Quatre pattes, une queue frétillante et un museau humide! S'ils sortent décidément du lot, les nouveaux bénévoles du Détachement de la GRC à Kelowna n'en aident pas moins les employés à composer avec le stress et à se sentir mieux.
Plus tôt cette année, sept chiens de thérapie ont rendu visite au détachement dans le cadre d'un programme de recherche collaborative de huit semaines intitulé B.A.R.K., acronyme anglais de Building Academic Retention through K9s.
Bien que ce programme ait été créé pour améliorer la santé mentale des étudiants universitaires, le surint. Brent Mundle a pensé que les chiens pouvaient aussi avoir un impact positif dans le milieu policier.
« J'essaie d'améliorer le bien-être des employés et de leur offrir le plus de soutien possible, explique l'officier responsable du détachement. Et j'ai pensé que ça pourrait être un moyen inédit de réduire le stress et d'aider les employés à développer leur résilience. »
Zoothérapie
Le programme B.A.R.K. était à l'origine un projet de recherche de l'Université de la C.-B. (UBC) dirigé par le professeur et psychosociologue John-Tyler Binfet, qui étudie les effets de la zoothérapie comme moyen d'atténuer le stress des étudiants et leur mal du pays.
Lorsque le surint. Mundle a communiqué avec M. Binfet pour lui exposer son idée, ce dernier a accepté avec empressement.
« J'ai saisi l'occasion et constaté qu'il y a des similarités entre la population dont je m'occupe — des étudiants à la santé mentale précaire — et le personnel policier, analyse-t-il. Dans les deux cas, nous observons des niveaux élevés de stress. »
Le projet pilote amorcé en janvier au Détachement de Kelowna a duré huit semaines. C'est la première étude à long terme sur les chiens de thérapie et le stress à la GRC.
En moyenne, quatre chiens de thérapie passaient 90 minutes au détachement une fois par semaine. Tous les employés de l'immeuble pouvaient interagir avec eux.
Quelque 250 employés de la GRC ont participé aux séances, certains à plusieurs reprises. La plupart restaient environ
12 minutes, le temps d'une pause-café. M. Binfet demandait à chaque employé d'indiquer son niveau de stress sur une échelle de 1 à 5 avant et après la visite.
L'équipe de recherche s'affaire à compiler les résultats de l'étude, mais selon M. Binfet, l'analyse préliminaire montre que les employés se sentaient moins stressés à la fin des séances. Ce qui n'a pas étonné le professeur.
« Les chiens sont des catalyseurs de lien social; ils abaissent les mécanismes de défense et font qu'une personne devient plus disposée à recevoir de l'aide, détaille-t-il. À leur contact, on devient aussi plus ouvert aux relations sociales qui, elles, favorisent notre bien-être. »
Un détachement plus heureux
C'est à St. Albert (Alb.), lorsque le gend. David Wynn a été tué par balles en 2015, que le surint. Mundle a vu comment les chiens de thérapie peuvent aider des policiers et des employés à se remettre d'un événement traumatisant.
« Un employé arrivait avec son chien policier et ça transformait le détachement, se souvient-il. J'ai pensé qu'il n'était pas nécessaire d'attendre qu'un incident critique se produise pour profiter de la présence d'un chien de thérapie. »
La GRC offre du soutien en santé mentale à ses employés, mais certaines ressources préventives peuvent aider à composer avec le stress quotidien et à résoudre des problèmes avant qu'il soit trop tard. C'est ainsi que le surint. Mundle a décidé d'introduire le programme de zoothérapie au Détachement de Kelowna; et jusque-là, les réactions sont très positives.
Employée du détachement, Karen Bamford dit être allée voir les chiens chaque semaine.
« Chaque fois que je revenais à mon bureau, on me demandait à la blague si j'étais allée les voir. Mes collègues voyaient la différence. J'y allais même lorsque je n'étais pas particulièrement stressée. Et chaque fois je me sentais mieux », s'exclame-t-elle.
Elle ajoute que ces effets positifs se répercutaient dans d'autres sphères de sa vie.
« Les petites choses comme les délais deviennent plus gérables, poursuit-elle. Ça a un effet d'entraînement. »
Le surint. Mundle espère que l'expérience se poursuivra au Détachement de Kelowna et ailleurs au pays.
« Ça aide à briser les tabous autour de la santé mentale et favorise les échanges. Je vois des gens plus souriants, tout le monde est un peu plus enthousiaste », conclut-il.