Il y a 25 ans à peine, les tribunaux canadiens hésitaient devant les affirmations quant au caractère irréfutable des preuves génétiques. C'est tout le contraire aujourd'hui : l'ADN est désormais un outil très prisé des procureurs et des enquêteurs. Les méthodes lentes et laborieuses d'autrefois ont cédé le pas à des procédés largement automatisés dont l'exécution se fait sous la direction de centaines d'experts scientifiques et de techniciens spécialistes au Canada.
En 1989, un suspect a changé son plaidoyer au beau milieu du procès après avoir pris connaissance de preuves génétiques confirmant son rôle dans une agression sexuelle. Puis est venue une autre affaire décisive en 1991, avec la condamnation pour meurtres en série d'Allan Légère, le « monstre de la Miramichi », grâce en grande partie à des preuves génétiques.
La GRC ne comptait à l'époque qu'une poignée de chercheurs scientifiques, qui faisaient le typage génétique manuellement.
« Les choses ont bien changé », reconnaît Ron Fourney, Ph. D., directeur des Partenariats scientifiques et stratégiques, dont relève notamment la surveillance de la Banque nationale de données génétiques (BNDG). « On est passé de "C'est quoi, l'ADN?" à "Comment ça, il n'y a pas d'ADN?" »
L'évolution de l'analyse génétique à des fins judiciaires ressemble beaucoup à celle d'Internet. Le Web existe depuis 1989, et aujourd'hui, bien des gens ne peuvent plus s'en passer, ne serait-ce qu'une journée.
Le typage génétique a repoussé les limites de la même façon. De nos jours, les tribunaux cherchent activement des preuves concrètes, notamment d'ordre génétique, pour asseoir objectivement les constatations à l'égard d'un crime. Cette tendance a fait naître un besoin de gérer les attentes, car tous les lieux de crime ne recèlent pas des substances biologiques. Les policiers techniques chevronnés jouent un rôle crucial dans l'obtention de profils génétiques utiles, un travail qui commence par de bonnes pratiques de collecte de preuves.
En 1989, il fallait un échantillon de sang de la taille d'une pièce de 25 cents pour établir un profil génétique. Il suffit maintenant d'une quarantaine de cellules, soit environ 10 pour cent de la quantité qui tiendrait sur la tête d'une aiguille. Les progrès de la technologie et du savoir en matière génétique permettent aux scientifiques d'établir rapidement des profils génétiques de qualité reconnue, souvent à partir d'échantillons très problématiques, comme ceux qui proviennent de pièces en mauvais état ou de sources multiples.
Que sera la prochaine innovation? Les percées technologiques et l'automatisation mettront un jour la criminalistique au début du processus d'enquête.
Les enquêteurs auraient alors au bout des doigts une capacité d'analyse génétique mobile qui les aiderait à cibler tout de suite leurs démarches. Non seulement une telle capacité leur offrirait-elle un soutien plus efficace, mais elle leur permettrait d'identifier et d'écarter des suspects plus rapidement.
« Les seules limites sont l'imagination, l'esprit d'innovation et le dévouement, estime Fourney. Ce qui était auparavant impossible semble maintenant banal. »
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