Lorsque des policiers de New Hazelton sont arrivés en autopatrouille au camp de Youth Career Discoveries, une vague d'appréhension a envahi les participants.
À voix basse, ils se demandaient ce que la police venait faire là, les policiers inspirant toujours peur et méfiance dans les communautés rurales du Nord comme celle de New Hazelton (C.-B.).
Les agents de la GRC ne cherchaient pas à faire la morale à ces jeunes. Ils étaient là simplement pour passer du temps avec eux.
« Ils se sont installés autour du feu pour les écouter », raconte Karla Rockwell, directrice des ressources humaines et des initiatives jeunesse à la Gitxsan Development Corporation (GDC), qui gère les camps. « Le statut de policier ne vous vaudra pas le respect des jeunes; il faut y mettre du sien. »
Lancé en 2014, le programme Youth Career Discoveries vise à aider les jeunes du secondaire à développer des compétences liées au secteur des ressources de la C.-B. (construction, foresterie, etc.), là où se trouve la plupart des possibilités d'emploi.
Comme New Hazelton est située en territoire ancestral gitxsan, la majorité des jeunes participants sont issus de communautés autochtones. En plus de financer diverses initiatives jeunesse, la GDC, société de portefeuille, exploite 33 000 km de terres gitxsanes dans le nord de la province.
« Les jeunes autochtones se heurtent à plusieurs obstacles, comme le chômage, la dépression et les problèmes familiaux. Nous voulions réaliser une bonne action dans la communauté et rehausser l'estime de soi des jeunes », explique Mme Rockwell.
L'été dernier, elle a abordé la question de la participation de la GRC avec le serg. Antonio Hernandez, chef du Dét. de New Hazelton.
« J'ai trouvé l'idée géniale et accepté d'y participer. En ma qualité de nouveau chef de détachement, je voulais changer la culture en la centrant sur les activités et la participation communautaires », confie le serg. Hernandez.
Pendant plusieurs semaines, six policiers ont pris part aux camps qui ont réuni environ 50 jeunes de la petite ville.
Le gend. Kevin Hopkinson, comme bien d'autres, a raconté aux jeunes ce qui l'a motivé à choisir la GRC, ses activités quotidiennes et combien son travail est gratifiant et stimulant. Il a aussi parlé de son expérience antérieure à titre de planteur d'arbres.
« C'était intéressant d'observer les jeunes du début à la fin du camp », dit-il.
« On se serait cru dans une séance de guérison : assis autour d'un grand feu, tous parlaient de leurs expériences de vie, de leurs problèmes et expliquaient comment leur participation au camp les a aidés à surmonter les obstacles. »
Il a relaté le cas d'un garçon qui avait de la difficulté à trouver sa place au sein du groupe. À la fin de l'aventure, le jeune a compris que les autres pouvaient l'aimer tel qu'il est. Il est rentré chez lui avec de nouveaux amis et une nouvelle estime de soi.
Le gend. Hopkinson était aussi là pour enseigner, jouer, écouter et tisser des liens.
« Il a rampé dans les bois et a joué au jeu du drapeau et à la chasse à l'homme avec les jeunes », souligne Mme Rockwell.
Pour lui, il est particulièrement important de briser les stéréotypes qui circulent sur la police chez les jeunes de New Hazelton.
« En rencontrant un policier en civil, les jeunes voient qu'on est humain et qu'on peut leur parler à leur niveau ».
Le serg. Hernandez a aussi fait de ce rapprochement un objectif pour son détachement.
« Nous voulons changer la perception que les gens ont de la GRC en consultant les communautés pour connaître leurs besoins et ce que nous pouvons faire pour les aider ».
La GDC prévoit poursuivre ses initiatives jeunesse en 2016, y compris le camp, auquel le serg. Hernandez et le gend. Hopkinson retourneraient volontiers.
« C'est extraordinaire ce qui peut arriver en une semaine lorsque des policiers prennent le temps de nouer des liens avec les jeunes », commente Mme Rockwell. « On pouvait voir qu'ils étaient intrigués et certains voulaient même devenir policiers. »
Reproduit avec la permission du Pony Express ().