Articles récents

Une grue extrait des eaux une voiture couverte de boue.

La découverte d'un plongeur permet d'élucider le cas d'une Néo-Écossaise portée disparue il y a plus de vingt ans

Les policiers ont retiré la voiture des eaux afin de mener leur enquête. Crédit : Paul Service/GRC

Par

Lors d'une plongée dans les eaux froides au large de la Nouvelle Écosse, l'Équipe de récupération sous-marine (ERSM) de la GRC ne s'attendait pas à trouver une voiture.

Quelle ne fut pas la surprise des membres de mettre la main sur une seconde voiture submergée.

Les membres ont alors fait le lien entre cette découverte et la disparition d'Arlene McLean, d'Eastern Passage (N. É.). Partie faire une promenade en voiture un soir de septembre 1999, elle a disparu sans laisser de trace. À l'époque, les enquêteurs ont ratissé le secteur et interrogé des amis, des proches et des témoins, sans succès. Pendant des années, ils ont continué d'examiner les pistes transmises de partout en Amérique du Nord, mais en vain.

Aujourd'hui, plus de vingt ans plus tard, les enquêteurs ont élucidé l'affaire.

Établissement d'une correspondance

En 2018, alors que le cap. Troy Murray a pris en charge ce dossier d'une personne disparue, l'ERSM a amorcé des plongées périodiques aux endroits où la police avait des raisons de croire qu'ils auraient pu être le lieu où Arlene a disparu – mais rien de concret n'en est ressorti. Ce n'est que lors d'une opération sans lien avec le dossier en octobre 2020 que les plongeurs de la GRC ont repéré deux voitures englouties qui correspondaient à la marque du véhicule de Mme McLean. La première voiture n'était pas la bonne, mais en raison des conditions hivernales, les plongeurs n'ont pu poursuivre leurs recherches.

En avril 2021, l'ERSM a repris ses plongées dans les eaux côtières pour examiner la seconde voiture. Lorsqu'un des membres, le cap. Pierre Olivier Janelle, a lu la plaque d'immatriculation à la radio, le cap. Murray n'en croyait pas ses oreilles : le numéro correspondait bien à celui de la plaque de la voiture de Mme McLean.

« J'étais estomaqué. J'avais investi tellement d'énergie dans cette enquête », explique le cap. Murray, un enquêteur au Groupe des crimes graves de la GRC dans le district d'Halifax. « C'était exaltant, mais je me suis aussitôt mis à penser aux mesures à prendre pour enquêter selon les règles. »

Collecte d'éléments de preuve en milieu sous-marin

Les membres ont entamé le processus fastidieux de recueillir et de cataloguer les éléments de preuve dans la voiture submergée et autour de celle ci. Ils ont décidé d'effectuer une fouille sous marine avant d'extraire le véhicule des eaux pour en préserver l'intégrité.

Le limon, qui s'était accumulé dans la voiture pendant plus de vingt ans, posait une difficulté particulière pour les enquêteurs plongeurs.

« Dès qu'on touche le limon, un nuage se soulève et obstrue toute vision », explique le gend. Janelle, qui a exécuté de nombreuses plongées près du véhicule.

Des conditions marines défavorables sont venues compliquer le travail des plongeurs, la voiture se trouvant à neuf mètres de fond dans un vif courant froid sous-marin.

« Le courant de l'eau sur soi provoque une sensation analogue au refroidissement éolien, précise le gend. Janelle. Par moments, on ne peut plus rien faire tellement les doigts deviennent engourdis. »

Par contre, ce courant marin pouvait aussi avoir un effet bénéfique.

« Par moments, le courant dissipait le nuage de limon, ce qui nous aidait dans notre travail », souligne le serg. Mark Bishop, coordonnateur de l'ERSM en Nouvelle Écosse qui a travaillé avec l'équipe de plongeurs pendant plus de 16 ans.

Au fil des plongées, qui pouvaient durer jusqu'à 90 minutes, les plongeurs ont retiré le limon une poignée à la fois pour recueillir des éléments de preuve de la voiture.

« Le travail n'est pas aussi facile que sur la terre ferme, où on peut montrer aux enquêteurs l'état des lieux. En milieu sous marin, nous devons tout faire nous mêmes, puis transmettre nos constatations aux enquêteurs, qui reconstitueront les faits, explique le gend. Janelle. Il fallait opérer de façon contrôlée, car la conservation de la preuve est cruciale et, à l'époque, nous ne pouvions écarter l'éventualité d'un acte criminel. »

L'ERSM a effectué quelque 37 plongées échelonnées sur huit jours, soit plus de 30 heures passées sous l'eau. Durant la fouille, les plongeurs ont recueilli des vêtements, des restes humains et divers autres éléments de preuve pertinents pour l'enquête.

Reconstituer les faits

Une fois la fouille à l'intérieur de la voiture terminée, une grue a retiré le véhicule des eaux afin de permettre aux agents de mieux cerner ce qui s'est passé.

« En eaux salées, des objets comme des voitures en acier ne se conservent pas longtemps, mais heureusement pour nous, la voiture a pu être retirée de l'océan en un seul morceau », précise le serg. Bishop.

Les agents ont examiné le véhicule et passé en revue tous les éléments de preuve afin de retracer les événements.

« S'il ne nous est pas possible de déterminer le cours des événements survenus entre le moment où Mme McLean a quitté sa maison et celui où elle s'est retrouvée dans l'océan, nous pouvons affirmer avec une certaine sérénité qu'il ne semble pas y avoir d'autres personnes impliquées dans le drame », précise le cap. Murray.

Une fois satisfait d'avoir retrouvé le véhicule et les restes de Mme McLean, le cap. Murray a communiqué la nouvelle aux proches de la victime.

« Je sais que cette nouvelle était bouleversante pour la famille. Après toutes ces années, c'était un moment très émotif pour celle ci », souligne le cap. Murray.

L'étalement dans le temps des enquêtes non résolues peut poser des difficultés considérables aux enquêteurs; cela dit, les agents de la GRC au pays sont déterminés à résoudre ces affaires afin d'aider les familles à tourner la page.

Date de modification :