Un photographe marin d'expérience prenait des images de corail dans la baie Nootka, en C.-B., quand le malheur a frappé. L'homme de 69 ans s'est mis à descendre rapidement, à une profondeur telle que ses compagnons de plongée n'ont pas pu le suivre.
Au cours des heures et des jours qui ont suivi, l'Équipe de récupération sous-marine (ERS) de la GRC en C.-B. a sillonné la baie à sa recherche, mais en vain.
« On n'aime pas rentrer bredouilles, note le gend. Erik Stelter, plongeur de l'ERS à Surrey (C.-B.) et habitué du sonar. Apporter des réponses aux familles et recueillir des preuves à l'appui d'enquêtes criminelles, c'est notre passion. »
Un an après la disparition du photographe, l'ERS est retournée au lieu du drame pour explorer une nouvelle piste.
Elle a refouillé le secteur à l'aide d'un véhicule téléguidé (VTG) muni d'une nouvelle technologie de sonar (système qui permet de détecter les objets submergés grâce à des ondes acoustiques). C'est ainsi qu'elle a découvert le corps du photographe.
L'ERS de la C.-B. peut donc maintenant revenir sur des dossiers de longue date concernant des personnes disparues dans l'eau. Les avancées de la technologie et de la formation permettent aux plongeurs de la GRC d'enquêter en eaux beaucoup plus profondes qu'auparavant.
Policiers des profondeurs
Les membres de l'ERS travaillent aux services généraux de différents détachements au pays et ne font de la plongée qu'en cas de besoin. Ils reçoivent néanmoins une formation poussée. Après un processus de sélection de trois jours, ils suivent le Cours d'initiation à la récupération sous-marine de cinq semaines pour apprendre des techniques de plongée spécialisées.
« Les journées étaient longues et éreintantes, dit la gend. Kathryn Ternier, plongeuse de l'ERS au Manitoba. On laissait sécher l'équipement la nuit, puis on recommençait le lendemain. »
Après leur formation initiale, les plongeurs peuvent suivre huit autres cours portant notamment sur la plongée sous la glace, la plongée de sauvetage et l'identification sous-marine d'explosifs.
« On n'enseigne pas la plongée, mais le travail policier sous-marin, nuance le serg. Jay White, chef du centre national de formation sous-marine à Nanaimo, en C.-B. Il s'agit de fusionner l'expertise policière et les connaissances en matière de plongée. »
Selon lui, la formation des plongeurs de l'ERS suit l'évolution de la technologie et des pratiques exemplaires. En 2013, le centre a adopté une nouvelle norme de plongée avec décompression pour permettre aux plongeurs d'aller plus profond. Les 68 membres de l'ERS à l'échelle du pays se sont rendus au centre pour suivre le cours obligatoire.
« Peu de temps après l'introduction de cette norme, un bateau a coulé avec deux personnes à bord, raconte le serg. White. Nous les avons récupérées à une profondeur jamais atteinte dans l'histoire du programme, soit 47 mètres. »
De plus, le cours d'initiation a récemment été enrichi d'un module sur les constatations criminelles, qui explique comment faire un croquis à l'échelle des lieux de crime sous-marins.
Conclusion d'enquêtes
Dans le cas du photographe disparu, l'ERS est retournée au lieu de l'accident forte d'une nouvelle piste d'enquête et d'un nouvel outil qu'elle utilisait depuis un an : le VGT. Elle abordait donc sa deuxième opération de recherche avec optimisme.
Après avoir balayé le secteur de recherche pendant quelques minutes, elle a vu apparaître une grande tache blanche à l'écran sonar du VGT, qui se trouvait à plus de 70 mètres sous la surface. L'équipe est restée dans le bateau, car la limite de plongée fixée par la GRC est de 48 mètres.
« La technologie est complexe, d'où l'importance d'en comprendre le fonctionnement, souligne le gend. Stelter, qui plaide pour que les membres de l'ERS reçoivent davantage de formation à cet égard. On veut pouvoir exécuter rapidement des recherches plus efficaces. »
Depuis son achat l'an dernier, le VGT n'a été utilisé que dans une poignée de dossiers, et seuls quelques membres de l'ERS savent s'en servir. Comme il est muni d'un sonar et d'une caméra à haute définition, il est souvent utilisé en dernier recours, là où les plongeurs ne peuvent pas aller.
Le VGT a repéré le photographe à une profondeur de 73 mètres, à la base d'une fa-laise escarpée. Sa pince mécanique a permis de le saisir et de le ramener à la surface.
« Il est bon de retourner quelque part avec de nouveaux outils et de trouver ce qu'on cherche, reconnaît le gend. Stelter. On peut donner des réponses à la famille, c'est très gratifiant. »