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Des jeunes marchent sur des cordes tendues entre des arbres.

Aider les jeunes à avancer

Un camp d'été pour Autochtones favorise la croissance

Des jeunes au camp Niigan Mosewak participent à beaucoup de jeux et d'activités à l'extérieur, tout en apprenant la culture et l'histoire autochtones. Crédit : Cap. Carol Clarke, GRC

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Chaque matin, avant de commencer à jouer, les jeunes du camp d'été de Niigan Mosewak se rassemblent en cercle pour partager leurs expériences. Ce ne sont cependant pas des conversations du type au bord du feu, et les jeunes ne sont pas tout à fait en vacances d'été.

« Je pleure souvent pendant les rassemblements », confie Angel Armstrong, mentor au camp. Elle a commencé à fréquenter le camp Niigan Mosewak après le suicide de son père, il y a 10 ans.

« Ce fut une immense tragédie, il était tellement présent dans la famille, » explique Angel, qui a maintenant 18 ans. « Ce n'est pas toujours facile, mais j'apprends à apprécier le temps qu'il a passé avec nous, et ce camp m'a aidé à le faire ».

Niigan Mosewak, qui signifie « aller de l'avant » en ojibwé, est un camp d'été d'une semaine pour les jeunes Autochtones à risque qui est dirigé par la Police provinciale de l'Ontario (OPP). Depuis 10 ans, les jeunes peuvent y parler de suicide, de maladie mentale et de toxicomanie, et apprendre à connaître l'histoire et la culture autochtones au moyen de jeux et d'activités.

Le serg. à la retraite de l'OPP, George Couchie, a cocréé le camp avec d'autres membres du Bureau des services policiers des Autochtones de l'OPP afin d'orienter les jeunes et de les aider à retrouver leur identité culturelle.

« Nous avons examiné les problèmes qui touchent les communautés autochtones (l'alcoolisme et les taux élevés de toxicomanie et de suicide) et ce qu'elles ont perdu depuis la mise en place des pensionnats (culture, langue et estime de soi), explique le serg. Couchie, de la Nipissing First Nation. C'est ce que nous voulons leur redonner. Nous voulons aider les jeunes à comprendre leurs origines ».

Changer des vies

Le camp Niigan Mosewak a eu lieu trois fois l'été dernier à Trout Creek, au sud de North Bay (Ont.). Les enseignants et les policiers de partout en Ontario y ont dirigé près de 100 jeunes âgés de 13 à 17 ans. Les plus vieux peuvent participer au camp en tant que mentors, comme Angel.

Les membres de l'OPP, de la GRC, du service de police de North Bay, du service de police d'Anishinabek et des Chefs et conseils unis de Manitoulin soutiennent le camp, qui est principalement financé par le ministère des Services à l'enfance et à la jeunesse de l'Ontario.

Selon le serg. Couchie, le leadership policier est essentiel : il favorise des relations positives avec la police et, pour les jeunes, les policiers sont des modèles de comportement puissants.

Il est rare qu'on puisse avoir des conversations calmes avec des jeunes en difficulté, affirme-t-il. J'apprends beaucoup de ces jeunes. Les écouter nous aide vraiment à les comprendre. »

La cap. Carol Clarke de la GRC a été détachée au Bureau des services policiers des Autochtones de l'OPP en tant qu'animatrice de camp. Étant Autochtone, elle est un modèle d'inspiration pour les filles au camp. Elle participe avec le serg. Couchie et d'autres policiers à l'organisation des activités du camp axées sur l'enseignement de compétences traditionnelles, comme la fabrication de sacs-médecine, d'oreillers en cèdre, de sueries et de tambours et le tressage du foin d'odeur.

Messages positifs

L'une des activités favorites de la cap. Clarke a lieu à la fin de la semaine. Chaque participant colle un morceau de papier sur son dos et les jeunes y écrivent des messages positifs anonymes à propos des autres.

« C'est plaisant et ils sont tous très surpris des belles choses que les gens pensent et disent d'eux, explique la cap. Clarke. On leur dit de garder le papier pour le ressortir lorsqu'ils se sentent tristes ou malheureux. »

Elle se rappelle d'une fille en particulier qui a participé au camp plusieurs fois. Un été, la jeune fille s'est confiée à la cap. Clarke lui disant que les messages de ses pairs lui avaient sauvé la vie.

« Elle m'a dit qu'elle voulait se suicider. Elle avait tout planifié. Seule à la maison, elle a décidé de faire le ménage de sa chambre avant de passer à l'acte. Puis, elle a trouvé les papiers et les a lus. Elle est encore avec nous, grâce à un bout de papier. » La cap. Clarke ressent de la fierté et de l'espoir pour les jeunes Autochtones. « Il faut que ça continue. Le camp change des vies. »

Dans le cas d'Angel, elle dit que le camp l'a incitée à être active dans sa communauté, à exercer plus de leadership et à retrouver ses racines autochtones.

« Après avoir participé au camp, j'ai commencé à prendre davantage conscience des réalisations de mon peuple et de notre mode de vie et à m'y intéresser, mentionne-t-elle. Je dis toujours que ce camp m'a changée à jamais et qu'il m'a sauvé la vie. »

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