À l'autre bout de la terre, trois policières canadiennes enquêtent sur des crimes de guerre commis sous le régime des khmers rouges.
« Ce que nous faisons ici donne dans l'appareil judiciaire une voix aux survivants et aux millions de victimes du régime des khmers rouges », explique la cap. Bailey Gilarowski de la GRC, l'une des policières canadiennes envoyées dans ce pays d'Asie du Sud-Est.
Les khmers rouges y ont régné de 1975 à 1979 et ont été trouvés coupables de crimes contre l'humanité, notamment la mort de deux millions de Cambodgiens, par les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC), établies pour juger les hauts dirigeants du régime.
Bien qu'il se soit écoulé 30 années depuis la chute du régime communiste et 10 années depuis la création des tribunaux, il reste encore de nombreux responsables à amener devant la justice.
C'est pourquoi la cap. Gilarowski, la sergente-chef Isobel Granger de la Police d'Ottawa et la détective Ana Jean Benefield de la Police de Vancouver y ont été déployées pour une mission d'un an sous l'égide du Programme policier d'opérations de paix internationales du Canada.
Les trois femmes font partie d'un groupe international d'enquêteurs, d'analystes et de juristes dépêché auprès des CETC, une organisation chapeautée par le Cambodge et les Nations Unies.
Depuis janvier, elles essaiment des villages à partir de Phnom Penh, la capitale du Cambodge, pour recueillir les témoignages de victimes. Chaque mois, les policières consacrent entre 10 et 14 jours aux entrevues de survivants.
« J'ai entendu des histoires d'une tris-tesse et d'une violence inouïes, et pourtant, ces gens tiennent bon. Ils continuent de vivre, de travailler, et même de rire », raconte la dét. Benefield.
Les entrevues des policières seront versées au dossier d'enquête permanent du tribunal ainsi que dans les annales historiques du Cambodge.
« Le peuple cambodgien a survécu à l'horreur et son acharnement à tisser un avenir positif et plein d'espoir est un hommage à sa résilience », estime la cap. Gilarowski.
En mars, la serg.-chef Granger a aidé les CETC à accuser d'homicide et de crimes contre l'humanité un membre d'un duo de suspects. L'enquête est toujours en cours contre les deux et les équipes continuent de monter la preuve.