Doodz, le chien policier, et le cap. Clayton Catellier, son maître, ont vite capitalisé leur formation à la détection du fentanyl : ils en ont décelé une grande quantité avant que la drogue létale n'atteigne les rues.
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Le cap. Catellier, de la Sécurité routière dans la vallée du Fraser en C.-B., a été des trois premières équipes cynophiles canadiennes à être formées à l'odeur. Peu après, Doodz et lui ont trouvé du fentanyl dans une voiture qu'on avait fait s'immobiliser pour excès de vitesse.
Certains indices ont amené le cap. Catellier à soupçonner le conducteur d'avoir des stupéfiants en sa possession. Il l'a mis en détention. S'il est chargé de sanctionner les infractions au code de la route, le policier reste aussi à l'affut des criminels en déplacement.
« Une fois le conducteur en détention, j'ai pu amener mon chien au véhicule, explique le cap. Catellier. Doodz a signalé la présence de stupéfiants précisément dans le coin où on a trouvé le fentanyl, 12 000 comprimés répartis en six sacs. »
La sécurité avant tout
Le s.é.-m. Eric Stebenne, formateur en chef au Centre de dressage des chiens de police (CDCP) de la GRC à Innisfail (Alberta) a compris que le fentanyl devenait rapidement un problème de sécurité publique pour la population canadienne, pour les policiers et pour les chiens policiers.
Il s'est renseigné sur la drogue et y a sensibilisé le personnel du Centre. Il a aussi cherché à savoir s'il y avait au Canada ou ailleurs des services cynophiles qui faisaient la détection du fentanyl.
« Ça ne se faisait pas, » a-t-il constaté.
On était à l'automne de 2015. Puisque la drogue est dangereuse, qu'elle s'inhale, s'absorbe et s'ingère facilement, il a fallu du temps pour trouver la façon de former les chiens et leurs maîtres.
« Sous forme de poudre, le fentanyl pose un gros problème, parce qu'il y a des particules en suspension qui peuvent être inhalées par nos chiens et par nos policiers, et ça peut les tuer. »
Le s.é.-m. Stebenne a approché l'Équipe de lutte et d'intervention contre les laboratoires clandestins de la GRC en C.-B. et ensemble, ils ont trouvé le moyen de présenter l'odeur, en liquéfiant le fentanyl.
« Diluer la poudre en une solution stérile rend l'odeur accessible aux chiens, mais on évite le contact avec des particules en suspension qui pourrait les intoxiquer, » précise-t-il.
Le CDCP espère avoir formé les 139 équipes cynophiles de la GRC de profil stupéfiant d'ici la mi-juillet 2017.
Protéger la population
Certains trouvent dangereux de former les chiens policiers pour détecter le fentanyl, mais ceux-ci sont déjà à risque au quotidien quand ils doivent détecter diverses substances sur le terrain.
« Les équipe cynophiles, maîtres et chiens, savent rarement sur quoi elles peuvent tomber quand elles font une fouille, rappelle le s.é.-m. Stebenne. Quand on travaille à la détection de stupéfiants, il faut penser au fentanyl, parce qu'il y en a partout. »
Cela fait 20 ans maintenant que tous les maîtres de chien ont une trousse de naloxone, un antidote aux opioïdes. Ils sont d'avant-garde, affirme l'insp. Akrum Ghadban, officier responsable du CDCP. « Protéger nos chiens est crucial – nos chiens et leurs maîtres. C'est notre devoir premier. »
Si elle n'y avait pas été formée, Doodz n'aurait pas signalé à son maître que quelque chose clochait, et le cap. Catellier n'aurait pas eu de motifs pour arrêter le conducteur et fouiller le véhicule.
« C'est parce que nous avons été formés que nous avons pu empêcher ce fentanyl d'atteindre la rue, explique le cap. Catellier. Trouver de la drogue me satisfait, surtout du fentanyl, parce que je sais à quel point cette drogue est dangereuse, je sais les ravages qu'elle fait dans la population. »