Vol. 79, Nº 2Reportages

Un policier à genoux tenant une arme

Exercice de conscientisation

Préparer les employés de la GRC aux menaces actives

La GRC au Québec forme ses employés à réagir à une menace active au moyen d'un guide en ligne de mesures préventives, d'une vidéo de sensibilisation et d'exercices pratiques. Crédit : Julie Laflamme, GRC

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Sans se faire remarquer, un homme approche du bâtiment qui abrite les Délits commerciaux de la GRC à Montréal. Il entre par une porte arrière laissée ouverte, et ouvre le feu.

« De nos jours, la police est une cible, affirme le cap. William Demeau, enquêteur aux Délits commerciaux. Il faut être prêt à tout. »

Le simulacre de fusillade était en fait un exercice pour améliorer la réaction des employés en situation d'urgence. C'est l'une des nouvelles mesures prises par la GRC au Québec afin de préparer ses gens à une nouvelle réalité : des tireurs actifs ciblent des policiers.

« Avant, on élaborait des procédures "au cas", explique François Viens, coordonnateur du soutien opérationnel à la tête du projet. C'est maintenant un besoin. Il y a de plus en plus de tireurs actifs. »

Sensibiliser les employés

On s'en est pris déjà à la police et à l'armée au Canada. En 2014, un suspect à bord d'un véhicule a foncé sur deux militaires à Saint-Jean-sur-Richelieu, au Québec, ôtant la vie à l'un d'eux. Quelques jours plus tard, un agresseur a tiré sur un soldat canadien devant le monument aux morts à Ottawa, avant de semer le chaos sur la colline du Parlement.

C'est ce qui a amené la GRC au Québec à confier à M. Viens la préparation de tous les employés, policiers et civils, à un possible attentat dans leur lieu de travail.

Il a préparé et mis en ligne un Guide des mesures préventives en cas de menace active. Les employés civils, policiers et employés de la sécurité de l'édifice et du centre de commandement opérationnel y trouvent des directives détaillées à suivre dès les premières minutes de l'incident comportant une me-nace active.

« Quand dans un immeuble, on a 200 policiers qui peuvent intervenir, ça ne se passe pas comme dans un centre commercial ou un aéroport, où l'on trouve surtout des civils, déclare-t-il. Nous essayons d'outiller au mieux nos gens pour intervenir dans notre milieu de travail. »

Afin d'éveiller l'intérêt des employés, de les mobiliser et de leur montrer comment réagir, on a aussi produit une vidéo de cinq minutes qui met en scène un tireur actif dans un quartier général de police.

« Nous voulions un outil convainquant, dit-il. La vidéo montre ce que les employés doivent faire. Ce n'est pas une vidéo tactique, elle s'adresse à tout le monde à la GRC. »

Aux détachements qui souhaitent pousser plus loin la préparation, M. Viens offre avec le cap. Alain Benjamin et le serg. Jean Dion, du Groupe tactique d'intervention, des exercices de confinement semblables à celui tenu aux Délits commerciaux à Montréal. Avec l'adhésion et le soutien des détachements, ils visitent tous les immeubles de la GRC de la province afin d'évaluer leurs procédures en cas de menace active.

« Nous pouvons adapter notre plan à la réalité de chacun, précise le cap. Benjamin, que le détachement compte moins de monde ou surtout des civils, qu'il soit dans une grande ville ou dans un village… Nous nous adaptons. »

Question de confiance

Avant de tenir l'exercice aux Délits commerciaux, M. Viens et le cap. Benjamin ont montré la vidéo à tout le personnel. Puis ils ont fait venir de Québec l'équipe de formateurs de la GRC afin que tous les policiers de l'édifice aient la formation la plus récente en matière de déploiement rapide pour action immédiate (DRAI).

Le jour de la simulation, les membres du Groupe tactique d'intervention et du Groupe des interventions médicales d'urgence ont aidé les employés et répondu à leurs questions. On a bouclé le périmètre et on s'est assuré qu'il n'y avait sur place aucune munition à charge vive.

« Nous ne savions pas quel serait l'incident, ni d'où il viendrait, assure le cap. Demeau, qui a participé à l'exercice. Nous avons réagi, c'est tout. »

En entendant les coups de feu, le cap. Demeau et trois autres policiers ont mis en pratique leurs techniques de DRAI et foncé vers la menace. Avant qu'elle puisse aller plus loin, ils l'ont abattue.

« Pour beaucoup, c'était une révélation. Tout peut se passer très vite et il faut savoir quoi faire, insiste-t-il. Je crois qu'on comprend mieux maintenant ce que nous devons faire concrètement. »

L'exercice terminé, MM. Viens et Benjamin ont rencontré les employés et leur ont fait des recommandations pour améliorer leur réaction.

« On s'attend à ce que la police soit prête à tout, tout le temps, reconnaît le cap. Benjamin. Nous aidons nos gens à se préparer. Que ce soit pour un attentat terroriste ou un tireur actif agissant seul, nous devons avoir des procédures en place pour préserver la confiance du public. »

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