Quand un non-initié regarde une grosse moto, il voit un engin imposant qui semble difficile à manœuvrer. Mais le patrouilleur de la GRC, lui, voit un moyen d'atteindre des endroits inaccessibles à une voiture, qui lui procure un étonnant sentiment d'anonymat.
L'insp. Dale Somerville, officier responsable des Services de la circulation du district du Sud-Est en Colombie-Britannique, sait que les conducteurs ne reconnaissent pas tous la moto de police.
« Ils ne nous voient pas assez sur la route
», croit l'insp. Somerville, qui précise qu'une moto de la GRC, que ce soit le modèle Harley Road King ou BMW R1200, n'occupe que 20 pieds carrés d'espace – une voiture en prend beaucoup plus.
« À moto, je peux remonter à côté d'un véhicule, à la hauteur du conducteur, et le voir parler au téléphone. Il mettra quelques secondes à comprendre qu'il vient de se faire prendre pour distraction au volant
», explique l'insp. Somerville.
L'inspecteur a passé 21 ans de sa longue carrière aux Services de la circulation et aide à former les patrouilleurs à moto.
Apprendre à rouler
La première semaine de cours, les aspirants motards doivent se montrer capables de conduire à basse vitesse et à haute vitesse, de prendre des virages serrés et de freiner et réussir le test final. Le cours fait office d'attestation et les motocyclistes de la GRC doivent le réussir chaque année pour garder leur place dans la brigade à moto.
Par la suite, les recrues peaufinent leurs techniques de conduite, travaillent le contact policier-délinquant et examinent les volets application de la loi et sécurité à moto.
« À la fin de la première semaine, vous devez être à l'aise
», conclut l'insp. Somerville.
La gend. Theresa Gajecki fait de la moto depuis des années, ayant même un brevet d'instructeur moto pour l'Insurance Corporation of British Columbia. Pour elle, intégrer l'équipe chargée d'appliquer le code de la route à moto en 2015 s'est fait sans heurts.
« C'est fantastique, s'exclame-t-elle. Je suis une femme, je porte l'uniforme, je suis visible, je fais ce que j'aime et je fais respecter le code de la route!
»
Et les routes qu'elle patrouillait sont occupées, fréquentées soir et matin par les travailleurs du Lower Mainland.
« J'aimais travailler sur la route 1, indique la gend. Gajecki, qui a quitté la brigade à moto l'an dernier. La congestion y durait quelques heures d'affilée, et je me promenais entre les files de voitures, à l'affut du conducteur distrait. La moto est un outil précieux pour la police.
»
Pour sa part, le gend. Mike Scherpenisse n'est arrivé à la moto que depuis peu. Lui croit que le manque d'expérience l'a, en fait, servi pendant sa formation.
« Je n'avais pas de mauvaises habitudes à corriger, résume-t-il. J'avais tout à apprendre, je voulais apprendre, je voulais être là.
»
Outil malléable
Pour lui, la moto est un véhicule malléable pour l'application du code de la route.
« Quand un appel grave rentre, la moto nous y amène beaucoup plus vite, parce qu'elle nous permet de nous faufiler dans la circulation
», insiste le policier affecté à Kamloops (C.-B.).
Le serg. Glen Croutch, qui a fait partie du cortège motorisé du Prince William et de la Duchesse de Cambridge, louange la maniabilité de la moto : elle permet d'accéder rapidement aux lieux des appels et de repérer des actes criminels qui pourraient échapper aux patrouilleurs en auto.
« On peut être appelé à intervenir dans un parc dont l'accès est barré, explique le serg. Croutch, qui a mis fin à sa carrière à moto l'an dernier pour une promotion, mais qui demeure instructeur. Les membres des Services généraux doivent quitter leur véhicule et courir, mais à moto, je peux poursuivre.
»
Et étant au grand air, il est plus facile au policier à moto de percevoir certaines odeurs.
« Quand quelqu'un fume de la marihuana dans son véhicule, je le sais, affirme le serg. Croutch. Je suis au grand air, alors c'est très facile à sentir.
»
Le gend. Scherpenisse dit devoir à sa moto un intérêt renouvelé pour son travail.
« Après 12 ans aux Services généraux, je commençais à m'ennuyer un peu, mais la moto m'a redonné de l'énergie, du bonheur, avoue-t-il. J'ai laissé passer des occasions de promotion parce que je n'étais pas prêt à laisser aller ma moto.
»