Sur les routes, un accident mortel peut survenir en un clin d'œil. Ce sont des policiers hautement qualifiés qui chercheront à en déterminer la cause.
Leurs constatations permettent souvent d'améliorer les mesures de sécurité routière, ce qui peut sauver des vies.
« Nous sommes ceux qui tentent de reconstituer les événements
», dit le s.é.-m. Dave Jewers, chef des Services intégrés d'analyse et de reconstitution des collisions (SIARC) du Lower Mainland de la GRC, établis à Surrey (C.-B.).
Les SIARC ont été créés en 2008 afin de réunir sous un même toit des analystes de collisions et des experts en reconstitution qui travaillaient auparavant dans différents détachements et groupes de la sécurité routière. Les membres des SIARC enquêtent sur toutes les collisions de véhicules ayant causé la mort ou des blessures graves.
La science au service de la police
Les membres des SIARC, qui ont aidé à reconstituer 199 accidents en 2017, arrivent sur les lieux des accidents munis de lecteurs 2D et 3D et d'un système GPS pouvant produire des images de grande qualité. Ils effectuent des mesures et des calculs mathématiques complexes pour établir la cause de l'accident et arrivent à déterminer la vitesse à laquelle allaient les véhicules à partir notamment d'empreintes de pneus et des distances sur lesquelles des objets ont été projetés.
« Si l'accident est assez grave, nous pouvons nous rendre sur place et recueillir les éléments qui nous permettront de découvrir ce qui s'est passé
», explique le cap. Stephen Hilliard, expert en reconstitution.
Le gend. Kyle McStravick, analyste de collisions des SIARC, utilise un des huit lecteurs laser 3D de l'équipe, un appareil d'une valeur de 100 000 $ qui recrée avec précision des images de lieux de crime à haute résolution et en trois dimensions grâce à des millions de mesures prises par le système laser un peu partout sur les lieux.
« Plus le nombre d'angles est élevé, plus le résultat sera précis,
explique le gend. McStravick. Par exemple, si un creux dans la route n'a pas été relevé, le lecteur le verra.
»
L'équipe se sert aussi de systèmes vidéo standards et d'images captées par des appareils-photo.
Le cap. Rick Neger a conduit un camion à 18 roues pendant que des membres des SIARC ont filmé les lieux d'un accident et reconstitué l'événement pour établir le coefficient de friction.
Il signale que le test avait pour but de confirmer les données recueillies sur place : « Nous devions déterminer à quel point la chaussée était glissante, valider nos données et déterminer la force de freinage appliquée par le conducteur du camion au moment de l'accident.
»
Vu d'en haut
Les aéronefs télépilotés, ou drones, fournissent aussi des images enregistrées du haut des airs.
L'équipe des SIARC utilise des drones depuis 2011, et un de ses membres a même rédigé pour la GRC des politiques divisionnaires et nationales relatives à leur utilisation.
La caméra des aéronefs produit des images très nettes d'accidents, comme celui survenu récemment impliquant un camion grumier dont une partie du chargement et un peu de carburant se sont déversés dans une voie navigable à Mission (C.-B.). L'appareil a enregistré de façon très claire tous les détails du lieu de l'accident, de la zone de débris et des traces de pneus.
« En 15 ou 20 minutes, la caméra peut capter tout ce dont on a besoin
», dit le cap. Gord Parsons.
Les données sont ensuite téléversées sur un grand écran d'ordinateur dans les locaux des SIARC à Surrey, où les enquêteurs créeront et analyseront une image complète qu'ils pourront manipuler pour y afficher de multiples angles détaillés du lieu de l'accident. Les différents angles peuvent révéler des détails qui ont pu avoir échappé aux premiers enquêteurs arrivés sur les lieux et servir à créer des diagrammes à l'échelle qui sont très précis.
Ce travail difficile prend parfois le pas sur les émotions qui pourraient se manifester juste après qu'un accident mortel a eu lieu.
« Certains cas nous troublent plus que d'autres; pour ma part, ce sont les accidents impliquant des enfants,
confie le gend. McStravick. Quand je rentre à la maison après avoir travaillé à un de ces dossiers, je passe le plus de temps possible avec mes enfants et ma famille. C'est l'aspect social de la vie professionnelle et familiale qui nous aide à composer avec ces situations.
»
Néanmoins, les membres de l'équipe comprennent leur rôle et accomplissent leur travail, ce qui, selon le s.é.-m. Jewers, donne parfois lieu à des réformes de l'infrastructure routière.
« Beaucoup de gars se plaisent à dire qu'ils font parler les morts,
explique-t-il. Ça signifie que nous pouvons aussi comprendre ce qui s'est passé et parfois faire des recommandations pour améliorer la sécurité routière… et sauver des vies.
»