La GRC travaille à une application mobile sécurisée qui fournira une image améliorée des situations opérationnelles dans une perspective de commandement et de contrôle.
Cet outil, baptisé ATAK (Android Team Awareness Kit), permettra aux policiers sur le terrain et dans les postes de commandement de suivre les déplacements des intervenants en temps réel sur plusieurs dispositifs, tels que des téléphones Android ou des téléviseurs à grand écran.
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« C'est ce qu'on appelle la conscience de la situation », dit Laila Martin, gestionnaire à la Sous-direction de la livraison de systèmes et de la gestion de portefeuilles de projets. « On sait alors où sont les autres agents de la GRC et des services partenaires. On peut aussi montrer où les suspects ou les criminels se trouvent ou ont été aperçus pour la dernière fois. »
La GRC a reçu une version expérimentale de l'appli de la part d'un organisme de sécurité américain en 2017 et s'emploie maintenant à l'adapter à ses besoins.
Son intérêt pour cette technologie découle du rapport MacNeil sur les fusillades ciblées qui ont coûté la vie à trois agents de la GRC à Moncton en 2014. Il était notamment recommandé dans ce rapport d'améliorer la communication et la coordination sur le terrain.
Le cap. Al Comeau, chef du Groupe tactique d'intervention (GTI) au Nouveau-Brunswick, croit que cet outil changera la donne.
« L'appli nous offrira un avantage technologique inédit, explique-t-il. La communication de renseignements sur le suspect et ses déplacements se fera en temps réel, ce qui permettra aux membres du GTI de mieux formuler et exécuter leur plan d'action. »
L'appli offre aussi des fonctions de suivi par GPS, de messagerie texte, de mesure des distances, d'accès aux images satellite et aux données topographiques, de conversation, de communication vidéo et d'échange d'information qui accroîtront la sécurité et la collaboration.
À l'heure actuelle, les commandants peuvent voir où se trouvent les véhicules des agents, mais lorsque ces derniers s'en éloignent, ils doivent communiquer leurs déplacements par radio.
« Dès qu'un policier quittera son véhicule, on saura exactement où il est », précise Minh A. Nguyen, développeur à la Sous-direction du développement des applications de la GRC, qui a formé les policiers à l'utilisation de l'appli lors de la phase d'essai.
Brandon Rowen, qui est également développeur d'applications à la GRC, colla-bore avec lui afin de fournir un soutien en matière de programmation.
Ensemble, ils ont récemment fait une démonstration de l'utilisation de cette technologie à l'appui du travail des cadres supérieurs et des policiers de première ligne. Les icônes qui représentent les policiers sur un écran au poste de commandement aident à cerner les besoins sur le terrain et les mesures à prendre pour intervenir efficacement.
« Les cadres peuvent suivre le tout (à l'écran) et envoyer de l'information au téléphone d'un policier instantanément », explique Brandon Rowen.
Essai de la technologie
L'appli a fait l'objet de plusieurs essais avec la collaboration de membres de GTI, notamment lors des funérailles tenues au Nouveau-Brunswick en août 2018 pour deux policiers de Fredericton tués par balle alors qu'ils répondaient à une demande de service. Des milliers de policiers du pays entier et des centaines de fonctionnaires étaient présents.
« Il y avait tellement d'agents de services de police différents. Aucune menace précise ne planait sur l'événement, mais l'essai a été mené à titre préventif », souligne Laila Martin, ajoutant que 25 membres de GTI ont participé à l'exercice. « On devait montrer l'efficacité de l'appli en situation de crise et s'assurer que les commandants pouvaient coordonner la participation des agents de la GRC à divers types d'interventions. »
Des policiers font aussi l'essai de l'outil dans leur travail quotidien.
« L'appli offre plusieurs fonctions qui leur seront utiles, notamment pour la géolocalisation des agents, la communication de renseignements et le repérage des preuves », croit le cap. Comeau. Jusqu'à présent, les commentaires sont positifs. Un policier a utilisé l'appli pour appréhender un conducteur soupçonné d'avoir les facultés affaiblies qui avait fui le lieu d'un accident à pied. « J'avais la tablette avec l'ATAK dans la voiture. Après m'être garé, j'ai pu faire boucler le secteur en temps réel. L'appli a été fort utile », a noté ce policier dans ses commentaires.
La GRC collabore avec Services partagés Canada pour s'assurer que l'appli pourra être fournie à tous les poli-ciers, mais la date de son lancement national n'est pas encore fixée.