œuvre d'actions concrètes.
Le volet prévention vise une meilleure compréhension du phénomène des tags et des graffitis tout en favorisant une manifestation des graffitis respectueuse des biens publics et privés. Il a pour objectif d'informer, de sensibiliser et de promouvoir le graffiti en tant qu'art urbain.
Le besoin fondamental des jeunes de s'exprimer, entre autres par le graffiti, est bien compris à Gatineau. C'est ainsi que plus de 40 murs situés dans des parcs et trois tunnels sont mis à leur disposition. Ces surfaces autorisées permettent aux jeunes de faire des graffitis dans un environnement sécuritaire et les incitent à respecter les biens publics et privés.
De plus, en partenariat avec les organismes du milieu, la Ville organise des ateliers de sensibilisation à l'intention des jeunes. L'animation de ces ateliers est confiée à de jeunes graffiteurs qui, outre la démonstration de leur talent, sensibilisent les jeunes à l'expression de leur art réalisé aux bons endroits et en toute légalité.
La Ville organise également un concours annuel de graffitis et autorise la réalisation de fresques. La fresque rejoint plusieurs autres objectifs, dont l'embellissement d'un quartier, l'augmentation du sentiment d'appartenance et de sécurité chez les citoyens et une diminution des tags et des graffitis illégaux engendrée par un respect du milieu pour la création.
Les différents services municipaux, dont le SPVG et le SLSDC, croient fermement au bien-fondé de la prévention. C'est pourquoi des rencontres avec de jeunes graffiteurs délinquants sont organisées. Ces rencontres permettent de les informer du programme, de les sensibiliser aux coûts et aux conséquences liés au nettoyage des graffitis et de leur offrir la possibilité d'agir positivement.
Les volets nettoyage et réglementation appellent, quant à eux, à une responsabilité partagée et à un effort collectif permettant de restreindre la prolifération des tags et des graffitis illégaux et de décourager les graffiteurs délinquants.
La Ville a ainsi élaboré des stratégies visant à empêcher le vandalisme et incite ses partenaires à nettoyer rapidement les tags et les graffitis illégaux. Elle propose de soutenir les propriétaires en leur donnant accès à des trucs et astuces et en mettant en place un projet de nettoyage des tags et des graffitis illégaux en partenariat avec un organisme jeunesse.
Enfin, tisser des liens entre les jeunes graffiteurs et le public permet de démystifier le côté sombre rattaché à ce mode d'expression. La Ville est convaincue que l'adoption d'une approche préventive intégrant les jeunes, les graffiteurs et le citoyen à même l'élaboration et la mise en œuvre du programme garantira à long terme le succès de celui-ci.