La GRC joue un rôle de premier plan dans l'effort international de protection de l'enfance au sein du Virtual Global Taskforce (VGT).
Ce groupe, qui réunit 13 organismes d'application de la loi du monde entier, offre un soutien opérationnel, des services de recherche et de renseignement ainsi que de la formation en ce qui touche l'exploitation sexuelle d'enfants sur Internet.
À la tête du VGT jusqu'en 2021, la GRC cherche à augmenter les mesures proactives de lutte contre ce phénomène et à élaborer un cadre favorisant le bien-être des enquêteurs.
La surint. pr. Marie-Claude Arsenault, chef des Services d'enquêtes spécialisées et délicates de la GRC et présidente du VGT, affirme qu'il faut une collaboration internationale pour réprimer cette forme de criminalité qui ne connaît aucune frontière.
« Aucun pays ne peut y arriver seul », tranche-t-elle.
Les cas d'exploitation sexuelle d'enfants en ligne ont foisonné. En 2017, Statistique Canada signalait qu'ils avaient grimpé de 233 p. 100 au cours de la décennie précédente.
Une protection concertée
Vu l'étendue mondiale du problème, les corps policiers font souvent équipe pour repérer les consommateurs et les producteurs de contenu illégal.
Les policiers s'échangent des renseignements et s'assurent ensemble que leurs enquêtes ne se nuisent pas entre elles et ne se chevauchent pas. C'est particulièrement important dans les milieux virtuels anonymes comme le Web invisible.
« Faire cavalier seul peut causer du tort, souligne la surint. pr. Arsenault. Si un pays décide de fermer un serveur, il risque de compromettre une enquête menée ailleurs sur un suspect important. »
Selon la cap. Charity Sampson, enquêtrice chargée de l'identification des victimes au Centre national des crimes d'exploitation d'enfants de la GRC, la collaboration optimise l'emploi du temps des policiers.
« Tout chevauchement fait perdre du temps qui pourrait servir à aider un enfant », dit-elle.
La cap. Sampson explique que les policiers de la GRC parlent chaque jour à leurs homologues à l'étranger pour faire de la sensibilisation et donner des conseils.
« Souvent, le lieu de l'infraction est inconnu et il faut collaborer pour essayer de trouver la victime, note-t-elle. Un pays se charge d'un aspect de l'enquête, un autre s'occupe d'un aspect différent, et ensemble on élucide le crime. »
Le VGT travaille avec une vingtaine d'organismes des secteurs privé et non gouvernemental qui mettent leur savoir et leurs technologies au service de la lutte contre ce fléau.
En assistant aux réunions semestrielles du VGT, les entreprises comprennent mieux les obstacles que doit surmonter la police, ce qui leur permet d'élaborer des technologies et des outils adaptés.
« Connaître les réalités opérationnelles amène parfois ces partenaires à déterminer ce qu'ils peuvent faire autrement », constate Roberta Sinclair, gestionnaire des Services stratégiques et opérationnels des Services d'enquêtes spécialisées et délicates de la GRC.
Les entreprises consultent le VGT lorsqu'elles cherchent à réduire la probabilité que leurs plateformes et leurs logiciels servent à des fins d'exploitation.
« Beaucoup d'intervenants du privé veulent agir, mais sont limités dans la conception d'outils parce que la possession du matériel en cause est illégale », ajoute la surint. pr. Arsenault.
Les partenaires du secteur non gouvernemental aident le VGT à comprendre les réalités de l'exploitation sexuelle d'enfants dans le monde et partagent leurs études avec la police.
Le souci du bien-être
La santé des enquêteurs chargés de cas d'exploitation sexuelle en ligne est une grande préoccupation, car ils voient régulièrement des images explicites.
Le VGT étudie actuellement le stress et le surmenage chez les policiers œuvrant au sein de groupes de lutte contre la cyberexploitation sexuelle partout dans le monde.
Ce projet comprend une étude de publications universitaires et un sondage international. Il en découlera un rapport recommandant des moyens de favoriser le bien-être des policiers.
« Ces recommandations ne s'adresseront pas qu'aux enquêteurs canadiens ou australiens, mais à ceux de tous les pays », fait valoir Roberta Sinclair.
Le sondage est destiné aux policiers qui travaillent ou ont déjà travaillé auprès d'un groupe de lutte contre l'exploitation sexuelle en ligne.
« Nous savons que plusieurs des effets de ce travail peuvent se manifester seulement quand la personne a quitté le groupe ou après quelques années », explique Mme Sinclair.
L'étude porte également sur les aspects positifs des fonctions visées.
« Normalement, on entend parler des points négatifs, mais les gens nous disent que travailler dans ces groupes peut apporter une immense satisfaction », ajoute Mme Sinclair.
Selon la cap. Sampson, son poste actuel est le plus gratifiant qu'elle ait occupé.
« Quand on voit un enfant vivre le pire moment de sa vie, on veut travailler sans relâche pour le secourir », résume-t-elle.