En Colombie-Britannique, la police fait équipe avec les propriétaires d'entreprise et les gestionnaires immobiliers dans une intention commune : prévenir le terrorisme.
La GRC, le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et le Service de police de Vancouver (SPV) collaborent à l'opération Securus, un programme de prévention du terrorisme dans la région du Lower Mainland, qui inclut la ville de Vancouver. Le programme cible les entreprises du secteur pour les sensibiliser aux signes possibles de terrorisme et les encourager à signaler les comportements suspects.
« L'opération Securus sert de trait d'union entre la GRC et la communauté des affaires », précise Len vanNieuwenhuizen, coordonnateur d'information sur la menace terroriste à la GRC. « Les indicateurs de terrorisme sont un peu comme des pièces de casse-tête qu'on cherche dans une optique de prévention. »
Les responsables de Securus rencontrent régulièrement leurs partenaires dans toute la région pour discuter des derniers incidents de terrorisme survenus dans le monde et leur communiquer des pratiques exemplaires afin de les préparer à réagir à une éventuelle menace.
« On ne veut pas faire peur aux gens », nuance Brenda Schellenberg, coordonnatrice de l'opération. « L'objectif est de les sensibiliser, pas de les alarmer. »
L'opération Securus s'inspire du projet Griffin, une initiative britannique de prévention du crime lancée après les attentats à la bombe commis à Londres en 2005. Le SPV l'a conçue en 2008 afin de lutter contre les menaces terroristes ciblant les Jeux olympiques d'hiver de 2010 à Vancouver.
La GRC et le SCRS ont par la suite reconnu le potentiel du programme et communiqué avec le SPV afin d'en élargir la portée. Ressources naturelles Canada, le Service de police de Delta et le Service de police d'Abbotsford y participent maintenant aussi.
Depuis le relancement officiel de l'opération Securus en janvier 2014 à titre de partenariat entre le SPV, la GRC et le SCRS, plus de 300 entreprises et propriétés s'y sont jointes volontairement.
Sécurité aéroportuaire
Le programme mise également sur la participation du personnel affecté aux infrastructures, notamment dans les domaines de la sécurité et des transports. Le serg. Murray MacAulay de la GRC travaille à l'aéroport international de Vancouver, qui compte plus de 26 000 employés. Il communique régulièrement avec les membres de Securus.
« Les aéroports sont d'immenses carrefours. Une foule de gens y passent, souvent pour des déplacements internationaux, souligne-t-il. Il devient assez facile de repérer les choses ou les personnes qui détonnent. En observant chaque passant, on peut habituellement deviner ce qu'il fait à l'aéroport. »
Les membres de l'opération Securus se rendent à l'aéroport de Vancouver pour présenter des exposés à son personnel et à celui des compagnies aériennes. Ils mettent un accent particulier sur les agents d'enregistrement, qui voient tous les voyageurs aux points d'arrivée et de départ.
« L'information est transmise à tous, jusqu'aux préposés du Starbucks et aux bagagistes, note le serg. MacAulay. Un aéroport est une communauté en soi, et il est important de la connaître. »
Reconnaître les signes
Les terroristes s'adressent souvent à des entreprises ou des organisations pour obtenir équipement, ressources et services. Lors de ces interactions quotidiennes, les commerçants peuvent remarquer un comportement inhabituel et le signaler à la police.
« Chaque incident présente des indicateurs qui peuvent être reconnus, signalés et analysés, dit Brenda Schellenberg. Parfois, la chose bizarre qu'on ne signale pas mène à un incident plus notable. »
Dans le cadre de l'opération Securus, on traite en priorité les incidents suspects signalés par les partenaires du milieu des affaires.
« Les entreprises qui observent des anomalies peuvent se demander s'il y a lieu de déranger la police avec ça, observe Len vanNieuwenhuizen. On essaie de communiquer. On les encourage à signaler tout ce qui leur paraît étrange ou anormal. »
Des tactiques qui évoluent
Après les attentats commis à Paris en novembre 2015, des représentants de l'opération Securus ont rencontré les responsables de la sécurité de centres commerciaux et d'autres lieux publics achalandés pour leur expliquer comment reconnaître et signaler les incidents suspects.
Lors de cette rencontre, les représen-tants de Securus ont aussi analysé les nouvelles méthodes de communication utilisées par les terroristes. À Paris, les assaillants avaient délaissé le courriel et les textos pour les échanges par Instagram et Snapchat, plus difficiles à dépister.
« Le terrorisme est très dynamique et évolue sans cesse. Il faut donc informer les entreprises en conséquence », résume Len vanNieuwenhuizen.
Pendant que les terroristes cherchent de nouvelles façons de menacer le public, la police doit s'employer à leur damer le pion.
« L'opération Securus officialise un travail qu'on a toujours fait et qui doit se poursuivre chaque jour : communiquer pour assurer la sécurité de tous, » conclut le serg. MacAulay.