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Des enquêteurs étalent des paquets d'héroïne sur le pavé d'un parc de stationnement.

Échec au crime organisé transnational

Un partenariat fédéral-municipal stoppe la circulation d'une drogue mortelle

À Johannesburg (Afrique du Sud), des enquêteurs saisissent 19 kg d'héroïne dans le cadre du projet Phototaxis, écartant ainsi des rues canadiennes la menace que représente cette drogue mortelle. Crédit : Serg. Fiona Wilson, Service de police de Vancouver

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Il y a quelques années, une menace à la sécurité publique a émergé dans les rues de Vancouver : l'arrivée d'une héroïne très puissante, avec son cortège de surdoses létales et de violence.

Ayant repéré une association d'individus de la région de Vancouver qui importait cette drogue en grande quantité, le Groupe fédéral des crimes graves et du crime orga-nisé (GFCGCO) de la Division E a fait appel au service de police de Vancouver (SPV) afin de contrer la menace.

« La participation du SPV était essentielle à l'enquête en raison de sa connaissance des secteurs urbains où les suspects étaient le plus actifs et de sa longue expérience dans la lutte contre le trafic d'héroïne et ses ravages à Vancouver », commente l'insp. Cal Chrustie, du GFCGCO.

Ensemble, ils ont mis sur pied le projet Phototaxis, une enquête amorcée en juin 2013 sur la base d'allégations selon lesquelles les cargaisons d'héroïne provenaient d'Afghanistan, le premier producteur mondial de « blanche ».

Partie d'Afghanistan, la drogue transitait par l'Afrique et l'Europe avant d'aboutir sur le marché des grandes villes canadiennes comme Vancouver, Calgary, Toronto et Montréal.

Réduction de la menace

L'enquête s'est conclue en mai 2015 par 28 arrestations et la saisie de 37 kg d'héroïne en divers endroits au Canada, notamment Vancouver, ainsi qu'en Belgique et en Afrique du Sud.

« On a si durement frappé les réseaux d'approvisionnement et de distribution que nos agents de liaison et partenaires policiers à l'étranger n'observent plus d'activité de leur part », remarque l'insp. Chrustie.

Au dire du surint. Mike Porteous, du SPV, le Service canadien de renseignements criminels, organisme public qui fournit produits et services de renseignement aux corps de police, a même ôté la mention du groupe criminel ciblé dans son évaluation nationale de la menace.

« Il était pressant de parer à ce risque, car le nombre de victimes de doses mortelles d'héroïne ne cessait d'augmenter, ajoute le surint. Porteous. Et pour conjurer cette menace, un partenariat avec la GRC allait de soi. »

Les deux corps policiers ne se sont pas cantonnés à Vancouver : collaborant avec l'Agence des services frontaliers du Canada et des orga-nismes étrangers (service de police d'Afrique du Sud et Police fédérale de Belgique), ils ont mis en commun ressources et informations afin de démanteler le réseau de trafic.

« Arriver à prévenir une seule surdose mortelle est déjà pour nous un succès, déclare le surint. Porteous. Ce genre de succès n'est pas facile à mesurer, mais l'héroïne qui se vendait au centre-ville de Vancouver était très puissante, et je suis certain que notre action a permis de sauver des vies. »

Selon l'insp. Chrustie, le fait que la plupart des arrestations et saisies ont été effectuées à l'étranger démontre l'excellence de la stratégie d'enquête – en laquelle il voit l'avenir de la lutte contre le crime organisé transnational.

D'après le surint. Porteous, l'action répressive menée à l'étranger a des incidences au Canada qui débordent le cadre des poursuites judiciaires.

« Ça a mis un frein à l'arrivée de drogues mortelles dans nos villes, constate-t-il. D'habitude, le démantèlement d'un réseau local génère des violences et des querelles internes dans le monde du crime organisé, et c'est précisément ce qu'on a su éviter ici. »

Émergence d'une force d'intervention

Le projet Phototaxis n'est qu'un exemple, parmi des dizaines d'autres, des résultats positifs auxquels ont conduit la collaboration entre le SPV et le GFCGCO de la GRC depuis qu'ils ont formé une force d'intervention conjointe, il y a deux ans.

La longue histoire de coopération entre les deux organismes remonte aux années 80, à l'époque où leur équipe intégrée d'application de la loi, appelée Street Crew, jouissait d'une solide réputation. Cette équipe a cessé ses activités au cours des années 2000.

La direction du SPV et du GFCGCO a compris que la meilleure façon de lutter contre le crime organisé transnational à Vancouver passait par la revitalisation du concept d'équipe intégrée.

« Pour moderniser le concept d'intégration avec le SPV, nous avons renforcé le caractère transnational de la force d'intervention », précise l'insp. Chrustie.

Poussant plus loin le concept original, la force d'intervention a noué d'étroites relations de travail avec la US Drug Enforcement Administration, la section d'enquêtes de Homeland Security et l'ASFC, avec l'ensemble desquelles il mène des opérations conjointes.

La nouvelle force d'intervention traque les cibles de haut vol impliquées dans le trafic transnational à Vancouver, ville réputée être une plaque tournante du marché canadien.

« Ici, policiers municipaux et membres de la GRC travaillent côte à côte, analyse le surint. Porteous. Ils ne se considèrent pas comme des membres du SPV ou de la GRC, mais comme des membres du groupe d'intervention, et ça marche à merveille. »

Reproduit avec la permission du Pony Express ().

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