Un homme de 45 ans publie sur Facebook des photos de lui en train de se mutiler. Alertée, l'équipe mobile d'intervention rapide en situation de crise (EMIRSC) du SPH accourt. Elle évalue la santé mentale de l'homme, qui souffre de problèmes de toxicomanie. Ce dernier n'est pas appréhendé. Des patrouilleurs en uniforme l'auraient, eux, conduit à l'hôpital.
Porté disparu lors d'une alerte au froid, un jeune de 13 ans portant pour tout vêtement une veste légère est découvert caché dans une niche à chien. L'EMIRSC se rend sur les lieux et parvient à le convaincre de rentrer à l'intérieur.
Un préposé au soutien à la personne compose le 911 pour signaler qu'une cliente veut se jeter de son balcon. L'EMIRSC arrive, évalue la cliente et décide qu'il ne faut pas l'appréhender. Des patrouilleurs en uniforme l'auraient, eux, conduite à l'hôpital.
D'un bout à l'autre du pays, les policiers interviennent souvent lors d'incidents semblables. À Hamilton, environ 2 000 arrestations liées à des troubles mentaux étaient effectuées chaque année. Songez donc aux ressources utilisées et, surtout, à la personne en crise. Comme pour la plupart des services de police, un nombre démesuré de ressources était mobilisé, mais les besoins de la personne n'étaient pas comblés.
Confronté à ces situations au quotidien, le SPH a créé son EMIRSC — la première en son genre au Canada — chargée d'offrir une assistance rapide et directe.
Le but était de réduire le nombre de personnes en crise transportées par des policiers au service psychiatrique d'urgence du St. Joseph's Healthcare Hamilton et de les rediriger vers d'autres prestataires de services de santé mentale ou partenaires en la matière.
L'équipe
Selon la stratégie de validation de principe de l'EMIRSC, un professionnel de la santé mentale (PSM) et un patrouilleur divisionnaire travaillent ensemble du lundi au vendredi de 10 h à 22 h. Le secteur du centre-ville a été choisi ayant enregistré la plupart des arrestations.
Partenaire direct du policier en uniforme, le PSM est envoyé sur les lieux de tous les appels au 911 relatifs à une personne en situation de crise.
La stratégie connaît déjà un certain succès : les patrouilleurs n'attendent plus aussi longtemps dans les salles d'urgence pour obtenir l'évaluation du médecin, et les personnes en crise bénéficient d'une intervention et de soins immédiats.
Initialement, on visait l'évaluation de 250 personnes par année. Mais, puisque l'équipe allait vite le dépasser, ce chiffre a été revu à la hausse et fixé à 500.
Les résultats
L'EMIRSC a assuré 291 quarts et est intervenue dans les cas de 842 personnes entre le 25 nov. 2013 et le 31 janv. 2015. De ces 842 personnes, 42 étaient des jeunes et 226 ont été appréhendées par l'EMIRSC en vertu de l'art. 17 de la Loi sur la santé mentale de l'Ontario aux fins d'évaluation à l'hôpital.
Parmi les 574 personnes restantes, 500 ont été immédiatement orientées vers d'autres services et 60 ont été appréhendées aux termes de la Loi sur la santé mentale mais n'ont pas eu besoin de soins.
Un plus grand nombre de personnes appréhendées est confié à des prestataires de soins médicaux ou psychiatriques au lieu d'être placé en garde à vue.
Grâce à l'EMIRSC, le nombre d'arrestations a chuté. On a évité l'hospitalisation à plus de 400 personnes, et les personnes en crise reçoivent les soins et l'aide dont elles ont besoin.
Les résultats ont été si impressionnants que le SPH a réussi à ancrer son projet. Depuis le mois d'avril, le programme de l'EMIRSC est opérationnel de 10 h à 1 h, sept jours sur sept, et ce, dans tous les secteurs de la ville.
Les autorités policières savent que la maladie mentale n'est pas un comportement criminel. L'EMIRSC fait en sorte que les personnes en crise ont accès aux bons soins au bon moment.