Après avoir raflé sa troisième médaille d'or olympique avec l'équipe nationale du Canada, la hockeyeuse Meghan Agosta a décidé qu'il était temps de faire plus de place à son rêve d'une carrière policière. L'agente de 29 ans fait le point sur la transition entre la vie de hockeyeuse étoile et celle de recrue au service de police de Vancouver. Amelia Thatcher l'a rencontrée.
Que vous a apporté votre carrière au hockey pour vous préparer au travail policier?
La police et le hockey ont beaucoup en commun. À commencer par le travail d'équipe, qui me plaît tant. Le hockey et le travail policier ont des retombées positives. Que tu sautes sur la glace ou dans ton uniforme, tu ne sais jamais à quoi t'attendre. Dans un cas comme dans l'autre, il faut toujours s'entraîner pour être prêt à n'importe quelle situation. Il faut être en forme, physiquement et mentalement. Être une athlète professionnelle m'a préparée à rester en forme, à composer avec le stress, à surmonter les difficultés et à comprendre l'importance d'être une équipe.
Quel effet a eu le travail policier sur votre jeu?
Jouer dans l'équipe canadienne n'est pas un droit, c'est un privilège. Mes quelques années d'expérience au service de police m'ont amenée à gagner en gratitude, en reconnaissance et en humilité. Une habileté que j'ai apprise dans la police et qui m'est utile au hockey est l'art d'improviser, de m'adapter, de surmonter les difficultés. Ça fait partie de mon état d'esprit, de ma préparation mentale. Ça m'a changée et ça a changé mon regard sur le jeu. J'ai pris du leadership, je mets les détails de côté. Je vis le moment présent et je ne tiens rien pour acquis.
Quel équilibre trouvez-vous entre les deux?
Je suis très organisée et je planifie beaucoup. Je vis un jour à la fois et je profite de chaque instant. Quand je suis à Vancouver, je suis toute à mon métier. Le travail policier est plein de dangers, il faut être constamment aux aguets. Quand je travaille, je suis toute là et consciente de ce qui m'entoure; je me concentre entièrement sur mon travail. Depuis que je suis policière, je n'ai pas eu de difficulté à rester en forme. Mon entraînement presque quotidien me permet de rester en forme, autant pour le hockey que pour le travail.
Quand j'ai à jouer pour le Canada, mon esprit décroche du travail policier et se remplit du hockey. Je ne pense pas à ce qui se passe à Vancouver. Je pense à ce que je dois faire pour influencer le cours des choses. C'est toujours ce dont je me préoccupe, que je sois au travail ou au hockey. Depuis toute jeune, j'ai toujours dû planifier, être responsable et résiliente.
Décrivez-nous une semaine typique.
Mes semaines sont chargées, entre le travail par quart, l'entraînement et ma vie sociale. Ma famille compte beaucoup pour moi et il me semble important de conjuguer sainement la carrière d'athlète professionnel, le travail à plein temps et le temps à consacrer aux êtres aimés.
Qu'est-ce qui vous motive dans tout ça?
Pouvoir faire du bien aux gens. Bien sûr, j'ai une carrière, mais je l'ai choisie avec passion. Je suis fière de mon travail, j'aime ce que je fais. Les policiers travaillent sans arrêt, nous sommes toujours sur appel. Quelqu'un appelle et nous venons l'aider. Quand tu entres au travail, tu ne sais jamais où on va t'envoyer, quelle vie tu vas toucher, et j'en tire une grande fierté.
En vous projetant dans le temps, où vous voyez-vous?
Trouver le juste milieu entre le hockey et le travail policier a été l'un des défis les plus difficiles que j'aie eu à surmonter. Je fais des sacrifices parce que je veux continuer de représenter le Canada dans divers tournois. Je sais que je peux continuer d'aider le Canada à connaître le succès. Je suis encore jeune; mon leadership, mon expérience et mon talent peuvent contribuer à ramener une autre médaille d'or au Canada. À court terme, donc, mon but est de participer aux prochains Jeux olympiques qui se tiendront en Corée du Sud en 2018.
Du côté policier, je m'applique à apprendre tous les jours. À long terme, je vise de travailler dans une équipe de surveillance, dans une équipe d'enquête et dans une équipe cynophile. Je veux aussi être un mentor pour la relève, faire de la formation pratique et diriger, mais j'ai une bonne trentaine d'années devant moi pour faire tout ça.
Quand je prendrai ma retraite du hockey, je veux fonder ma famille et donner à mes enfants les possibilités que mes parents m'ont offertes quand j'étais enfant.