Un atelier organisé au Manitoba aide les policiers et employés de la GRC à mieux servir ceux qui vivent avec un trouble de la parole, du langage ou de la communication.
L'atelier « Communication Matters
», projet pilote qui a vu le jour l'été dernier, aborde différents thèmes : législation en matière d'accessibilité, stratégies de communication adaptées aux personnes atteintes d'un trouble de la parole, du langage ou de la communication, accès à des ressources comme des interprètes et du matériel auxiliaire.
« Les statistiques montrent qu'une forte proportion de ces personnes ont été victimes d'un crime. En partie à cause du fossé de communication, souvent l'affaire reste sans suite ou la victime ne peut pas raconter ce qu'elle a vécu
», explique le s.é. m. George Whelan, affecté aux services de renouvellement et de perfectionnement professionnels de la GRC au Manitoba.
Au cours de l'atelier, Brett Adam raconte comment il vit avec son trouble de la parole. Il conseille aux participants de ne pas repousser quelqu'un simplement à cause de sa manière de parler. « Les personnes qui ont des difficultés d'élocution peuvent être d'une aide précieuse dans les enquêtes, du moment qu'on adopte avec eux les bonnes techniques de communication.
»
Combler le fossé
Stacey McRuer est coordonnatrice du Programme des dispositifs de communication au Deer Lodge Centre, un centre de réhabilitation pour adultes ayant des besoins particuliers situé à Winnipeg. Avec l'orthophoniste Aynsley Allen et l'ergothérapeute Amy McDougall, elle a contribué à l'organisation et à la présentation de l'atelier. D'après elles, l'emploi de stratégies simples peut améliorer la communication entre n'importent quels locuteurs.
« Ça profite à toute personne avec qui on parle. Ce sont des stratégies universelles
», affirme Mme McRuer. « Même si la personne en face de soi est apte à parler, ces stratégies augmentent notre capacité à obtenir de bonnes informations.
»
Le séminaire propose des astuces comme ralentir son débit et se montrer patient, éliminer les facteurs de distraction, prêter attention à toutes les formes de communication et faire preuve de franchise quand on a de la difficulté à comprendre son interlocuteur.
« Il faut savoir que beaucoup de gens, sinon tous, ont la capacité de communiquer. Ce qui varie, c'est le mode emprunté et les moyens utilisés
», déclare Mme McRuer.
Les animateurs offrent différents conseils pour communiquer avec quelqu'un atteint d'un trouble de la parole, du langage ou de la communication :
- demander à son interlocuteur quelle est la façon dont il préfère communiquer. Certains préfèrent l'écrit, le dessin, d'autres le pouce en l'air ou en bas en guise de oui ou de non;
- demander à son interlocuteur s'il serait utile de faire venir un accompagnateur comme un assistant en communication rémunéré, un ami ou un proche;
- poser une question à la fois, donner une directive à la fois.
Expérience vécue
Voici l'histoire de Brett Adam, qu'il raconte lui-même dans l'atelier. Policier du Service de police de Winnipeg, il témoigne en cour un jour de 2007 lorsque sa vue commence à s'embrouiller; il rentre chez lui, mal en point et croyant avoir une migraine.
« Dans les 24 heures, j'étais dans le coma et complètement paralysé. J'avais contracté une maladie neurologique appelée syndrome de Guillain-Barré Syndrome
», confie Brett.
Durant plus de dix ans, il a travaillé au sein du Programme des dispositifs de communication et cherché des moyens d'accroître ses capacités de communiquer à l'aide d'un ordinateur. Au cours du séminaire, il relate comment il s'est habitué à vivre avec un handicap, fait une démonstration de son utilisation des ordinateurs et d'autres outils technologiques à des fins de communication et témoigne de ce qu'il ressent quand on l'ignore en raison de son handicap.
« J'ai donné des indications aux animateurs sur ce qui pourrait être utile aux policiers dans leurs échanges avec des gens ayant divers types de troubles de la parole. Au cours du séminaire, je leur ai montré comment je me servais de mes appareils de communication, de sorte qu'ils sachent qu'il existe différents moyens pour échanger avec des personnes présentant un handicap
», dit-il.
En faisant le récit de son histoire, Brett espère amener les policiers à collaborer plus aisément avec les personnes atteintes d'un trouble de la communication.
Au dire du s.é. m. Whelan, qui a consulté les réponses au sondage mené auprès des participants après l'atelier, nombreux sont ceux pour qui le récit d'expériences vécues a été le moment saillant du séminaire. « Ça permet aux participants de vraiment comprendre comment on se sent quand on est ignoré et comment faire pour éviter ces situations
».
« Ça nous apprend à voir à travers leurs yeux
», dit le gend. Chris Joven, agent de la diversité culturelle de la GRC au Manitoba qui a participé au séminaire. « J'ai assisté à bien des cours où on ne fait que montrer des diapos. Mais on apprend mieux en écoutant un témoignage de première main et en découvrant la technologie que les gens utilisent pour communiquer.
»
L'insp. Adele McNaught dit que l'atelier lui a ouvert les yeux et a changé sa façon de concevoir la communication. « Il y a des phénomènes qu'on peut aisément prendre pour des signes d'agressivité ou d'affirmation alors qu'il s'agit en fait de quelque chose que la personne ne contrôle pas
», commente l'insp. McNaught. « Il faut parfois ralentir, patienter et donner le temps à la personne pour s'exprimer du mieux qu'elle peut
».
Vu le succès du premier séminaire, des travaux ont été amorcés pour offrir de nouveau l'atelier au Manitoba et élaborer une formation comparable pour les policiers de la GRC partout au pays.