Vol. 78, Nº 2Jeunesse

Jeune femme contrariée en face d'un homme vu de dos.

Des relations saines

Sensibiliser les jeunes pour prévenir la violence familiale

Reveal'ution décrit la relation violente qu'entretiennent deux élèves du secondaire, Jessie (Tianna Sarra) et Brady (Tage Castonguy). Crédit : Service de police d'Abbotsford

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Les fréquentations sont compliquées, surtout quand on est adolescent. Des émotions violentes jumelées à l'inexpérience peuvent former un cocktail toxique – qui peut mener à des relations malsaines, voire violentes.

Mais de nouvelles initiatives lancées par la GRC et d'autres organisations au pays cherchent à sensibiliser les ados au danger de telles relations.

Révélation d'une révolution

La dét. Tonya Dupuis avait un problème. On était en 2014, et le Groupe de la violence familiale du service de police d'Abbotsford (C.-B.) avait été chargé de sensibiliser les écoles locales aux relations de violence chez les adolescents. La dét. Dupuis, qui a mis sur pied le groupe en 2009, était frustrée du manque de ressources disponibles pour ces ateliers.

« La documentation sur les relations entre adolescents était rare, explique la dét. Dupuis. La violence familiale étant un sujet délicat, les gens ont parfois peur d'en parler. Nous voulions aborder le problème sans détour. »

Puis l'idée lui est venue de créer une vidéo contemporaine qui montrerait avec réalisme une relation de domination et de violence. La dét. Dupuis, avec le soutien de son chef, Bob Rich, a travaillé avec une compagnie de production locale pour réaliser le court métrage, intitulé Reveal'ution.

Le film suit l'évolution d'une relation adolescente toxique en montrant ses conséquences pour tout le monde, de la victime à ses amis en passant par les témoins. Il s'agit d'un regard intime et cru sur une relation de violence, mais aussi d'un cri de ralliement à l'intention du public, afin de l'inviter à s'élever contre ces situations.

« La vidéo surprend bien des jeunes, précise la dét. Dupuis. Nombre d'entre eux acquiescent en voyant le film. Ils voient le lien entre ce dont on parle et leur réalité quotidienne. Ils s'identifient à la situation, ce qui est particulièrement troublant. »

Sensibilisation chez les Autochtones

La vidéo n'est pas le seul moyen de sensibilisation utilisé pour résoudre la violence dans les relations. L'Ontario Federation of Indian Friendship Centre se consacre depuis cinq ans à élaborer son propre programme – Kizhaay Anishinaabe Niin (en français, Je suis un homme bon).

Le programme aborde la violence dans les communautés autochtones en offrant une formation individualisée, des services de counselling et des activités à plus de 150 hommes dans la dernière année.

« Dans les communautés, la plupart des gens me disent avoir eux-mêmes été témoins, enfants, de la violence contre leur gardienne » , précise Chris Taylor, un moniteur du programme Je suis un homme bon. « Ils me disent qu'il est rare pour eux d'avoir eu un modèle masculin sain, ou même d'avoir eu un père. En intervenant auprès d'eux, nous trouvons des hommes sains que nous érigeons en modèles. »

Être exposé à la violence étant enfant augmente sensiblement le risque d'être impliqué dans la violence une fois adulte, comme victime ou agresseur. Le programme Je suis un homme bon vise à créer un réseau d'hommes sains, bienveillants – afin de contribuer à rompre le cycle de violence qui persiste depuis des générations dans de nombreuses communautés.

« Nombre des finissants du programme offrent leadership et soutien chez les plus jeunes hommes, précise Chris Taylor. Ce sont souvent les gars qui inspiraient de la crainte dans la communauté; désormais, ils ont apporté des changements sains dans leur vie et sont devenus des modèles de comportement pour les jeunes. »

Un soutien solide de la communauté et des modèles de rôle sains contribuent à la sensibilisation continue des jeunes, leur montrant à quoi ressemble une relation saine – et les encourageant à éviter les choix risqués.

Sensibilisation précoce

Le sujet de la violence familiale étant moins tabou, de plus en plus d'organismes prennent conscience des risques inhérents aux relations chez les jeunes. La GRC a lancé plusieurs campagnes à l'intention des ados, y compris le programme #amourSain dans les médias sociaux et des DiscussionsGRC sur les relations de violence. Des organismes sans but lucratif et les services de police, entre autres, lancent leurs propres initiatives pour toucher le segment difficile à joindre, mais crucial, des ados.

« En tant que forces de l'ordre, nous ne devons pas hésiter à aborder la violence dans les relations, explique la dét. Dupuis. Il nous faut toucher les plus jeunes. Ces relations néfastes ont cours à un âge encore plus précoce; je pense que nous devons tous – dans toutes les disciplines – commencer à en parler auprès du segment des plus jeunes. Sensibilisation et prévention sont primordiales. »

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