Vol. 80, Nº 4Reportages

Deux hommes et deux femmes examinent un châle rouge et un autre jaune.

Les agents de liaison métis

Des rapports vitaux avec la communauté favorisent sa sécurité

Les agents de liaison métis sont un maillon essentiel entre les membres de la communauté et la GRC. En 2017, la cap. Cheryle Hayden (2e à gauche) a vu son travail reconnu par la Métis Nation of Ontario. Crédit : Photo fournie par la cap. Cheryle Hayden

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La cap. Cheryle Hayden, l'un des cinq agents de liaison métis de la GRC au pays, couvre un vaste territoire.

Elle travaille avec les Métis de l'Ontario, leur offrant des programmes et des produits qui aident leur communauté à aborder tout un éventail d'enjeux. C'est un travail important et bien accueilli.

« Les gens me demandent de revenir pour parler de ce qui les préoccupe », explique la caporale, qui est établie à Sault Ste. Marie et compte 31 ans d'expérience à la GRC. « Ce souci traduit la valeur des liens établis. »

La cap. Hayden, de concert avec les autres agents de liaison métis établis en Colombie-Britannique, en Alberta, au Manitoba et dans les Territoires du Nord-Ouest, offre des programmes à quelque 587 545 Canadiens qui se réclament de l'identité métisse.

Les agents participent notamment aux événements communautaires et aux célébrations de la culture, présentent des programmes de prévention criminelle et d'habilitation des jeunes, soutiennent la formation et la sensibilisation à la culture métisse et, enfin, agissent comme agents de liaison entre les membres de la communauté et la GRC.

Joindre les quatre coins de la province

Ce travail verra la cap. Hayden se rendre à Bancroft pour présenter un atelier sur les relations saines ou à Kenora pour parler de fraude et d'escroquerie.

En Colombie-Britannique, la cap. Susan Boyes travaille avec les communautés autochtone et métisse depuis des années. Comme sa collègue de l'Ontario, elle sillonne la province, quoique son travail l'appelle surtout dans le Lower Mainland.

La cap. Boyes s'affaire à cerner les besoins de la communauté pour offrir des programmes pertinents. Ce travail utile débute par une tâche simple, mais parfois complexe : nouer des liens.

« En C.-B., la GRC est consciente d'un rendezvous manqué; nous devons tisser des liens avec les Métis », explique la cap. Boyes; ce pourrait être aussi informel que de discuter avec les gens autour d'un café ou de participer à un événement pour les jeunes échelonné sur plusieurs jours. Mais il y a aussi de graves problèmes à résoudre.

« La violence familiale, notamment, demeure préoccupante et nous voulons prendre les devants dans les communautés où c'est un enjeu, précise la cap. Boyes. Il s'agit d'inviter des conférenciers et des experts pour sensibiliser les gens afin d'éviter que la situation ne s'aggrave. »

En août, la cap. Hayden a vu ses efforts primés par la Métis Nation of Ontario en recevant un châle jaune traditionnel orné de bandes de couleur représentant la sagesse que les femmes apportent à la communauté.

Mais la cap. Hayden fait valoir que c'est la qualité des programmes qui change les choses.

« Ces programmes doivent être conçus pour durer (à long terme) », souligne la cap. Hayden, qui élabore aussi de la documentation didactique et visite les écoles pour offrir des programmes aux jeunes Métis. « Nous devons constamment élargir le contenu de nos programmes. »

Pleins feux sur la sécurité

L'insp. Kim Taplin, off. resp. des Services nationaux de police autochtones, supervise les agents de liaison métis.

« La mobilisation et la sensibilisation communautaires ont permis d'améliorer la sécurité publique dans les communautés métisses par la réduction du crime, explique-t-il. Elles ont également favorisé la compréhension et la communication entre les deux groupes. »

Les membres des communautés métissent reconnaissent aussi les avantages de ces initiatives.

Les répondants à un sondage de 2016 sur le travail des agents de liaison ont dit soutenir l'initiative, citant plusieurs bienfaits, notamment le fait que les agents ont cerné les lacunes des services de police et permis aux Métis de s'exprimer sur leurs relations avec la GRC.

L'insp. Taplin ajoute que leur travail soutient la réconciliation avec le peuple métis au pays, une priorité du gouvernement fédéral et surtout, des employés de la GRC. Celle-ci souhaite développer une relation renouvelée avec les peuples autochtones, fondée sur la reconnaissance de leurs droits, le respect, la coopération et le partenariat.

Cette reconnaissance s'est notamment manifestée l'an dernier lorsque la GRC s'est engagée à restituer des artéfacts ayant appartenu au chef métis Louis Riel : un crucifix, un recueil de poèmes et un couteau.

Un accord a été signé en vertu duquel le Centre du patrimoine de la GRC à Regina demeurera le conservateur des articles jusqu'à ce que la nation Métis leur trouve un foyer permanent. Le transfert officiel devrait avoir lieu l'an prochain.

« L'initiative des agents a permis d'établir la confiance entre les Métis et la GRC, explique l'insp. Taplin. Les relations sont vitales. Nous reconnaissons qu'il faut du temps pour les nouer, mais elles sont prioritaires; les initiatives locales doivent être inspirées et soutenues par la communauté. »

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